Grâce à leur engagement constant, les valeurs culturelles des différentes ethnies ne se contentent pas d’être préservées.
Elles s’épanouissent dans la vie quotidienne, contribuant à façonner une culture riche et authentique à Gia Lai, profondément enracinée tout en dialoguant avec la modernité.
Un après-midi d’octobre, dans la maison commune du village Leng (commune de To Tung, province de Gia Lai), l’artisan Đinh Hdót s’applique à accorder les gongs de l’équipe du village en préparation d’un spectacle destiné aux touristes.
Selon lui, dès l’âge de dix ans, il passait des heures à écouter et apprendre des personnes âgées du village la manière de jouer et d’accorder les gongs.
Depuis plus de quarante ans, il parcourt les villages pour aider les habitants à restaurer des ensembles de gongs désaccordés.
Il transmet également aux jeunes les techniques d’entretien, d’accordage et l’art de percevoir le son unique des gongs.
 
 En 2024, il a été officiellement reconnu par le Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Gia Lai comme maître-accordeur de gongs, une juste reconnaissance de ses décennies de dévouement.
« Les ensembles de gongs des Jarai, Bahnar, Ê Đê et Xê Dang diffèrent par leur nombre de gongs : les Bahnar en ont 13, les Ê Đê moins de 10, parfois 7, parfois 5. Les Jarai en possèdent davantage. Les gongs des Bahnar sont plus rapides, avec un rythme plus soutenu. Lors des funérailles, le rythme devient plus lent et grave. Après environ un an, un gong se désaccorde et perd sa sonorité optimale. Il doit alors être réajusté pour retrouver toute sa résonance et sa richesse sonore », explique Đinh Hdót.
Dans le village de Pleiku Roh, quartier de Pleiku, l'artisan Siu Thum enseigne gratuitement le gong aux enfants et aux villageois depuis plus de dix ans.
 
 Pour lui, transmettre ce savoir-faire ne se limite pas à enseigner une technique : c’est avant tout protéger et faire vivre l’âme des communautés ethniques.
Grâce à son travail, l’équipe de gongs de Pleiku Roh est devenue l’une des formations emblématiques de la province, remportant régulièrement des prix lors des festivals de gongs des Hauts Plateaux du Centre (Tay Nguyen).
« Ces dernières années, j’ai transmis aux jeunes pour que notre patrimoine ne se perde pas. Je m’efforce de leur enseigner le gong, le T’rưng, afin que, lors des fêtes provinciales, nous ayons toujours une équipe prête à participer. Les enfants apprennent rapidement : après avoir vu et participé, ils peuvent répéter facilement », confie Siu Thưm.
 
 Dans la commune de Ia Hrung, l’artisan Rơ Châm Tih consacre plusieurs décennies à la fabrication d’instruments de musique traditionnels des Jrai, contribuant ainsi à la diffusion de la musique du Tay Nguyen.
Il est un rare artisan à maîtriser à la fois la fabrication et l’exécution de plus de quinze instruments comme T’rưng, Crú, Ting Ninh, Kini, Klock…
Nombre de ses créations ont été exportées aux États-Unis et en Australie pour y être vendues aux enchères.
Il n’est pas seulement fabricant, c’est également un musicien virtuose, ayant présenté le son du T’rưng des Jrai en Australie, au Royaume-Uni, en Finlande, aux États-Unis, en Corée du Sud et à Hong Kong (Chine).
Aujourd'hui, malgré son âge avancé, Rơ Châm Tih continue de transmettre sa passion aux jeunes générations. Il a ouvert un atelier de fabrication et de pratique des instruments de Jrai pour les jeunes de la commune d'Ia Hrung.
 
 « Le problème, c’est que les jeunes d’aujourd’hui ne s’intéressent plus à la fabrication. Ils préfèrent la musique moderne et oublient nos instruments traditionnels. J’espère pouvoir leur transmettre cet héritage, et que l’État soutienne cette mission », confie Rơ Châm Tih.
Actuellement, à Gia Lai, des milliers d’artisans s’efforcent chaque jour de préserver et de valoriser le patrimoine culturel de leur terre.
Ils fabriquent et jouent des instruments traditionnels, tissent des brocarts, chantent des chants populaires, exécutent des danses xoang, reconstituent et perpétuent leurs rites et fêtes traditionnels.
Pour honorer et encourager ces artisans, la province a lancé de nombreuses initiatives concrètes. Parmi celles-ci, l'organisation du festival « Couleurs culturelles de Gia Lai - préservation et développement », la mise en place de formations et le perfectionnement des compétences des artisans, des chefs de village et des personnes de référence, ainsi que des invitations à participer à des spectacles et des échanges lors d'événements culturels provinciaux et régionaux.
 
 En 2024, le Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Gia Lai a notamment décerné des certificats, des titres et apporté un soutien financier à des centaines d'artisans remarquables, les encourageant ainsi à poursuivre leur travail et à transmettre ce patrimoine aux générations futures.
Mme Le Thi Thu Huong, directrice adjointe du Service, a précisé : « chaque artisan occupe une place particulière. Pour préserver et diffuser l’âme culturelle, ils sont le cœur et le point focal de l’activité culturelle. Chaque année, nous organisons des ateliers de préservation du patrimoine et invitons les artisans à transmettre leur savoir aux jeunes générations. »
Animés par l’amour de leurs racines et la fierté de leur héritage, les artisans des minorités ethniques de Gia Lai œuvrent en silence à la préservation des particularités culturelles.
Ce sont eux qui assurent la continuité et la transmission des valeurs traditionnelles au sein de la vie moderne.
 
  
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
  