Le Vietnam rassemble 54 ethnies dont 53 minoritaires, chacune avec sa propre identité, qu’il cherche toujours à mettre en valeur. Ces ethnies minoritaires ont chacune une, voire plusieurs danses qui leur sont propres.
Les danses folkloriques puisent leurs origines dans les activités quotidiennes et les relations sociales de chaque communauté dont elles traduisent la créativité et l’esthétique. Elles portent ainsi l’identité culturelle de la communauté, mais aussi les caractéristiques culturelles de la région concernée.
Ainsi, si les peuples du Tay Nguyen (des Hauts plateaux du Centre) pratiquent des danses plutôt naturelles, ceux du Nord-Est préfèrent des danses très rythmées et joyeuses, tandis que la population du delta du fleuve Rouge danse avec souplesse, flexibilité et lenteur.
Pour ce qui est des accessoires de danse, les Muong ont des bâtons en bambou, les Thai adorent les chapeaux coniques et les foulards, les Khmers dansent avec des tambours et les Ede, avec des gongs…
Mais parallèlement aux danses folkloriques, les ethnies vietnamiennes ont également développé des danses spirituelles pratiquées lors des cérémonies de culte ainsi que des danses exclusivement réservées à la cour.
Selon, Truong Thi Ngoc Bich, de l’Académie de danse du Vietnam, la sauvegarde et la valorisation de ce patrimoine culturel préoccupent les responsables du secteur de la culture.
« La sauvegarde passe d’abord par la collection et les recherches sur les danses traditionnelles, afin d’en identifier les origines et la logique des mouvements. Il faudrait organiser des séminaires et des ateliers lors desquels des professeurs hautement qualifiés viendraient transmettre leurs connaissances aux professionnels de la danse », a-t-elle souligné.
Truong Thi Ngoc Bich a également jugé nécessaire de renforcer la sensibilisation des jeunes générations à l’importance des danses traditionnelles. « Les danses traditionnelles contribuent à façonner l’image du pays, à augmenter sa force persuasive, à stimuler son développement économique et à accroître son prestige sur la scène internationale. Le Vietnam peut tout à fois être fier de sa culture et de ses danses », a-t-elle noté.
 
 Une formation consacrée à la danse folklorique des ethnies minoritaires du Tay Nguyen
Récemment, l’Association de littérature et d’arts de Dak Lak a organisé un cours de formation à la danse folklorique des ethnies minoritaires du Tay Nguyen. Il s’agit du premier cours consacré à la culture traditionnelle, à destination des jeunes issus d’ethnies minoritaires de la province de Dak Lak.
Près de trente participants venus de différents clubs et troupes artistiques de Dak Lak ont suivi cette formation, encadrée directement par l’artiste émérite Vu Lan. Ils y ont appris les techniques de base et avancées de la danse traditionnelle, associées à la pratique du gong et des rituels communautaires. Cela leur a permis de mieux comprendre l’origine, la signification et la codification des mouvements dans les performances culturelles.
H Lina Nie, du village de Kroa B (commune de Cuor Dang), nous a confié : « J’ai souvent dansé auparavant, mais en suivant ce cours de formation, j’ai réalisé que certains de mes gestes étaient incorrects. Cette formation m’a permis de comprendre la signification de chaque mouvement et de chaque danse, ainsi que les occasions rituelles auxquelles elles s’associent ».
Selon l’écrivaine Nie Thanh Mai, présidente de l’Association de littérature et d’arts de Dak Lak, cette formation constitue une initiative concrète pour préserver et valoriser le patrimoine culturel des ethnies minoritaires des Hauts plateaux du Centre, tout en formant une nouvelle génération d’artistes. Ces derniers jouent un rôle important dans la préservation et la diffusion des arts populaires au sein des communautés locales.
« Cette formation marque le début d’une série d’activités de soutien des zones reculées et montagneuses, dont les villages peuplés d’ethnies minoritaires et qui contribuent dans le développement du tourisme communautaire. L’objectif est de permettre aux jeunes de participer à des actions culturelles ancrées dans leur environnement et de faire découvrir au grand public l’émotion et la richesse des arts folkloriques », a-t-elle précisé.
 
 Pour sa part, l’artiste émérite Vu Lan a estimé que l’intégration des danses folkloriques dans les activités de tourisme culturel ou de tourisme communautaire représentait une nouvelle orientation prometteuse. Cela aidera non seulement les habitants issus d’ethnies minoritaires à préserver leur identité culturelle traditionnelle, mais également à développer des moyens de subsistance durables.
« De nombreux villages de Dak Lak suivent déjà cette tendance : ils introduisent les danses traditionnelles, la musique des gongs ou encore les cérémonies rituelles dans le développement du tourisme. Former les jeunes à jouer du gong, manier les instruments de musique traditionnels et danser selon les rituels originels permettra de créer des produits culturels authentiques et attractifs pour le développement du tourisme communautaire », a-t-il conclu.
 
  
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
  