En plein cœur de la modernité, le travail de préservation de ce patrimoine inestimable se poursuit avec la passion des artisans, des communautés et des autorités locales, qui, chaque jour transmettent, restaurent et font connaître la culture des gongs, afin que ses valeurs continuent de se diffuser, devenant une source d’inspiration spirituelle et un moteur du tourisme communautaire.
L’année 2025 marque le 20ᵉ anniversaire de la reconnaissance par l’UNESCO de l’Espace culturel des gongs du Tay Nguyen (Hauts Plateaux du Centre du Vietnam) comme patrimoine culturel immatériel représentatif de l’humanité.
Depuis deux décennies, le son des gongs demeure un symbole de fierté et de sacralité à chaque fête et à chaque événement majeur des minorités ethniques de Gia Lai.
Une passion transmise de génération en génération
À Pleiku Roh (ville de Pleiku), malgré les études et les occupations du quotidien, dix-sept jeunes musiciens continuent de consacrer du temps à l’apprentissage des gongs.
Le maître Siu Thum, né en 1983, trouve toujours le moyen de s’occuper de ses élèves. Depuis dix-huit ans, il enseigne bénévolement le gong et a fondé trois ensembles, pour les adultes, les jeunes et les enfants. Les groupes de Pleiku Roh représentent souvent la province lors d’événements culturels au Vietnam et à l’étranger.
« J’enseigne aux enfants pour qu’ils ne perdent pas leurs racines », confie Siu Thum. « Je les encourage à préserver la culture du gong, afin que, lorsque la province organise une fête, ils soient prêts à jouer, à participer activement. »

Le gong, un trésor familial et spirituel
À environ 90 kilomètres de Pleiku, la commune de To Tung, berceau du héros Nup, illustre parfaitement les efforts de préservation de l’espace culturel des gongs.
Chaque village Bahnar y possède au moins un ensemble de gongs, ravivant la profondeur des traditions lors des cérémonies communautaires.
Pour les habitants, le gong reste un bien précieux, lié à la lignée et au culte des ancêtres. Dinh Hdot, du village de S’Tor, propriétaire d’un ensemble de treize gongs anciens, témoigne : « Chaque ensemble comprend plusieurs tailles, du plus petit au plus grand. Lors des mariages ou des fêtes de la nouvelle récolte, tout le village se rassemble pour jouer, chanter et danser, parfois jusqu’à l’aube. »
Préserver le patrimoine pour développer le tourisme
Aux côtés des villages, les autorités locales participent activement à la sauvegarde du patrimoine. Selon Le Thanh Son, président du Comité populaire de la commune de To Tung, la conservation et la valorisation de la culture du gong constituent une priorité du développement du tourisme communautaire et rural.
La résolution du congrès local du Parti (mandat 2025–2030) concrétise cet objectif à travers des actions précises : recensement des ensembles de gongs anciens ; restauration des fêtes traditionnelles (nouvelle récolte, cérémonie du buffle, prières pour la paix) ; organisation de festivals et concours de gongs ; et formation de nouvelles générations de musiciens et artisans capables d’entretenir et d’accorder les instruments.
« La commune souhaite non seulement préserver les traditions, mais aussi créer des festivals, des concours, tout en invitant des écoles et centres culturels à former les jeunes à l’art du gong », précise M. Son.

Une dynamique culturelle portée par la communauté
Aujourd’hui, la province de Gia Lai compte près de 5 000 ensembles de gongs et plus de 600 clubs culturels et artistiques rassemblant des milliers d’artisans, de femmes, de jeunes et d’enfants.
Des programmes, tels que les Festivals du gong, les gongs du week-end sur la place Dai Doan Ket, ou encore Couleurs culturelles, préservation des gongs, recréent l’atmosphère vivante des villages du Tay Nguyen et séduisent de nombreux visiteurs.
Parallèlement, Gia Lai a lancé un plan de sauvegarde 2023–2025, centré sur la reconstruction des fêtes traditionnelles, la transmission aux jeunes générations, et la promotion du gong comme symbole identitaire du tourisme provincial.
Ce plan vise également à créer des revenus durables pour les minorités à travers leur propre culture.
Une transmission tournée vers l’avenir
Selon Le Thi Thu Huong, directrice adjointe du Département de la Culture, des Sports et du Tourisme de Gia Lai :
« Après le plan 2023–2025, la province prépare déjà la phase 2026–2030. Chaque année, nous organisons des formations et proposons au ministère de la Culture de distinguer les meilleurs artisans en leur attribuant le titre d’Artiste émérite du gong. »

Dans la vie quotidienne des villages ethniques de Gia Lai, les gongs continuent de résonner, témoignant de la vitalité et de la fidélité d’un peuple à son héritage.
Ce patrimoine immatériel, à la fois âme spirituelle et ressource culturelle, se perpétue, nourrissant la fierté des habitants et soutenant leur chemin vers un développement durable fondé sur la culture et la communauté.