L'industrie textile du Vietnam accélère et ouvre de nouveaux marchés en 2026

L'industrie du textile et de l'habillement clôture l'année 2025 avec de nombreuses fluctuations, mais maintient sa dynamique de croissance, explore de nouvelles destinations et s'apprête à entrer dans une phase de restructuration plus profonde.

L'industrie textile du Vietnam accélère et ouvre de nouveaux marchés en 2026

L'industrie textile du Vietnam est engagée dans une course contre la montre pour atteindre ses objectifs de 2025, avec un chiffre d'affaires à l'exportation estimé à 46 milliards USD, dans un contexte de fortes turbulences sur le marché mondial. Ce chiffre est inférieur à l'objectif initial de 48 milliards USD, mais représente tout de même une augmentation de 5,6 % par rapport à l'année précédente, permettant ainsi au secteur de se maintenir dans le top 3 mondial. Ce résultat est considéré comme un levier important pour poursuivre le processus de restructuration et s'adapter aux normes de plus en plus strictes des principaux marchés d'exportation.

Lors d'une récente conférence de presse, Vu Duc Giang, président de l'Association du textile et de l'habillement du Vietnam (VITAS), a admis que l'écart de 2 milliards USD était inévitable, l'année 2025 ayant été marquée par une série de bouleversements politiques et économiques internationaux. L'escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, l'augmentation des taxes sur de nombreux articles textiles, ainsi qu'une situation géopolitique complexe, ont directement impacté les commandes et le pouvoir d'achat mondial.

Du côté de la demande, les consommateurs continuent de restreindre leurs dépenses, obligeant les entreprises à accepter des petites commandes avec des exigences de livraison rapide et des délais de production serrés. Cela a entraîné une réduction significative des marges bénéficiaires. Les entreprises doivent constamment composer avec des commandes fragmentées, ajuster leurs plans de production et accroître leurs investissements pour répondre aux normes écologiques et de traçabilité afin de fidéliser la clientèle internationale.

La situation de la société Thanh Cong Textile Garment Investment Trading (TCM) reflète clairement cette polarisation sectorielle. Sur les 10 premiers mois de l'année, TCM a enregistré un bénéfice de 237 milliards VND, en baisse de 2 % sur un an ; le chiffre d'affaires s'est établi à 3 002 milliards VND, soit une diminution de 5 %. Notamment, le flux de trésorerie opérationnel sur neuf mois est négatif à hauteur de 94,7 milliards VND, contre un solde positif de 305 milliards VND à la même période l'an dernier. Malgré cela, l'entreprise dispose de commandes supplémentaires jusqu'au premier trimestre 2026 grâce à la demande de la saison des fêtes et à un avantage concurrentiel, les États-Unis imposant des taxes à plusieurs autres pays exportateurs.

Face au rétrécissement des marges et à l'affaiblissement des flux de trésorerie, les entreprises textiles sont contraintes de réévaluer leurs capacités internes, de l'organisation de la production à l'autonomie au sein de la chaîne d'approvisionnement. Cao Huu Hieu, directeur général du Groupe du textile et de l'habillement du Vietnam (Vinatex), estime que le défi majeur reste la dépendance aux matières premières importées, le secteur de la filature devant importer 100 % du coton, 90 à 95 % des fibres, ainsi que de nombreux produits chimiques et colorants. Il s'agit d'un risque majeur si les États-Unis durcissent les taxes sur les produits ayant une forte proportion d'origine provenant de pays tiers.

Diversification des marchés pour la nouvelle année

Selon la VITAS, le Moyen-Orient et l'Afrique émergent comme de nouvelles zones de croissance pour le textile vietnamien, alors que les marchés traditionnels présentent de nombreuses incertitudes. Rien qu'au Moyen-Orient, en particulier dans les pays musulmans, le secteur a généré environ 1 milliard USD en 2024 et a atteint 700 millions USD au cours des sept premiers mois de 2025. Ces résultats démontrent la capacité d'adaptation flexible des entreprises vietnamiennes, qui maintiennent leur présence sur le segment grand public tout en passant progressivement à des gammes de produits à plus forte valeur ajoutée, intégrant plus de technologie et de design.

Parallèlement à l'expansion des marchés d'exportation, de nombreuses entreprises textiles vietnamiennes, y compris celles à capitaux étrangers (FDI), accélèrent leurs investissements à l'étranger. Actuellement, près de 30 entreprises sont présentes en Indonésie, au Myanmar, au Bangladesh, en Égypte, en Asie du Sud, en Afrique et en Amérique latine. Des pionniers tels que May Song Hong ou le Groupe textile international Phong Phu mettent en place des réseaux de production multinationaux, renforçant ainsi leur compétitivité et leur autonomie face aux aléas mondiaux.

Selon Vu Duc Giang, le modèle de « production multi-sites » aide les entreprises à disperser les risques politico-commerciaux, à optimiser les coûts de main-d'œuvre et de transport, tout en renforçant leur crédibilité auprès des clients internationaux. En réalité, les coûts salariaux en Indonésie ou en Égypte sont nettement inférieurs à ceux du Vietnam, créant un avantage certain sur les coûts de revient. De plus, de nombreux pays bénéficient de relations commerciales favorables avec les grands marchés, avec des droits de douane faibles ou nuls, permettant aux entreprises de profiter d'avantages dès l'étape de l'exportation.

Du point de vue de l'entreprise, Tran Nhu Tung, président du conseil d'administration de TCM, a indiqué que la société réduit progressivement sa dépendance au marché des États-Unis pour se concentrer sur l'UE et les marchés membres de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) ainsi que du Partenariat économique régional global (RCEP), afin de bénéficier des préférences tarifaires et d'accéder à des commandes exigeant une haute technicité. À long terme, la pression concurrentielle et les risques liés à la chaîne d'approvisionnement obligent le textile vietnamien à se restructurer plus profondément, de l'investissement dans les matières premières et les sciences technologiques à la construction de marques capables de s'implanter durablement sur les grands marchés.

NDEL
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