Longtemps attachés aux champs en terrasses, ils apprennent désormais à faire du tourisme, à commercer et à produire des biens pour améliorer leurs revenus et sortir de la pauvreté.
Dans cette région peuplée de l’ethnie Hmong, la culture n’est pas seulement préservée dans les musées ou la mémoire collective, elle est devenue une réalité vivante, étroitement liée aux moyens de subsistance. De nombreux modèles de production associés au tourisme communautaire ont vu le jour, changeant peu à peu le quotidien des habitants.

Ces dernières années, les Hmong ont « réveillé » leurs valeurs traditionnelles par des actions concrètes : ouverture de maisons d’hôtes (homestays), artisanat, spectacles de musique et de danse folkloriques destinés aux visiteurs. La combinaison de la préservation culturelle et du développement économique contribue à améliorer les conditions de vie.
Autrefois l’une des communes les plus pauvres de la province, Mu Cang Chai est aujourd’hui devenue une destination prisée. Outre les célèbres rizières en terrasses, les visiteurs viennent découvrir l’univers culturel singulier des Hmong.
Au sein de la coopérative de broderie et de tissage de brocart, Mme Ly Thi Ninh s’active à terminer une commande artisanale. Le lin, cultivé, filé et décoré à la cire d’abeille depuis des générations, est aujourd’hui transformé en produit recherché. Jadis réservé à l’usage domestique ou aux dots, le brocart fait désormais l’objet de commandes venant de tout le pays, voire de l’étranger.

Mme Sung Thi My explique : « Le groupe coopératif a été créé pour préserver l’identité culturelle et créer des emplois pour les femmes. Nos produits séduisent aussi bien les clients vietnamiens qu’étrangers. » Composé principalement de femmes défavorisées, parfois peu à l’aise avec le vietnamien, le collectif bénéficie de l’accompagnement de l’Union des femmes locales pour maintenir les savoir-faire et augmenter les revenus.
En parallèle, la politique de lier la conservation culturelle et le développement touristique s’est concrétisée. Les habitants sont soutenus dans l’ouverture d'hébergements, formés aux techniques d’accueil et à l’art de partager leur culture, qu’il s’agisse de leurs costumes colorés, du son du khèn (instrument à anche) ou du plat traditionnel thang co.
Thao A Su, propriétaire de A Su Homestay, confie : « J’ai construit cette maison d’hôtes pour améliorer la vie de ma famille et convaincre mes voisins de se lancer dans le tourisme, afin d’augmenter leurs revenus en dehors de l’agriculture ».

Chaque pièce de lin, chaque mélodie de khèn, chaque danse folklorique est à la fois un marqueur identitaire et une source de revenus. Les politiques de soutien aux métiers traditionnels, la formation au tourisme communautaire et la promotion du programme OCOP (Une commune, un produit) ouvrent de nouvelles opportunités.
L’artisan Giang A Pang affirme : « L’art de l’ethnie Hmong apporte une véritable valeur à la communauté. Je continuerai à transmettre ce savoir aux générations futures pour qu’il ne disparaisse pas. »
De nombreuses associations culturelles et touristiques autogérées voient le jour, proposant des cours de métiers traditionnels, des formations à l’entrepreneuriat et à la communication. Les habitants peuvent ainsi préserver leur culture tout en bâtissant leur avenir sur leur terre natale.

Nong Viet Yen, directeur du Service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme de Lao Cai, souligne : « Toutes nos initiatives de développement socio-économique visent à améliorer les conditions matérielles et spirituelles de la population. Mu Cang Chai s’engage à transformer les difficultés en atouts, à associer développement et réduction durable de la pauvreté, et à accroître l’indice de bonheur. »
Grâce aux politiques mises en place et aux efforts des habitants, le taux de pauvreté a nettement reculé. Les familles ne comptent plus sur l’assistance, elles s’appuient sur leurs propres valeurs traditionnelles pour progresser.
Une culture vivante est une culture transmise avec le cœur et nourrie par la vie quotidienne. À Mu Cang Chai aujourd’hui, la culture n’est pas seulement une fierté, elle ouvre aussi la voie à une sortie durable de la pauvreté.