Tourisme au Vietnam : transition verte pour un développement durable

Dans un contexte mondial marqué par des défis sans précédent, comme le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la pollution environnementale et l’épuisement des ressources, le secteur touristique vietnamien doit engager une profonde transformation.
La transition verte est une exigence incontournable pour le secteur du tourisme. Photo: nhandan.vn
La transition verte est une exigence incontournable pour le secteur du tourisme. Photo: nhandan.vn

Le tourisme vert ne constitue plus un simple choix, mais s'impose désormais comme une exigence incontournable pour assurer un développement durable et pérenne.

Dans le cadre de la foire internationale du tourisme VITM 2025, le forum intitulé « Développement des destinations vertes, pour élever le tourisme vietnamien » s’est tenu le 11 avril à Hanoi. Réunissant de nombreux hauts responsables et experts du secteur, cet événement a été l’occasion de partager des expériences, de sensibiliser le public et d’encourager des actions concrètes en faveur de la transition verte du tourisme.

Un pas important vers la transition verte

Le Vietnam, en tant que membre des Nations Unies, s’est engagé activement à la mise en œuvre des 17 Objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux liés à la protection de l’environnement, à la lutte contre le changement climatique et à la promotion du développement durable.

Lors de la conférence COP26 en 2021, le Vietnam s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet engagement fort illustre la volonté du pays d’opérer une transition verte dans tous les secteurs, y compris celui du tourisme.

En 2024, selon Patrick Haverman, vice-directeur du programme de développement de l’ONU (PNUD) au Vietnam, le secteur touristique vietnamien est devenu un grand moteur économique, attirant plus de 17,5 millions de visiteurs internationaux et 110 millions de visiteurs nationaux.

La vue d'ensemble du forum « Développer des destinations vertes, valoriser le tourisme vietnamien ». Photo: nhandan.vn

La vue d'ensemble du forum « Développer des destinations vertes, valoriser le tourisme vietnamien ». Photo: nhandan.vn

Les recettes du tourisme ont atteint un chiffre impressionnant de 840 000 milliards de dôngs. Cette reprise dynamique montre le potentiel de développement du secteur.

« Le Vietnam a fait un pas important en se concentrant sur la réalisation de destinations vertes à travers le pays. L'accent de cette croissance ne porte pas seulement sur la quantité, mais doit aussi garantir que l'ensemble du secteur du tourisme se développe de manière verte, durable, respectueuse de l'environnement et bénéfique pour tous », a souligné Patrick Haverman.

Ainsi, les impacts positifs du secteur du tourisme se sont largement diffusés, créant de nombreuses nouvelles opportunités d'emploi, stimulant l'économie locale et redonnant vie aux communautés d'entrepreneurs et aux habitants à travers le pays.

« Cependant, la vision du développement des destinations vertes ne se limite pas aux efforts de conservation dans les zones maritimes ou écologiques. Nous reconnaissons également le rôle important des transports verts. Le fait d’encourager les visiteurs à privilégier les options de transport respectueuses de l'environnement enrichit non seulement leur expérience, mais contribue également directement à la préservation d'une atmosphère plus saine », a déclaré Patrick Haverman.

Récemment, le Programme des Nations Unies pour le développement a collaboré avec des localités pour lancer des stations « Check-in et partage de transports verts ». Ce projet a été lancé en phase pilote à Phu Yên et à Huê. Il s'agit d'une étape concrète du PNUD pour concrétiser cette orientation.

En promouvant le modèle de partage des transports verts et en sensibilisant la communauté, les organisations, entreprises et autorités locales unissent leurs efforts pour construire progressivement une véritable base pour un écosystème touristique vert et durable.

Le Vietnam a fait un pas important en se concentrant sur la réalisation de destinations vertes à travers le pays. L'accent de cette croissance ne porte pas seulement sur la quantité, mais doit aussi garantir que l'ensemble du secteur du tourisme se développe de manière verte, durable, respectueuse de l'environnement et bénéfique pour tous.

Partagent l’idée qu’il est nécessaire de développer un système de transport écologique, le directeur de l’Institut de l’économie touristique, Nguyên Van Dinh, a affirmé :

« Le développement du transport vert est aujourd’hui l’une des tendances de transformation essentielles pour le secteur du tourisme. Les localités ainsi que les entreprises de voyage doivent renforcer l’offre de moyens de transport durables sur les lieux touristiques, comme les vélos, les véhicules électriques, ou encore encourager l’utilisation des transports en commun. »

Des efforts continus pour surmonter les défis

À Bali, en Indonésie, le système de bus électriques a permis de réduire les émissions de carbone. En Allemagne, le programme « Rail & Fly » encourage les touristes à privilégier le train plutôt que l’avion afin de limiter les émissions. La tendance du slow tourism (tourisme lent) est appelée à se développer de plus en plus, a-t-il ajouté.

LuxGroup plante des arbres dans le cadre d’un projet de compensation des émissions de carbone au village de Vàng Ngân, commune de Suôi Quyên, province de Yên Bai. Photo: nhandan.vn

LuxGroup plante des arbres dans le cadre d’un projet de compensation des émissions de carbone au village de Vàng Ngân, commune de Suôi Quyên, province de Yên Bai. Photo: nhandan.vn

Selon Pham Hà, président du groupe LuxGroup, la transition vers un tourisme vert se heurte également à de nombreux défis. Parmi ceux-ci figurent les investissements nécessaires dans des équipements économes en énergie, la gestion des déchets ou encore l’utilisation de matériaux écologiques, autant de postes qui engendrent des coûts élevés et nécessitent une longue période d’amortissement.

Le fait de convaincre les partenaires, notamment dans les zones reculées, de s’engager dans des actions respectant les normes écologiques demeure une problématique complexe, qui nécessite dialogue, formation et accompagnement technique.

Par ailleurs, les produits touristiques durables peinent encore à concurrencer les offres classiques en raison de leur coût plus élevé, ce qui limite leur accès au grand public. Cela demande une stratégie claire de valorisation et de communication.

Au Vietnam, les entreprises engagées dans le tourisme vert ne bénéficient pas encore d’avantages spécifiques en matière fiscale, de crédit, d’appels d’offres ou d’accès au marché. Cette situation, en particulier pour les PME, freine l’adhésion au processus de transition écologique.

Depuis son expérience entrepreneuriale, Pham Hà estime que trois facteurs sont essentiels : une vision stratégique des dirigeants plaçant la durabilité au cœur des priorités ; la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement alignée avec les objectifs de tourisme durable, en sélectionnant des partenaires et fournisseurs partageant les mêmes engagements ; et enfin, l’éducation du marché, pour sensibiliser clients, partenaires, fournisseurs, communautés locales et personnel interne aux bénéfices à long terme du tourisme responsable.

Depuis de nombreuses années, l’Association du Tourisme du Vietnam s’est engagée à promouvoir le développement du tourisme durable et des destinations vertes, en organisant diverses activités et événements en faveur de la transition écologique dans le secteur.

Parmi ces initiatives, le projet « Réduction des déchets plastiques dans le secteur du tourisme au Vietnam » a encouragé des actions concrètes visant à réduire les déchets plastiques, contribuant à la protection de l’environnement et à un développement durable du tourisme, dans le but d’atteindre les objectifs de durabilité du secteur et de soutenir les objectifs de développement économique durable du pays.

La phase pilote de mise en œuvre de solutions et d’initiatives de réduction du plastique, réalisée pendant trois mois dans 60 sites touristiques à Ninh Binh (au Nord) et Quang Nam (au Centre), a montré une réduction moyenne de 35 % des déchets plastiques.

À Ninh Binh, la comparaison des volumes de déchets plastiques générés avant et après la phase pilote révèle une baisse de 14 à 23 % selon les types d’établissements (hôtels : 23 %, restaurants : 14 %, agences de voyages : 14 %, sites touristiques : 20 %).

À Hôi An, la quantité de déchets plastiques produits par les hôtels participants a diminué de 64 % pendant la période pilote.

Selon Vu Quôc Tri, Secrétaire général de l’Association du Tourisme du Vietnam, afin de promouvoir le tourisme vert et les destinations durables, l’Association a élaboré et publié un ensemble de critères pour le tourisme vert.

Ces critères guident les entreprises du secteur touristique et les destinations souhaitant s’engager volontairement dans une démarche de tourisme durable. Dans un premier temps, ces critères s’appliquent aux destinations touristiques, aux établissements d’hébergement, aux agences de voyages ainsi qu’aux entreprises de services touristiques (restauration, loisirs, achats).