Vers le XIVe Congrès national du PCV : la politique des talents et la voie du développement national dans la nouvelle ère

Dans le processus de développement de chaque pays, les talents ont toujours joué un rôle décisif ; mais à l’ère de l’économie de la connaissance, ce rôle devient encore plus prégnant et revêt une importance stratégique particulière.

Production à la société à responsabilité limitée Coretronic Vietnam High Technology, l’un des projets de haute technologie de la ville de Ho Chi Minh-Ville. Photo : NDEL.
Production à la société à responsabilité limitée Coretronic Vietnam High Technology, l’un des projets de haute technologie de la ville de Ho Chi Minh-Ville. Photo : NDEL.

La concurrence entre les nations aujourd’hui est, en définitive, une concurrence en matière d’intelligence, de sciences, de technologies et de capacité d’innovation. Conscient de cette réalité, les documents du XIIIe Congrès national du Parti communiste du Vietnam (PCV) ont clairement affirmé l’exigence de « construire l’homme vietnamien dans son développement intégral, en assurant une articulation étroite et harmonieuse entre les valeurs traditionnelles et les valeurs modernes ».

Dans cette logique d’ensemble, la politique d’attraction, de sélection et de valorisation des talents est étroitement liée à la mission consistant à « susciter l’aspiration au développement d’un pays prospère et heureux, l’esprit d’effort et de dépassement, à promouvoir les valeurs culturelles et la force de l’homme vietnamien dans l’œuvre d’édification et de défense de la Patrie ».

Il ne s’agit pas seulement d’une exigence relevant du travail des cadres ou du développement des ressources humaines de haute qualité, mais bien d’un enjeu fondamental de la stratégie de développement national dans la nouvelle phase.

Le Vietnam entre actuellement dans une période de développement charnière. Après près de quarante années de Renouveau, le pays a accompli des réalisations majeures d’une portée historique, tout en faisant face à la nécessité de transformer son modèle de croissance vers une approche plus qualitative et en profondeur, reposant principalement sur les sciences, les technologies, l’innovation et la qualité des ressources humaines.

Dans un contexte marqué par une concurrence stratégique de plus en plus intense entre les grandes puissances, conjuguée à une dynamique mondiale forte de transformation numérique et de transition verte, l’absence d’un contingent de talents à la hauteur, suffisamment compétents et dotés d’une solide capacité d’action, rendrait difficile la concrétisation des objectifs de développement fixés, en particulier celui de devenir, à l’horizon 2045, un pays développé à revenu élevé.

La réalité montre que, malgré l’adoption de nombreuses orientations et politiques visant à attirer et à valoriser les talents, notamment dans le domaine des sciences et des technologies, les résultats obtenus demeurent en deçà des exigences du développement. L’un des principaux goulets d’étranglement réside dans un système de critères de sélection et d’évaluation des talents encore insuffisamment clair, peu hiérarchisé et insuffisamment articulé aux besoins stratégiques de l’économie et des secteurs prioritaires.

Les documents du XIIIe Congrès du Parti ont d’ailleurs identifié sans détour cette limite en soulignant que « la qualité des ressources humaines, en particulier des ressources humaines de haute qualité, ne répond pas encore aux exigences du développement ; les mécanismes de détection, d’attraction et de valorisation des talents restent insuffisants ». Cette appréciation montre que le problème ne tient pas uniquement aux ressources financières ou aux niveaux de rémunération, mais qu’il relève fondamentalement de la pensée en matière de gouvernance des talents et de la qualité des institutions.

Dans de nombreux cas, l’évaluation des talents au Vietnam demeure excessivement fondée sur les diplômes, titres académiques et grades universitaires, sans accorder une attention suffisante à la capacité d’innovation, à l’aptitude à résoudre des problèmes complexes issus de la pratique et à la contribution concrète au développement socio-économique. Il en résulte des situations où des personnes compétentes ne trouvent pas les conditions pour exprimer pleinement leur potentiel, tandis que certains secteurs souffrent d’une pénurie aiguë de ressources humaines de haute qualité.

Par ailleurs, l’environnement de travail, les mécanismes financiers et l’autonomie accordée à la recherche et à l’application demeurent contraignants, réduisant l’attractivité du secteur public et du système national de recherche auprès des intellectuels et experts de premier plan, en particulier des Vietnamiens résidant à l’étranger. Si ces limites ne sont pas pleinement identifiées et corrigées de manière structurelle, la compétitivité de l’économie à long terme continuera de s’affaiblir.

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Des ingénieurs au travail à l’usine KOA, dans la zone industrielle spécialisée de Phu My 3.

L’expérience internationale montre que les pays ayant connu une ascension rapide ont placé la politique des talents au cœur de leur stratégie de développement. La Chine en est un exemple emblématique, avec un système de sélection et de valorisation des talents à plusieurs niveaux, fondé sur des critères scientifiques et transparents, étroitement liés à sa stratégie nationale en matière de sciences, de technologies et d’innovation, plaçant l’entreprise au centre de l’écosystème.

La République de Corée illustre une approche différente mais tout aussi efficace, fondée sur une articulation étroite entre l’État, les instituts de recherche, les universités et les entreprises, permettant aux talents de participer directement à l’innovation et à la commercialisation.

Le Japon valorise la reconnaissance des experts et l’engagement de long terme au service de la nation, tandis que Singapour considère les talents comme sa « ressource stratégique numéro un », menant une concurrence mondiale pour attirer les meilleurs profils dans un cadre institutionnel transparent et performant.

Israël, malgré un contexte sécuritaire particulier, a bâti un écosystème d’innovation fondé sur les sciences, les technologies de défense et l’entrepreneuriat, faisant des talents un facteur clé de son développement.

Ces expériences révèlent un point commun : la politique des talents ne peut être efficace que si elle est intégrée dans une stratégie globale de développement, dotée de critères clairs, d’un environnement institutionnel favorable et d’une discipline rigoureuse dans sa mise en œuvre. Ce sont précisément les axes sur lesquels le Vietnam devra concentrer ses efforts dans les années à venir.

Le projet de documents du XIVe Congrès continue de souligner la nécessité de renouveler le modèle de croissance sur la base des sciences, des technologies, de l’innovation et de la transformation numérique ; de développer des ressources humaines de haute qualité ; et de bâtir un contingent d’intellectuels et d’experts de premier plan à même de répondre aux exigences d’un développement rapide et durable du pays. Cela montre que la question des talents restera un pilier essentiel de la pensée du Parti en matière de développement dans la période à venir.

À partir des exigences pratiques et des enseignements internationaux, il est possible d’affirmer que le Vietnam doit engager une réforme fondamentale de sa conception de la politique des talents.

Il convient, en premier lieu, de considérer cette politique comme une stratégie nationale à part entière, et non comme un ensemble de mesures incitatives dispersées. Il est nécessaire de bâtir un système de critères de sélection des talents clair et hiérarchisé, combinant les normes internationales et les besoins du développement national, les performances académiques et les contributions concrètes. L’évaluation des talents doit évoluer résolument d’une logique d’« entrée » vers une logique de « résultats », des diplômes vers l’efficacité et la valeur créée pour la société.

Parallèlement, la politique des talents doit être étroitement articulée à la stratégie de développement des sciences, des technologies et de l’innovation, ainsi qu’au rôle des entreprises dans l’économie. Les documents du XIIIe Congrès ont souligné l’exigence de « construire un écosystème national d’innovation, avec l’entreprise comme acteur central ».

Lorsque les entreprises deviennent réellement des lieux d’absorption et de valorisation du savoir, les talents sont davantage incités à s’engager durablement et à contribuer de manière plus efficace. Dans le même temps, il est nécessaire de poursuivre résolument la réforme institutionnelle, de bâtir un environnement de travail transparent et stable, d’accorder des responsabilités assorties de droits correspondants et de renforcer la confiance des intellectuels et experts, tant au niveau national qu’international.

Attirer et valoriser les talents constitue, en définitive, un indicateur de la capacité de leadership et de la vision stratégique d’un pays. Lorsque le Vietnam mettra en œuvre avec constance les orientations du Parti en matière de développement humain, scientifique, technologique et d’innovation, tout en bâtissant une politique des talents scientifique, transparente et efficace, les talents deviendront véritablement la force motrice permettant au pays d’entrer dans une nouvelle ère de développement – celle du savoir, de la créativité et d’une prospérité durable.

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