Vers une économie circulaire

Comme de nombreux pays dans le monde, le Vietnam est en train de passer d’une économie linéaire à celle circulaire dès les premiers pas. De nombreux modèles commerciaux d’économie circulaire basés sur des applications scientifiques et technologiques, contribuant à un développement économique rapide et durable, ont commencé à fonctionner.
Les travailleurs de la centrale électrique des déchets de Soc Son dans le complexe de traitement des déchets de Nam Son, district de Soc Son à Hanoï, gèrent le processus de traitement des déchets pour produire de l'électricité. Photo : nhandan.vn
Les travailleurs de la centrale électrique des déchets de Soc Son dans le complexe de traitement des déchets de Nam Son, district de Soc Son à Hanoï, gèrent le processus de traitement des déchets pour produire de l'électricité. Photo : nhandan.vn

L’humanité est confrontée à un besoin urgent de trouver un modèle économique plus efficace et plus durable pour utiliser les ressources naturelles, réduire la pollution et la dégradation de l’environnement et répondre au changement climatique mondial.

La clé pour accélérer la croissance

Selon un rapport publié le 28 février 2024 par les Nations Unies, en 2023, le monde a généré 2,3 milliards de tonnes de déchets urbains et les déchets augmenteront de plus de 60 % d'ici 2050, entraînant de graves conséquences sur l'environnement, la santé humaine et l’économie.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement a averti : Si le développement se poursuit selon un modèle économique linéaire, dans un futur proche, la quantité de déchets dépassera la capacité de charge de l'environnement naturel. La demande mondiale en ressources naturelles triplera par rapport à aujourd'hui, excédant la capacité de la Terre à les fournir.

Le Vietnam fait partie des 20 premiers pays qui rejettent des déchets au monde. Selon les statistiques du ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, les zones urbaines génèrent actuellement environ 38 000 tonnes de déchets ménagers chaque jour, et les zones rurales environ 32 000 tonnes.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement a averti : Si le développement se poursuit selon un modèle économique linéaire, dans un futur proche, la quantité de déchets dépassera la capacité de charge de l'environnement naturel. La demande mondiale en ressources naturelles triplera par rapport à aujourd'hui, excédant la capacité de la Terre à les fournir.

On estime que la quantité de déchets ménagers solides dans les zones urbaines augmente en moyenne de 10 à 16 % chaque année. L'industrie génère environ 25 millions de tonnes de déchets solides chaque année, dont environ 8,1 millions de tonnes proviennent des parcs industriels.

Selon le ministère de l'Industrie et du Commerce, en 2025, les 29 centrales électriques au charbon actives pourraient accumuler 248 millions de tonnes de cendres et de scories, et qu'en 2030, ce chiffre atteindra 422 millions de tonnes, nécessitant une très grande superficie de terrain pour les sites de stockage.

En outre, il y a une très grande quantité de déchets provenant de l'élevage et de l'abattage des animaux de ferme, des déchets post-récolte issus de la production agricole et des déchets hospitaliers…

L'économie circulaire est un modèle visant à une utilisation efficace, à économiser les ressources, à recycler les déchets, à contribuer à la fois à la protection de l'environnement et à l'efficacité économique, et est identifiée comme la clé par de nombreux pays du monde pour promouvoir une croissance verte et durable avec le soutien de la technologie numérique, l’analyse des données et les progrès de la science des matériaux et de l’intelligence artificielle.

Notre Parti et notre État ont publié de nombreuses résolutions sur le développement économique circulaire associé à la protection de l'environnement.

La résolution n° 55-NQ/TW du 11 février 2020, intitulée « Orientations de la Stratégie de développement de l'énergie nationale du Vietnam jusqu'en 2030, vision jusqu'en 2045 », affirme qu'il faut prioriser le développement des énergies renouvelables, le développement des centrales électriques utilisant les déchets et les résidus pour protéger l'environnement et promouvoir l'économie circulaire.

La Loi sur la Protection de l’Environnement de 2020 a officiellement légalisé les dispositions relatives à l'économie circulaire. La Résolution du XIIIe Congrès du Parti affirme la politique de « construire une économie verte, une économie circulaire, respectueuse de l'environnement » et « élaborer une feuille de route, un mécanisme, des politiques et des lois pour former et faire fonctionner un modèle économique circulaire ».

Le 7 juin 2022, le Premier ministre a signé la Décision n° 687/QD-TTg approuvant le « Projet de développement de l’économie circulaire au Vietnam » avec pour objectif de contribuer à réduire l'intensité des émissions de gaz à effet de serre d'au moins 15 % d'ici 2030, visant une réduction des émissions nettes à zéro d'ici 2050.

Depuis juillet 2007, avec le financement de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), le projet de tri des déchets à la source 3R-HN a été mis en œuvre dans le quartier Phan Chu Trinh, arrondissement de Hoàn Kiêm, à Hanoi. Il peut être considéré comme le premier pas vers une économie circulaire lorsque les déchets triés peuvent être recyclés et réutilisés.

Au cours des 10 dernières années, de nombreuses entreprises au Vietnam ont développé et mis en œuvre des modèles économiques circulaires, en se concentrant sur le domaine de l'énergie à partir des déchets et la production de matériaux de construction à partir des cendres et scories des centrales électriques.

Avec une coopération étroite et l'adoption de technologies avancées du monde entier, le pays compte actuellement environ 20 projets d'énergie à partir des déchets, dont la centrale électrique à partir des déchets de Nam Son, construite par la Société par actions d’énergie Thiên Y, en collaboration avec un investisseur sud-coréen. Elle est construite sur une superficie de 17,5 ha, avec un investissement de 7 000 milliards de dôngs, et fait partie du Complexe de traitement des déchets solides de Nam Son dans le district de Soc Son à Hanoi.

Cette centrale est la plus grande centrale à déchets du Vietnam et la deuxième plus grande au monde. La technologie de l'énergie à partir des déchets présente l'avantage de réduire de 90 à 95 % le volume et la masse des déchets. Elle permet de récupérer la chaleur, de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l'enfouissement, et de minimiser la pollution de l'eau et de l'air.

Ly Ai Quân, directeur général de la Société par actions d’énergie Thiên Y, a déclaré que la centrale fonctionne actuellement avec 3 des 5 fours, traitant environ 3 000 tonnes de déchets par jour. Si tous les 5 fours fonctionnent à pleine capacité, elle pourra traiter environ 4 000 à 5 000 tonnes de déchets par jour.

Au cours des 10 dernières années, de nombreuses entreprises au Vietnam ont développé et mis en œuvre des modèles économiques circulaires, en se concentrant sur le domaine de l'énergie à partir des déchets et la production de matériaux de construction à partir des cendres et scories des centrales électriques.

La centrale est actuellement connectée au réseau électrique national avec une capacité de 90 MW. Le fonctionnement de la centrale devrait bientôt devenir un modèle pour l'échange de certificats de carbone selon l'Accord de Paris et les accords bilatéraux entre la R. de Corée et le Vietnam.

Selon Nguyễn Tuấn Việt, consultant pour les projets verts de la société Will-Will Vietnam, la centrale à déchets doit respecter des strictes normes environnementales et appliquer des mesures efficaces de contrôle de la pollution pour réduire au minimum les fumées, les émissions et les cendres volantes qui polluent l'environnement.

Chaque année, les centrales électriques au charbon du Vietnam consomment environ 30 millions de tonnes de charbon et produisent environ 10 millions de tonnes de cendres et de scories. Avec la capacité des centrales électriques au charbon actuelles, il est nécessaire de disposer d'une superficie très grande, allant jusqu'à plusieurs milliers d'hectares, pour l'enfouissement de ces déchets.

L'utilisation maximale des cendres et scories pour la production de matériaux de construction est une mesure garantissant à la fois des objectifs économiques et environnementaux. La Sarl de construction Thanh Tuyên a investi dans une chaîne de production de briques non cuites avec une technologie de compression statique à partir des cendres et scories de la centrale électrique de Dông Triêu.

En activité depuis début 2017, l’usine de production de briques non cuites a fourni au marché près de 10 types de produits non cuits, avec une production de plus de 60 millions de briques standard par an.

L'utilisation de cette technologie a permis d'économiser plus de 200 000 m³ d'argile et des dizaines de milliers de tonnes de charbon. Actuellement, il y a 3 établissements de production de briques non cuites à Dông Triêu avec une capacité de plus de 100 millions de briques standard par an, transformant les cendres et scories, autrefois source de pollution environnementale, en une « richesse de millions de dollars ».

Dégager des difficultés

En abordant les difficultés liées au développement de l'économie circulaire, les experts estiment que les conditions juridiques et les infrastructures pour le développement de l'économie circulaire sont encore insuffisantes et présentent de nombreux problèmes, ce qui complique la mise en œuvre de nouveaux modèles commerciaux.

Nous n'avons pas encore de normes vietnamiennes concernant l'utilisation des cendres volantes et des scories de fond des centrales thermiques au charbon. Il y a actuellement une contradiction : tandis que les centrales thermiques accumulent d'énormes quantités de cendres et scories, les usines de production de briques non cuites rencontrent des difficultés pour acheter à long terme ces matériaux.

La construction, l'exploitation et l’accès au réseau national des centrales à déchets ne sont pas toujours simples.

Bien que Hô Chi Minh-Ville ait pour objectif que d'ici 2025, 80 % des déchets ménagers soient traités par des technologies modernes et que d'ici 2030, ce chiffre atteigne 100 %, trois projets de centrales à déchets à Cu Chi, chacune ayant une capacité de 1 000 tonnes de déchets par jour et une capacité de production d'électricité de 50 MW, ont été lancés depuis la fin de 2019 mais ne sont pas encore achevés.

Le projet Phu Ninh dans la province de Phu Tho (au Nord), avec une capacité de 500 tonnes de déchets par jour et une capacité de production d'électricité de 25 MW, est achevé à plus de 80 % mais est « en retard ». Le projet Vinh Tân dans la province de Binh Thuân (au Centre), avec une capacité de 600 tonnes de déchets par jour et une capacité de production d'électricité de 30 MW, a pris du retard dans le démarrage en raison des difficultés du promoteur à coordonner avec les autorités locales et les différents services.

Les opérations de collecte, de transport et de traitement des déchets dans les zones urbaines présentent encore de nombreux problèmes en termes de processus, de financement et de main-d'œuvre, rendant difficile le traitement des matières premières pour l'énergie à partir des déchets. Les difficultés actuelles rencontrées par les entreprises concernent le financement pour les technologies modernes.

Le développement de l'économie circulaire nécessite une transformation globale, allant du changement de mentalité et de perception à l'ajustement des stratégies, à la transition économique et à l’institutionnalisation.

Il est crucial de créer une connexion proactive et scientifique entre les activités économiques, formant ainsi des boucles dans l'économie pour maintenir l'utilisation prolongée des flux de matières, restaurer et réutiliser les produits et matériaux à la fin de chaque cycle de production ou de consommation.

Il ne faut pas laisser des intérêts locaux affecter l'énergie verte, entraînant le gaspillage des ressources nationales.

Le docteur Nguyên Song Tung, directeur de l'Institut de géographie humaine relevant de l’Académie des Sciences sociales du Vietnam, a souligné qu'il est d'abord nécessaire de reconnaître et de trouver des solutions aux défis liés à l'épuisement des ressources naturelles, à la dégradation et à la pollution environnementale, ainsi qu'aux impacts croissants du changement climatique qui menacent le développement durable.

Pour résoudre les problèmes liés à l'intégration de l'énergie renouvelable dans le réseau électrique national, il est urgent de mettre en place un marché de l'électricité concurrentiel.

Il ne faut pas laisser des intérêts locaux affecter l'énergie verte, entraînant le gaspillage des ressources nationales.

La vente directe d'électricité en utilisant le réseau national doit prendre en compte tous les coûts liés à l'utilisation des infrastructures d'exploitation, de transmission, de sécurité du système, et être conforme aux plans de développement électrique. Il est nécessaire d'accélérer la construction, de résoudre les difficultés, et de donner la priorité au raccordement des centrales à déchets au réseau selon le Plan Électrique VIII pour mettre fin à l'enfouissement des déchets qui cause la pollution environnementale, augmente les émissions de gaz à effet de serre et gaspille les ressources naturelles.

Les experts de l'Institut de géographie humaine ont mené de nombreux travaux et projets sur le développement de l'économie circulaire pour la protection de l'environnement et le développement d'une économie verte dans divers secteurs, et recommandent :

Convenir et standardiser rapidement les réglementations juridiques, intégrer l'économie circulaire dans les plans, les programmes et les feuilles de route des entreprises, créer des mécanismes pour attirer et utiliser les investissements, et développer les ressources humaines des entreprises de l'économie circulaire, faciliter le développement des entreprises produisant des briques non cuites à partir des cendres et scories des centrales thermiques…

Il est important de ne pas permettre aux intérêts locaux d'affecter l'énergie verte, ce qui entraînerait un gaspillage des ressources nationales.