Toutefois, en l’absence de lois spécifiques sur le capital-risque, l’environnement juridique reste flou, augmentant ainsi les risques pour les investisseurs comme pour les jeunes entreprises innovantes.
Les fonds de capital-risque constituent une source de financement cruciale pour les start-up et les groupes de recherche à un stade précoce, à un moment où le risque est encore élevé et l’accès aux prêts bancaires limité. Grâce à leur soutien, les porteurs d’idées disposent de moyens concrets pour transformer leurs projets en produits réels et les commercialiser.
Au-delà du financement, ces fonds accompagnent les start-up dans l’orientation de leurs recherches vers les besoins du marché, renforçant ainsi l’applicabilité et la pertinence de leurs travaux scientifiques. Ce rôle est particulièrement vital dans un pays comme le Vietnam, où les mécanismes de liaison efficaces entre instituts de recherche, universités et entreprises sont encore insuffisants.
Les fonds de capital-risque offrent également un accompagnement stratégique, des conseils en management, un appui au développement commercial, au recrutement de talents et à la structuration du modèle économique. Ils agissent comme des catalyseurs transformant les groupes de recherche en véritables entreprises innovantes.
Dotés de réseaux internationaux puissants, ces fonds permettent aux start-up vietnamiennes d’accéder à des marchés régionaux et mondiaux, en s’appuyant sur des partenaires technologiques, des fonds d’investissement dans les phases ultérieures ou des programmes d’appui internationaux. Ainsi, les inventions et recherches locales ont une chance de s’implanter à grande échelle au lieu de rester inexplorées.
Lorsqu’ils participent aux forums de politiques publiques, les fonds de capital-risque apportent une perspective concrète et contribuent à améliorer le cadre juridique, élevant les standards et professionnalisant l’écosystème de l’innovation.
Selon Pham Tuan Hiep, directeur des projets d’innovation chez Bach Khoa Holdings, le capital-risque est une « source de financement intelligente ». Les start-up prometteuses doivent activement s’y tourner et démontrer leur potentiel de rentabilité, de croissance technologique et commerciale pour instaurer une coopération gagnant-gagnant.
L’absence de cadre législatif dédié au capital-risque oblige aujourd’hui les fonds à appliquer des réglementations multiples, parfois contradictoires ou peu claires. Les mécanismes de soutien fiscal ou d’incitation pour les fonds ou les start-up technologiques sont encore très limités par rapport à ceux de pays comme Singapour ou la R. de Corée. En conséquence, plusieurs fonds préfèrent s’enregistrer à l’étranger, ce qui complique le contrôle des flux de capitaux et le développement de l’écosystème local.
Bien que le nombre de start-up au Vietnam soit en hausse, peu d’entre elles disposent réellement de technologies différenciantes ou de modèles économiques viables. De nombreux fondateurs manquent de compétences en gestion, en finance, ou peinent à adopter une posture ouverte vis-à-vis des investisseurs. Certains ne considèrent pas encore les investisseurs comme des partenaires stratégiques de long terme, ce qui engendre des conflits post-investissement.
Le Vietnam reste un marché à fort potentiel sur le long terme. Il nécessite une stratégie patiente et mérite l’attention des investisseurs en capital-risque dès à présent pour tirer parti des prochaines vagues d’innovation, affirme Thach Le Anh, fondatrice du fonds d’investissement pour start-up VSV.
Toujours selon elle, les investisseurs étrangers, devenus plus exigeants, privilégient désormais les start-up axées sur des produits à forte valeur ajoutée technologique et intellectuelle, plutôt que celles basées sur la production et l’exportation de biens à bas coût.
Pour attirer davantage de capitaux, nationaux comme étrangers, vers les jeunes entreprises vietnamiennes, l’État doit accompagner les innovations en surveillant les nouveaux modèles économiques et technologiques afin de rassurer les investisseurs.
La gouvernance d’entreprise sera un facteur clé, au même titre que le modèle économique, pour permettre aux start-up de lever des fonds et bénéficier de l’accompagnement des fonds de capital-risque. Ce développement organique du marché repose sur une collaboration équilibrée, où les fondateurs facilitent la sortie réussie des investisseurs, sans attendre que l’entreprise soit très rentable pour leur verser des dividendes.
Il est indispensable d’adopter une loi spécifique sur le capital-risque, ou du moins de mettre en place un cadre juridique adapté pour permettre aux fonds d’opérer de manière plus souple, plutôt que de les soumettre aux règles classiques des fonds financiers.
Il convient aussi de renforcer la transparence, de protéger les droits des investisseurs et des start-up, et de mettre en place un mécanisme efficace de règlement des litiges pour gérer les risques juridiques potentiels.
L’amélioration de la base de données sur le marché, les start-up et les opérations de levée de fonds est essentielle pour faciliter l’évaluation et les mises en relation.
Il est également nécessaire de reconnaître et de sécuriser juridiquement des formes de coopération plus souples, telles que les obligations convertibles – une méthode d’investissement temporaire très répandue au début de vie d’une start-up. Au lieu d’entrer immédiatement au capital, les investisseurs prêtent des fonds qui seront convertis ultérieurement en actions.
Dans les faits, les fonds de capital-risque jouent un rôle crucial dans le développement de l’écosystème de l’innovation au Vietnam. En soutenant les start-up, ils contribuent non seulement à la réussite des fondateurs, mais aussi à la création de milliers d’emplois, moteur d’innovation et de croissance durable.