Chaque Vietnamien vivant à l'étranger est comme un arbre planté dans une nouvelle terre

« Chaque Vietnamien vivant à l'étranger est comme un arbre planté dans une nouvelle terre. S'il y a une force interne et un bon environnement, cela portera certainement ses bons fruits », a déclaré la docteure Ngô Tuyêt Mai, maitresse de conférences à l'Université Flinders, en Australie, lors d'une interview avec le journal "Thoi dai".
La docteure Ngô Tuyêt Mai reçoitle prix d'excellence en enseignement à l'université Flinders. Photo : Tuyêt Mai.
La docteure Ngô Tuyêt Mai reçoitle prix d'excellence en enseignement à l'université Flinders. Photo : Tuyêt Mai.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez été acceptée comme maitresse de conférences asiatique avec une majeure en pédagogie anglaise à l'Université Flinders, en Australie du Sud ?

Avant que j’aie décidé d’aller m'installer en Australie, de nombreuses personnes m'ont dit qu'il était très difficile pour les Asiatiques d’enseigner à l'étranger et de trouver un emploi dans le domaine de la formation des professeurs de langues étrangères. Cependant, j'ai déterminé que c'était la carrière que j'avais choisie. Avant cela, j'avais travaillé pendant de nombreuses années à l'Université de Hanoï, avec une spécialisation en pédagogie de langue anglaise.

Lorsque j'ai eu l'opportunité de travailler comme maitresse de conférences à l'Université Flinders, j'étais à la fois heureuse et un peu inquiète car je ne savais pas si je pouvais surmonter les défis dans un environnement de travail complètement nouveau et multiculturel par rapport au mien au Vietnam.

Qu'est-ce qui vous a aidé à gagner en confiance et à réussir votre intégration en Australie ?

Je pense que ce sont des efforts personnels : changement de pensée, d’émotion et d'action. Lorsque l'effort est assez important, cela nous donne beaucoup d'énergie positive et plus de confiance.

Heureusement pour moi, je suis toujours soutenue et encouragée par mes dirigeants et mes collègues.

Je me suis dit que, à un tournant de ma vie, je devais garder la foi, essayer de surmonter les difficultés, ne pas simplement blâmer les circonstances extérieures ou les influences extérieures.

En regardant autour de moi, je vois qu'il y a beaucoup de Vietnamiens qui réussissent en Australie dans de nombreux domaines différents et ce sont des exemples brillants qui m'encouragent à faire des efforts.

L'une des choses les plus intéressantes que vous avez obtenues était le prix d'excellence en enseignement à l'université Flinders, n'est-ce pas ?

Mon point de vue personnel de l'enseignement est d'aider les autres à apprendre et de m’aider moi-même à apprendre. Si vous aimez apprendre, vous trouverez la meilleure méthode d'apprentissage et aimerez mieux soutenir les apprenants.

En entrant dans la carrière d'enseignant, je garde toujours à l'esprit de soutenir les apprenants, cela va de pair avec l'expérience, la réflexion et la pratique.

Je dis toujours à mes étudiants que leur réussite est aussi la mienne. Par conséquent, je me suis fixé certains objectifs dans l'enseignement et je fais de mon mieux pour ces objectifs.

Le prix est une reconnaissance pour cet effort, tout comme lorsque nous prenons soin d'un arbre, il fleurira et portera des fruits. Outre mes efforts professionnels, je suis aimée par les étudiants. Leur évaluation positive est également un critère pour l’attribution de ce prix.

Avez-vous partagé régulièrement vos précieuses expériences avec vos collègues dans le pays ?

Bien que je sois à l'étranger, j'ai toujours une affection particulière et me mets en relation régulière avec les enseignants vietnamiens.

En particulier, pendant l'épidémie de Covid-19, j'ai ouvert un certain nombre de cours en ligne gratuits pour soutenir les jeunes enseignants et chercheurs vietnamiens qui ne peuvent pas étudier à l'étranger. Depuis 2020, des enseignants ont participé à mes séminaires plus de 1 800 fois.

Actuellement, les trois principaux domaines dans lesquels je les soutient sont la pédagogie, la recherche et le leadership pédagogique.

D'après ce que j'ai observé chez les étudiants, la plupart des enseignants vietnamiens ont une grande capacité, un enthousiasme et un désir d'apprendre. C'est un point heureux pour l'éducation vietnamienne.

Le Parti et l'État vietnamiens sont de plus en plus intéressés à promouvoir les ressources des intellectuels vietnamiens à l'étranger. En conséquence, chaque personne a différentes manières d’apporter ses contributions. Quels sont vos plans personnels pour construire ce pont avec la Patrie vietnamienne ?

Lors de l'ouverture de la société de formation Smart Learn Solutions, qui fournit des solutions d'apprentissage intelligentes aux enseignants et aux parents vietnamiens, j'espère créer des changements, transmettre une inspiration positive aux enseignants et je souhaite qu’ils continuent à accéder à des méthodes d'enseignement internationales nouvelles et modernes. Je me considère chanceuse de pouvoir étudier et travailler à l'étranger et j'ai également hâte de partager avec les enseignants, en particulier les jeunes générations du pays.

Grâce au soutien du Gouvernement vietnamien et à la facilitation de l'Université de Hanoï, j'ai eu l'opportunité d'aller en Australie pour étudier dans le cadre du programme de bourses de leadership du Gouvernement australien, je suis donc toujours reconnaissante envers les deux pays.

Récemment, avec le soutien et l’accompagnement d'un très bon collègue qui est le docteur Nghia Trân de l'Université nationale australienne à Canberra et de l’expert en technologie de l'information au Vietnam, Lôc Nguyên, j'ai lancé un ensemble de six programmes « Oser à faire des études et à faire des recherches », avec le soutien d'un grand nombre d'enseignants vietnamiens.

Chaque mois, j'organise un mentorat individuel pour les enseignants et j'ai une session gratuite périodique sur la pédagogie, la recherche et le leadership. Il y a des mois, je réalise ou anime directement des émissions et invite d'autres experts, et ces émissions ont été enregistrées pour les partager largement avec les publics intéressés.

Une autre activité est « Livre vivant », où j'invite les enseignants de la communauté que j'ai créée, les invite à partager les tournants, leurs efforts pour s'élever dans leur carrière afin de répandre l'esprit à d'autres étudiants au Vietnam. Chaque personne est une page d'un livre vivant, une expérience précieuse qui orne le livre commun.

J'espère aussi déployer en 2024 un cours pour aider les enseignants à se professionnaliser. Je suis convaincue qu'à travers ce cours, les enseignants prendront des mesures concrètes pour se changer, contribuer au Vietnam pour avoir une équipe d'enseignants qui aiment leur travail, aiment leurs élèves, comprennent la mesure du succès, du bonheur et du professionnalisme dans l'enseignement.

Pour mener à bien vos projets, vous devez avoir besoin de l'aide d'autres Vietnamiens ?

À mon avis, pour que ces travaux soient durables, il est nécessaire d'avoir toute une communauté vietnamienne à l'étranger, en contact avec des experts nationaux, partageant les mêmes idées et la même spécialité. J'ai toujours le soutien et la coopération d'autres Vietnamiens vivant au Japon, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande... surtout ceux dans le pays.

Lorsque nous joignons nos mains, cela créera une grande puissance de résonance, dans l'esprit de « si tu veux aller vite, vas-y seul, si tu veux aller loin, vas-y ensemble ».

La docteure Ngô Tuyêt Mai a été directrice du Département de l'enseignement général (maintenant la Faculté d'anglais) de l'Université de Hanoï de 2005 à 2009.

En 2010, elle a reçu une bourse de leadership du Gouvernement australien (ALA) pour préparer un doctorat en administration universitaire pendant quatre ans. À son retour, elle a été nommée au poste de directrice du Centre d'éducation internationale de l'Université de Hanoï.

Deux ans plus tard, elle est retournée en Australie en tant que boursier postdoctoral dans le cadre du programme australien de bourses Endeavour et a été invitée à être maître de conférences à l'Université Flinders d'Adélaïde. Actuellement, elle est maîtresse de conférences à la Faculté des arts, des sciences sociales et des sciences humaines de l'Université Flinders.

Dans les temps à venir, elle rejoindra un programme de recherche à court terme à l'Université d'Oxford, dans le cadre d'un programme de bourses de recherche données par l'Université Flinders.