Cependant, concevoir et maintenir de véritables villes vertes et durables n’est pas chose aisée. Cela nécessite des fondements scientifiques solides, des normes claires et des solutions de mise en œuvre cohérentes.
Finaliser les normes
Le 19 janvier 2018, le Premier ministre vietnamien a publié la Décision n° 84/QĐ-TTg, approuvant le Plan de développement des villes à croissance verte au Vietnam à l’horizon 2030. Ce texte est considéré comme une boussole pour l’établissement et le développement de ces villes dans les années à venir.
Sur le plan de la continuité, cette décision repose sur deux documents majeurs : la Stratégie nationale de croissance verte (Décision n° 1393/QĐ-TTg du 25/09/2012) et le Plan d’action national pour la croissance verte 2014-2020 (Décision n° 403/QĐ-TTg du 20/03/2014).
Le concept de « ville à croissance verte » a un sens large, englobant la planification urbaine globale d’une localité, dont les écoquartiers et bâtiments écologiques développés par certaines entreprises ne représentent qu’un aspect.
La Décision 84 définit une feuille de route précise jusqu’en 2020, 2025 et 2030. Depuis, des dizaines de textes juridiques relatifs à ce domaine ont été publiés par le gouvernement et les ministères concernés.
Tous visent les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation au changement climatique, de verdissement des secteurs économiques et des modes de vie, ainsi que de promotion de la consommation durable.
Le ministère de la Construction a réparti les 14 missions du plan en trois groupes thématiques, dont le développement d’écoquartiers, fortement soutenu par les collectivités locales.
À Hanoi, Ho Chi Minh-Ville, Da Nang… des centaines de quartiers écologiques et communautaires ont vu le jour. De nombreux éléments « verts », adaptation au climat, réduction des émissions, traitement des déchets…,sont intégrés dans la modernisation et la construction des infrastructures techniques.
L’application des technologies comme le BIM (modélisation des données du bâtiment) ou le GIS (système d’information géographique) améliore la gestion, permet des économies d’énergie et assure le suivi environnemental.
Le secteur des matériaux de construction écologiques bénéficie également d’investissements, avec des centaines de sites de production respectueux de l’environnement, plus de 2 000 usines de briques sans cuisson, et 15 cimenteries certifiées « vertes ».
Cependant, le Vietnam ne dispose pas encore de normes officielles pour les villes et constructions écologiques, selon le ministère de la Construction.
La loi sur la construction, révisée en 2020, encourage les investissements et certifications de bâtiments économes en énergie et en ressources, respectueux de l’environnement et s’inscrivant dans une perspective de développement durable, intelligent et résilient au climat.
Le décret 15/2021/ND-CP définit un bâtiment vert comme une construction répondant à des critères d’efficacité énergétique, d’économie de ressources, de confort de vie et de protection de l’environnement intérieur comme extérieur.
Les résolutions 06-NQ/TW (2022) et 26/2022/UBTVQH15 soulignent également l’importance du développement des bâtiments verts dans l’urbanisme.

Soutenir et promouvoir la construction verte
Concernant l’absence de critères nationaux pour les constructions écologiques, Nguyen Cong Thinh, sous-directeur du Département des sciences, technologies, environnement et matériaux de construction (ministère de la Construction), explique que les projets existants s’appuient principalement sur des référentiels internationaux comme LOTUS, LEED, EDGE ou Green Mark.
Ces systèmes de certification sont reconnus mondialement, et leur adoption s’inscrit naturellement dans la dynamique d’intégration internationale. Il est donc plus pertinent aujourd’hui de mobiliser les ressources disponibles pour soutenir le développement des constructions vertes plutôt que d’élaborer un nouveau référentiel national.
Cependant, le fait de se reposer sur des standards étrangers revient à « jouer sur son propre terrain avec des règles définies par d’autres ».
Dans les faits, en moins de cinq ans, le nombre de projets certifiés écologiques au Vietnam selon les normes internationales a été multiplié par six, dépassant largement les objectifs initiaux.
Toutefois, ce succès s’accompagne aussi de dérives : spéculation, abus des politiques incitatives (prêts, fiscalité), et inflation artificielle des prix des biens immobiliers dits « verts », rendant difficile l’accès à un logement durable pour une large partie de la population.
Malgré les résultats encourageants, la mise en œuvre de ce modèle de ville verte reste encore hésitante dans de nombreuses localités. Cela s’explique par la nouveauté du concept, une compréhension encore limitée, des mécanismes insuffisamment coordonnés, ainsi qu’un manque d’outils de surveillance et de données fiables.
La plupart des projets écologiques actuels sont portés par des entreprises de grande envergure, de manière relativement isolée.
Selon le vice-ministre de la Construction Nguyen Tuong Van, pour construire un modèle urbain écologique durable, le Vietnam a besoin d’un ensemble de critères adaptés à ses spécificités culturelles et socio-économiques. Ce référentiel national doit s’inscrire dans les tendances mondiales tout en portant l’empreinte de l’identité vietnamienne à l’ère moderne.