Le ca tru de Hanoï

Nhân Dân en ligne - Ca tru est un genre de musique vocale traditionnelle très répandu dans le pays, mais il semble qu’aucun autre n’égale en élégance et pureté le ca tru de Hanoï.

Le Club des amateurs de ca tru, situé à la pagode de An Quôc, rue Cat Linh Hanoï. Photo: Dinh Công Hoan
Le Club des amateurs de ca tru, situé à la pagode de An Quôc, rue Cat Linh Hanoï. Photo: Dinh Công Hoan
Autrefois, ceux qui composaient les airs de ca tru étaient des lettrésm de grands poètes comme Cao Ba Quat, Nguyên Công Tru, Duong Khuê, Chu Manh Trinh, Tan Da… L’auteur doit avoir l’âme d’un poète. Il doit connaître la structure du poème destiné au ca tru et saisir les règles de la prosodie. Il existe de beaux vers exprimant un état d’âme (style particulier du ca tru) comme "Nostalgie au crépuscule" de la sous-préfète Thanh Quan ou "Émotions ressenties quand arrive l’automne" de Tan Dà…
Échange d’expériences entre deux générations de chanteuses de ca tru. Photo: Dinh Công Hoan
Le Club des amateurs de ca tru est à l’écart des des bruits de la ville bienqu’il se trouve dans une rue animée de la capitale. On le reconnaît à son équipement: un instrument musical à trois cordes appelé dan day, des castagnettes et un tambourin pour scander le chant. Nous y sommes reçus par la chanteuse Lê Thi Bach Vân, directrice du club. Elle confie: "Apprendre le ca tru est toute une affaire. Sans compter un belle voix, "don du ciel", il faut de la patience et un dur entraînement. La chanteuse doit être douée d’une haute sensibilité pour trouver de douces tonalités dans l’expressiion d’un état d’âme quelconque comme l’amour, la compassion, le regret du passé, la déception, la nostalgie… En outre, les paroles doivent être adaptées à l’air musical. On dit souvent que le ca tru est une savante coordination entre musique vocale, instrumentale et paroles. Pour le maîtriser, il faut avoir l’âme d’un musicien".
Parmi les noms célèbres du ca tru, il convient de citer la chanteuse Quach Thi Hô, honorée du titre "d’Artiste du Peuple". Son nom figure dans le livre "Les noms transmis légendairement dans l’histoire de l’art", publié dans l’ex-Union soviétique.
Dan day, un instrument utilisé spécialement pour accompagner la chanteuse de ca tru. Photo: Dinh Công Hoan
Une autre particularité du ca tru est le son du tambourin. L’homme qui en joue juge en connaisseur les talents des exécutants. Souvent, il est l’auteur des paroles du chant. D’une extrême finesse d’esprit, il est capable de saisir la subtilité des paroles et ressentir la beauté dans la voix de la chanteuse et dans les sons des instruments musicaux. Les sons du tambourin signalent que la chanteuse chante juste ou faux. À époque, le Docteur Chu Manh Trinh était considéré comme un virtuose du tambourin. Avant chaque représentation du ca tru, les exécutants se demandent le nom du joueur de tambourin.
Attrayants sont la voix de la chanteuse et les sons du dan day à longue manche qui n’existe qu’au Vietnam, ainsi que ceux des castagnettes et du tambourin, le tout formant l’âme du ca tru. Cet art vocal a été reconnu en 2009 par l’UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l’humanité