Le tourisme dit « non » aux déchets plastiques

Selon l’Institut de recherche et de développement du tourisme du Vietnam, un touriste en séjour génère en moyenne 1,2 kg de déchets par nuit, contre 0,5 kg pour un touriste de passage, dont environ 60 % sont des plastiques.

Les communautés locales privilégient aujourd’hui des solutions durables.
Les communautés locales privilégient aujourd’hui des solutions durables.

D’après le projet de rapport de synthèse sur la planification du système touristique au Vietnam pour 2021‑2030, avec une vision jusqu’en 2045, la quantité de déchets plastiques produits par les touristes en 2023 s’élève à 150 820 tonnes. Ce volume pourrait atteindre 236 000 tonnes en 2025 et 349 400 tonnes en 2030.

Parmi ces déchets, les bouteilles en plastique représentent la principale source de pollution pour les touristes domestiques (26,05 %) et internationaux (38,73 %) en termes de fréquence d’utilisation unique. Bien que les touristes vietnamiens utilisent moins de bouteilles, leur consommation de sacs plastiques est plus élevée, à 2,97 unités par personne et par voyage.

Face à cette réalité préoccupante, plusieurs régions et opérateurs pionniers ont amorcé une transition écologique, ciblant tout particulièrement les plastiques. L’archipel de Cu Lao Cham a ainsi banni les sacs en plastique dès 2009. Les communautés locales privilégient aujourd’hui des solutions durables : produits réutilisables, matériaux naturels et traditionnels, pour offrir une expérience authentique aux visiteurs.

b.jpg

À Quang Nam, Silk Sense Hoi An River Resort est le premier hôtel à avoir proclamé l’élimination totale des déchets plastiques. Il a mis en place 60 critères stricts relatifs au tri à la source et à l’usage encadré des emballages plastiques. Résultat : en 2023, l’hôtel a évité plus de 80 000 bouteilles en plastique à usage unique et réduit sa production de déchets plastiques de plus de 10 tonnes.

L’exemple de l’archipel de Con Dao, situé à plus de 180 km du continent, est tout aussi emblématique : confronté à l’absence d’usine de traitement et à un seul site de stockage des déchets, cet État insulaire a troqué une gestion quotidienne de survie contre une approche systématique. Grâce à une mobilisation collective, autorités locales, ONG internationales, entreprises et bénévoles, avec l’appui de WWF Vietnam, une étude sur les flux de déchets plastiques a été réalisée, permettant d’identifier les points de blocage dans la chaîne de collecte-traitement.

c.jpg

WWF a également mis en place des indicateurs de suivi, organisé plus de 30 sessions de formation à destination des acteurs locaux (fonctionnaires, entreprises, écoles) et soutenu des projets pilotes de réduction du plastique au niveau des quartiers.

« Les excursions pour libérer des tortues ou observer les coraux sont désormais soumises à une règle : ne laisser aucun déchet, et rapatrier les détritus sur la terre ferme », explique Nguyen Khac Pho, directeur du parc national de Con Dao. Les agents ne sont plus de simples gardiens de la forêt, mais deviennent des éducateurs environnementaux.

Le 9 juillet dernier, l’Association du tourisme de Da Nang, en collaboration avec l’ONG environnementale Pacific Environment Vietnam (PE-VN), a lancé le Vietnam Zero Waste Tourism Network (VZWTN). De nombreuses entreprises touristiques se sont engagées à réduire progressivement leurs déchets pour atteindre l’objectif « zéro déchet ».

Le réseau vise à fédérer au moins 100 entreprises pionnières d’ici 2030, fixant des plans ciblés pour réduire puis éliminer quasiment tous les déchets liés à leur activité.

d.png
Le modèle des stations de recharge : consommer autrement pour réduire les déchets plastiques

Dans la province de Hue, trois nouveaux sites touristiques ont rejoint, en moins d’un mois, le projet TVA — Hue : ville à faible plastique, soutenu par WWF Norvège à travers WWF Vietnam et piloté par la municipalité de Hue : le pont en tuiles Thanh Toan, l’étang Chuon et la zone Ngu My Thanh — Con Toc. L’établissement Villa Hue a également inauguré un Centre de pratiques pour un tourisme durable, destiné à sensibiliser et former les étudiants en tourisme grâce à des ateliers concrets de réduction des plastiques.

Du côté des visiteurs, l’opération « Juillet sans plastique » (Plastic Free July) se traduit par des évolutions de comportements : selon le Rapport Tourisme & Développement durable 2025 de Booking.com, 41 % des touristes vietnamiens considèrent la réduction des plastiques comme le geste principal d’un voyage durable. En 2025, 58 % des voyageurs vietnamiens visent à recycler ou éviter les produits jetables, contre une priorité énergétique de 56 % en 2024. Par ailleurs, 62 % jugent le tourisme durable très important, et 90 % souhaitent orienter leurs choix de voyage vers davantage de durabilité dans les 12 prochains mois.

Enfin, 46 % des touristes estiment que la pollution et les déchets constituent un défi majeur pour les régions visitées, et 56 % souhaitent renforcer la gestion des déchets locaux pour un tourisme durable.

e.jpg
Le Silk Sense Hoi An River Resort certifié par Travelife pour son engagement durable.

Avec 83 % des touristes espérant laisser les destinations en meilleur état qu’à leur arrivée, et 26 % intégrant la durabilité comme critère de choix de leur séjour, le mouvement est mondial.

À défaut d’agir, les plages, monuments et paysages naturels du Vietnam risquent fort de se transformer en décharges plastiques incontrôlées, un spectacle indésirable pour tout visiteur.

Back to top