Michael Kokalari, directeur du département d’analyse macroéconomique et de recherche de marché chez VinaCapital. Photo : tapchithuonggia. |
Michael Kokalari, directeur du département d’analyse macroéconomique et de recherche de marché chez VinaCapital, a récemment publié une analyse de la croissance économique du Vietnam et des répercussions de l’économie américaine.
Dans son article, Michael Kokalari affirme que le Vietnam est l’un des trois pays au monde ayant les liens économiques les plus étroits avec les États-Unis. La forte consommation américaine soutient la reprise des exportations, de la production et de la croissance du PIB du Vietnam.
Bien que le résultat de l’élection américaine puisse traditionnellement influencer le commerce international, et que les changements de politique du prochain président puissent affecter les échanges commerciaux entre les deux pays, VinaCapital prévoit que l’impact de l’élection américaine sur le commerce vietnamo-américain sera limité, quelle que soit l’issue en novembre. En effet, les politiques des démocrates et des républicains présentent plus de similitudes que de différences.
La demande pour les produits « made in Vietnam » va se stabiliser
La forte demande des consommateurs américains pour les produits « Made in Vietnam » a stimulé les exportations vietnamiennes vers les États-Unis, passant d’une baisse de 21 % en glissement annuel au cours des sept premiers mois de 2023 à une augmentation de 24 % au cours des sept premiers mois de 2024. Cela a également favorisé une hausse de la production, qui est passée de 3,6 % en 2023 à une prévision de 10 % pour 2024.
Selon VinaCapital, la production représente un quart de l’économie vietnamienne, et sa reprise pourrait faire passer la croissance du PIB du Vietnam de 5,1 % en 2023 à 6,5 % en 2024 (le PIB a augmenté de 6,4 % au premier semestre 2024). En revanche, la croissance des ventes au détail, indicateur de la consommation intérieure, a chuté de moitié, passant de 10 % au cours des sept premiers mois de 2023 à 5 % en 2024.
Michael Kokalari explique que l’économie américaine suit un modèle en « K » cette année, avec les consommateurs les plus aisés, représentés par la partie supérieure du « K », qui continuent de dépenser grâce à des revenus d’investissement accrus. Cela inclut l’achat de produits « Made in Vietnam ». En revanche, la consommation des ménages à faibles revenus, représentée par la partie inférieure du « K », a récemment diminué, car leurs salaires ne suivent pas l’inflation.
Par conséquent, la demande américaine pour les produits vietnamiens devrait se stabiliser, mais ne baissera pas de manière significative début 2025. De plus, la reprise du secteur immobilier et des investissements dans les infrastructures au Vietnam contribuera à soutenir la croissance du PIB. Le gouvernement vietnamien a récemment relevé son objectif de croissance du PIB pour 2024, passant de 6,5 % à 7 %, montrant ainsi sa volonté de maintenir une croissance économique forte.
Les résultats de l’élection présidentielle américaine n’auront pas d’impact majeur sur le Vietnam
M. Kokalari souligne que les efforts pour rapatrier la production aux États-Unis, une mesure qui est soutenue par les politiciens américains des deux bords, ne devraient pas affecter de manière significative le Vietnam. Les républicains sont favorables aux tarifs douaniers pour réduire la compétitivité des importations, tandis que les démocrates soutiennent une politique industrielle nationale, bien qu’ils commencent à adopter des politiques protectionnistes.
Ces deux approches présentent des obstacles. Par exemple, la loi « CHIPS » de 2022, mise en place par le président Biden, a quadruplé les investissements dans les nouvelles usines aux États-Unis. Cependant, les coûts de production élevés et le manque de main-d’œuvre qualifiée rendent difficile la relocalisation de la production, ce qui ne constitue donc pas une menace sérieuse pour les produits fabriqués au Vietnam.
Bien que Donald Trump envisage d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises jusqu’à 60 % et d’imposer des tarifs de 10 à 20 % sur les autres pays, il a également reconnu que le dollar américain est surévalué, ce qui complique le retour de la production aux États-Unis.
Selon VinaCapital, si Donald Trump est réélu, son administration se concentrera probablement davantage sur la réduction de la valeur du dollar que sur une augmentation significative des tarifs, bien qu’il ait promis le contraire à plusieurs reprises. Un dollar plus faible aiderait les exportations vietnamiennes vers d’autres marchés que les États-Unis, tandis que des tarifs de 10 à 20 % sur d’autres pays ne réduiraient pas la compétitivité du Vietnam. Si des tarifs de 60 % étaient appliqués à la Chine, le Vietnam et le Mexique seraient les principaux bénéficiaires, selon un rapport de Standard Chartered.
Michael Kokalari conclut donc que les résultats de l’élection présidentielle américaine n’auront pas d’impact significatif sur le Vietnam. La secrétaire au Trésor Janet Yellen et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan ont tous deux exprimé leur soutien à certaines des politiques économiques de Donald Trump, notamment les droits de douane sur la Chine, et VinaCapital prévoit que ces politiques ne changeront pas, quel que soit le vainqueur des élections de novembre.