C’est en tout cas ce qui ressort d’une table ronde intitulée « La macroéconomie du Vietnam : retour sur 2024 et perspectives pour 2025 », récemment tenue à Hanoï. L’événement a été organisé par l’Institut vietnamien de recherche économique et politique (VEPR) sous l’égide de l’Université d’économie et de commerce de l’Université nationale du Vietnam à Hanoï, en collaboration avec l’Association vietnamienne des petites et moyennes entreprises et le magazine électronique VnEconomy.
Lors de cette table ronde, les experts de l’institut VEPR ont estimé que le tableau économique du Vietnam en 2024 disposait de nombreux points lumineux.
Selon les données de l’Office général des statistiques (relevant du ministère vietnamien du Plan et de l’Investissement), en 2024, le Vietnam a connu une croissance du PIB (produit intérieur brut) de 7,09 %, ce qui en fait l’un des pays ayant le taux de croissance le plus élevé au sein de l’ASEAN.
Le flux des capitaux d’investissements directs étrangers (IDE) continue de laisser sa marque dans ce tableau économique. Pour l’ensemble de l’année 2024, les IDE décaissés ont atteint environ 25,35 milliards de dollars, soit une augmentation de 9,4 % en glissement annuel et le niveau le plus élevé jamais enregistré. Au 31 décembre 2024, le Vietnam compte 42 002 projets d’IDE valides, avec un capital enregistré total de près de 502,8 milliards de dollars.
D’autre part, le chiffre d’affaires total des importations et des exportations du Vietnam pour l’ensemble de l’année 2024 a atteint un nouveau record de 786,29 milliards de dollars, soit une augmentation de 15,4 % en glissement annuel. Sur ce total, les exportations vietnamiennes ont atteint 405,53 milliards de dollars, soit une augmentation de 14,3 %, tandis que les importations ont atteint 380,76 milliards de dollars, soit une augmentation de 16,7 %.
Des vents contraires en 2024
Dans son discours prononcé lors de la table ronde, le directeur adjoint de l’institut VEPR, Nguyên Quôc Viêt, a indiqué qu’en 2024, la croissance de l’économie vietnamienne était soutenue par d’importantes forces motrices, telles que les investissements publics, les investissements privés et les activités d’import-export.
Le nombre de nouvelles entreprises et de celles qui reprennent leurs activités a augmenté encore plus fortement qu’avant la période de COVID-19. La croissance de la masse monétaire a continué de rebondir depuis le second semestre 2024, a-t-il ajouté.
Malgré ces résultats positifs, l’économie vietnamienne a été confrontée à de nombreux risques et à des vents contraires mondiaux, dont les fluctuations imprévisibles de l’économie mondiale, l’augmentation des prix du pétrole et des taux de change, ou encore les tendances de protection commerciale de la part des États-Unis et d’autres grandes économies.
Les dépenses des ménages sont restées faibles, les moteurs de la consommation intérieure, tels que les services d’hébergement et de restauration n’ont augmenté que de 13 %, tandis que les recettes du tourisme ont augmenté de 17,3 %, et les décaissements d’investissements publics n’ont pas atteint les objectifs. Le taux d’inflation a augmenté de 2,71 % par rapport à 2023.
En 2024, la croissance de l’économie vietnamienne est soutenue par d’importantes forces motrices, telles que les investissements publics, les investissements privés et les activités d’import-export. |
De belles perspectives pour 2025
Sur la base de sa bonne croissance en 2024, l’économie vietnamienne montre de belles perspectives pour 2025 en dépit de nombreux défis et difficultés.
Les organisations internationales prévoient une croissance du PIB du Vietnam d’environ 6,5 % cette année. Les principaux moteurs de croissance, tels que les investissements publics, les investissements privés et l’import-export, pourraient maintenir leur rythme de croissance en 2025.
Un dollar américain plus faible et des taux d’intérêt plus bas de la Réserve fédérale américaine devraient profiter aux exportations du Vietnam, en particulier vers les États-Unis. En outre, le Vietnam pourrait tirer parti des nouvelles politiques commerciales du président élu des États-Unis, Donald Trump, pour renforcer sa position concurrentielle à l’échelle mondiale, a indiqué Nguyên Quôc Viêt.
Cependant, les défis continueront à prendre de l’ampleur en 2025. Les conflits géopolitiques, les guerres commerciales et les concurrences technologiques de plus en plus féroces peuvent fragmenter l’économie mondiale, entraînant ainsi des impacts négatifs sur les pays à forte ouverture économique, comme le Vietnam.
Sur le long terme, le changement climatique et le vieillissement rapide de la population menaceront la stabilité macroéconomique et le développement durable du Vietnam.
Le secrétaire général du Parti Tô Lâm a précisé les goulots d’étranglement institutionnels actuels et a affirmé sa détermination à accélérer la réforme et la rationalisation de l’appareil du système politique pour mieux profiter des opportunités d’un changement radical du pays. Si nous disposons d’une feuille de route appropriée, notre pays peut atteindre une croissance élevée au cours des 5 ou 10 prochaines années.
Nguyên Quôc Viêt, directeur adjoint de l’institut VEPR.
Pour faire face à ces défis, Nguyên Quôc Viêt a jugé nécessaire de rester concentré sur le maintien de la stabilité macroéconomique en tandem avec une reprise de la croissance plus rapide et plus forte. Il faut accélérer la réforme et la rationalisation de l’appareil d’État pour le rendre plus efficace, efficient, moderne et transparent.
Il est primordial de mettre l’accent sur des mesures visant à encourager l’investissement, d’élaborer des politiques bien planifiées pour assurer la résilience des entreprises face aux chocs politiques, ainsi que de favoriser le développement durable en promouvant de nouveaux modèles de croissance, comme les économies vertes, numériques et circulaires.
À moyen terme, il est important de moderniser les infrastructures, d’améliorer les capacités et les compétences de la main-d’œuvre, de développer les sciences et les technologies pour renforcer la compétitivité nationale, ainsi que de faciliter les pratiques commerciales innovantes et durables.
À long terme, Nguyên Quôc Viêt a suggéré d’élaborer et de mettre en œuvre de manière stricte des politiques de développement ciblées tout en garantissant un décaissement efficace des investissements publics.
Le Vietnam se fixe pour objectif de devenir un pays à revenu élevé et doté d’une industrie moderne d’ici 2045. |
Créer des percées stratégiques
Récemment, le 20 décembre 2024, le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh a publié la directive no 137/CD-TTg demandant les efforts concertés pour promouvoir le développement économique avec pour objectif un taux de croissance du PIB d’au moins 8 % en 2025.
Dans cette directive, le chef du gouvernement a indiqué que 2025 est une année charnière pour le Vietnam pour entrer dans une nouvelle ère de développement, dite « ère d’ascension nationale ». Il a demandé des mesures drastiques à tous les ministères, secteurs et localités pour promouvoir le développement socio-économique national. L’accent sera mis sur la stabilisation de la macroéconomie, le contrôle de l’inflation, la garantie des équilibres majeurs de l’économie pour atteindre un taux de croissance du PIB de plus de 8 %, supérieur à l’objectif de 6,5 % fixé par l’Assemblée nationale.
Selon Nguyên Quôc Viêt, cet objectif ambitieux est tout à fait réalisable, mais c’est un véritable défi. Pour y parvenir, le Vietnam doit saisir toutes les opportunités. En plus de promouvoir les activités d’import-export et des investissements publics, il est nécessaire d’encourager les investissements privés, notamment les IDE, et de favoriser le développement des entreprises domestiques. Parallèlement à cela, il est crucial de stimuler la consommation intérieure tout en accélérant les réformes des politiques fiscales.
Du côté du gouvernement, il est nécessaire d’élaborer une stratégie révolutionnaire, axée sur l’amélioration de l’environnement d’affaires et d’investissement et l’augmentation des investissements publics dans les infrastructures de transport. Cela permettra de réduire les coûts des intrants en faveur des entreprises.
« Le secrétaire général du Parti Tô Lâm a précisé les goulots d’étranglement institutionnels actuels et a affirmé sa détermination à accélérer la réforme et la rationalisation de l’appareil du système politique pour mieux profiter des opportunités d’un changement radical du pays. Si nous disposons d’une feuille de route appropriée, notre pays peut atteindre une croissance élevée au cours des 5 ou 10 prochaines années », a noté Nguyên Quôc Viêt.
Les défis ne manquent pas, mais, grâce à la grande détermination du Parti, de l’État et de l’ensemble du système politique, le Vietnam atteindra tous les objectifs fixés pour entrer dans une nouvelle ère.
Cân Van Luc, économiste en chef de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV) et membre du Conseil consultatif national des politiques financières et monétaires.
Pour sa part, Cân Van Luc, économiste en chef de la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV) et membre du Conseil consultatif national des politiques financières et monétaires, a indiqué que le Vietnam s’est fixé pour objectif de devenir un pays à revenu élevé et doté d’une industrie moderne d’ici 2045. Pour atteindre cet objectif ambitieux, en 2025, l’ensemble du pays doit s’efforcer d’atteindre un taux de croissance d’au moins 8 %, et un taux de croissance à deux chiffres d’environ 10 % sur la période 2026 – 2030, comme l’a fixé le gouvernement.
« Les défis ne manquent pas, mais, grâce à la grande détermination du Parti, de l’État et de l’ensemble du système politique, le Vietnam atteindra tous les objectifs fixés pour entrer dans une nouvelle ère », a déclaré Cân Van Luc.
Concernant les priorités pour 2025, Cân Van Luc a souligné l’importance de créer des percées en matière institutionnelle et d’accélérer la réforme et la rationalisation de l’appareil organisationnel de l’État et du gouvernement. Les expériences internationales montrent que les bonnes réformes institutionnelles favoriseront la croissance économique.
Il a jugé nécessaire de stimuler efficacement la consommation intérieure et d’alimenter de nouveaux moteurs de croissance, tels que la transformation numérique, la transition verte, les sciences et les technologies. Il faut également remédier au déficit commercial dans les services, accélérer le décaissement des investissements publics et favoriser les investissements privés.
Cân Van Luc a appelé à des réformes décisives et à une transparence accrue dans l’élaboration des lois, ainsi qu’à une concentration accrue sur la gestion des bases de données nationales pour servir la transformation numérique. Une coordination harmonieuse entre les politiques budgétaires et monétaires sera essentielle pour faire face aux risques externes, notamment ceux dus aux conflits géopolitiques et aux tensions commerciales qui sont de plus en plus complexes dans le monde.
La qualité de la croissance économique doit également être assurée par des améliorations de la productivité et de l’efficacité des capitaux.
« Nous devons prêter attention à la gestion de la macroéconomie, du taux de change et de l’inflation. Les marchés de l’immobilier et des obligations d’entreprises se redressent positivement tandis que le Vietnam s’emploie à créer une percée dans la réforme institutionnelle et dans la rationalisation de l’appareil politique. Nous espérons que cette dynamique permettra de consolider la confiance des citoyens et des entreprises. La croissance du PIB du Vietnam pourrait atteindre entre 7,5 et 8 % en 2025 et 2026 », a noté Cân Van Luc.