Parmi celles-ci, le costume traditionnel et le métier du tressage de nasses à crevettes illustrent un mode de vie étroitement lié à la nature, notamment autour du lac de Thac Ba.
L'indigo est la couleur dominante du costume des Dao au pantalon blanc, servant de toile de fond pour mettre en valeur les broderies colorées.
Comparés à d'autres sous-groupes Dao comme les Dao rouges, Dao aux Sapèques ou Dao au pantalon serré, les Dao au pantalon blanc présentent un style vestimentaire distinctif, exprimant clairement des notions de genre, d’âge et de rôle au sein de la communauté.
La tenue traditionnelle féminine se compose d’un foulard de tête, d’une veste, d’une camisole, d’un pantalon blanc, de jambières et d’une ceinture.
Ces éléments forment un ensemble harmonieux, tant par sa forme que par son symbolisme.
Chaque pièce de tissu, chaque point de broderie raconte la vie quotidienne à travers des motifs floraux, des cours d’eau, le soleil ou des symboles religieux.
Des motifs en spirale ou en forme de V stylisé apparaissent fréquemment sur la poitrine, les manches et le dos de la veste.
Les femmes Dao au pantalon blanc apprennent la broderie très tôt. Dès les premiers points, guidés par leurs mères et leurs grands-mères, les filles apprennent progressivement à représenter les motifs et à confectionner une tenue traditionnelle complète.
Chaque technique de broderie porte une signification particulière, transmise de mère en fille. Il ne s’agit pas uniquement d’une compétence manuelle, mais aussi d’un gage de maturité.
À Phuc An, les femmes perpétuent la tradition de broder à la main, transmettant patiemment à leurs enfants l’art de nouer le foulard ou d’attacher la ceinture.
Ces gestes traduisent autant un souci d’élégance qu’une fierté profonde de leur identité culturelle.
Les éléments les plus remarquables du costume des Dao au pantalon blanc sont le chapeau noir, le corsage richement brodé et la longue ceinture, mesurant environ 1,5 m de long et 3 à 4 cm de large. Les couleurs dominantes de la ceinture sont le rouge et le jaune.
Le chapeau est un accessoire essentiel du costume traditionnel, portant une forte valeur esthétique et identitaire. Il est brodé à la main avec soin, orné en son centre d’une étoile à huit branches, et bordé de franges multicolores.
À l’opposé de la tenue féminine plus sophistiquée, les hommes Dao au pantalon blanc portent des vêtements simples : une veste courte indigo, à col rond ou col droit, sans motifs, accompagnée d’un foulard monochrome brodé de petits motifs dans un angle.
Malgré leur sobriété, ces habits restent soignés, notamment lors des cérémonies.
Le costume cérémoniel masculin le plus formel est celui porté lors du rite d’initiation « cap sac », une cérémonie marquant la reconnaissance du statut d’homme adulte, apte à accomplir les rituels et à assumer ses responsabilités envers le clan.
Outre leurs costumes traditionnels, les Dao au pantalon blanc à Phuc An perpétuent un artisanat emblématique : le tressage de nasses à crevettes.
Il s'agit d'une profession secondaire, mais elle reflète clairement l'adaptation des populations aux conditions naturelles, un mode de survie basé sur l'eau, les forêts et les savoirs traditionnels.
Phuc An se trouve à proximité du lac de Thac Ba. Depuis toujours, ses habitants récoltent des crevettes et petits poissons dans les ruisseaux alentour.
Pour préserver la source d'eau, les Dao n’utilisent pas de filets traînants, mais des nasses en bambou tressé. Ce sont des pièges traditionnels, fabriqués entièrement à la main à partir de matériaux naturels.
Le tressage n’est pas seulement un moyen de subsistance, mais aussi une pratique communautaire. Les nasses servent quotidiennement et font aussi l’objet d’échanges entre villages des Dao, Tày et Mường.
En saison des inondations, de nombreuses familles perpétuent la tradition consistant à placer les nasses dans les ruisseaux la nuit pour récolter à l’aube.
Malgré l’influence croissante de la vie moderne, les Dao au pantalon blanc à Phuc An conservent leur singularité culturelle et perpétuent les traditions héritées de leurs ancêtres.
Lors des festivals et journées culturelles, les villageois se rappellent mutuellement l’importance de préserver la beauté de leurs tenues traditionnelles.
Le rythme de vie ici est calme et paisible. Des mains patientes s’activent chaque jour sur les métiers à broder ou les tiges de bambou, préservant ainsi des valeurs ancestrales transmises de génération en génération.
