Les fruits et légumes vietnamiens regagnent du terrain sur le marché chinois

Les exportations vietnamiennes de fruits et légumes vers la Chine connaissent une reprise nette, malgré le durcissement des barrières techniques imposées par Pékin.

Sur les huit premiers mois de l’année, la Chine a importé près de 2,8 milliards de dollars de produits vietnamiens. Photo : vnexpress.net
Sur les huit premiers mois de l’année, la Chine a importé près de 2,8 milliards de dollars de produits vietnamiens. Photo : vnexpress.net

Selon les douanes, les ventes de ce secteur ont atteint 678 millions de dollars en août, soit une hausse de plus de 40 % par rapport à juillet et de 15 % sur un an. Sur les huit premiers mois de l’année, la Chine a importé près de 2,8 milliards de dollars de produits vietnamiens, un recul de 9,3 % par rapport à 2024 mais en nette amélioration par rapport au début d’année. Avec près de 60 % de part de marché, la Chine confirme son rôle de locomotive pour l’agro-export vietnamien.

Cette embellie survient après un premier semestre difficile, marqué par l’instauration de normes plus strictes en matière de sécurité alimentaire et de traçabilité. Résidus de pesticides, métaux lourds ou encore cadmium ont conduit à de nombreux blocages. Depuis juillet, Pékin limite en outre le dioxyde de soufre dans les fruits frais à 50 ppm, accentuant la pression sur les exportateurs régionaux.

La Thaïlande a vu des dizaines de conteneurs de longanes refoulés pour dépassement de seuil, provoquant une chute des prix de 30 % dans les vergers. Le Vietnam, au contraire, a su maintenir ses flux grâce à la qualité jugée plus stable de ses produits. « Notre proximité géographique réduit le besoin de conservation au soufre », souligne Dang Phuc Nguyen, secrétaire général de l’Association vietnamienne des fruits et légumes.

Anticipant le durcissement, de nombreuses entreprises ont renforcé leurs contrôles, de la plantation à l’emballage. « Après un premier semestre difficile, l’amélioration de la traçabilité et du conditionnement a permis de fluidifier les exportations », explique Nguyen Khac Huy, directeur de Hoang Phat Fruit. Chanh Thu, autre acteur majeur, expédie désormais entre 200 et 300 conteneurs de durians par mois vers la Chine, après avoir relevé ses standards de qualité.

Les efforts portent également sur l’investissement dans les chambres froides, l’innovation en matière d’emballage et la construction de marques adaptées au goût des consommateurs chinois. Ce repositionnement transforme les contraintes réglementaires en levier de compétitivité durable.

Le durian illustre cette dynamique. Face aux contrôles renforcés sur les substances cancérigènes potentielles comme le cadmium, les autorités vietnamiennes ont multiplié les inspections et obtenu de Pékin 829 codes supplémentaires pour les zones de production et 131 pour les stations d’emballage. Plus de 1 800 sites sont désormais agréés. Le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement a par ailleurs adopté un protocole spécifique, destiné à servir de référence pour d’autres filières.

Dans cette perspective, les professionnels misent sur une pénétration accrue des marchés du nord et de l’ouest de la Chine, zones à fort pouvoir d’achat. La célébration des 75 ans de relations bilatérales donnera lieu à une série de foires et d’événements commerciaux favorisant le contact direct avec les consommateurs.

Au total, les exportations vietnamiennes de fruits et légumes ont atteint 951 millions de dollars en août, un record historique. Sur huit mois, elles culminent à 4,8 milliards, en hausse de 2 % sur un an. Les acteurs de la filière espèrent franchir la barre des 7 milliards de dollars en 2025. « À condition de considérer les nouvelles normes non pas comme des obstacles, mais comme un moteur d’élévation de toute la chaîne de valeur », insiste Dang Phuc Nguyen.

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