Les gardiens du « poumon vert » du sud-ouest

La forêt de cajeputiers de Tra Su, située dans les communes de An Cu et Thanh My Tay, province de An Giang (au sud-ouest du Vietnam), s’étend sur plus de 1 050 hectares. Intégrée au réseau des forêts spéciales du Vietnam, elle est reconnue comme aire de protection du paysage depuis 2005.

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Vue aérienne d’un coin de la forêt de cajeputiers de Tra Su. Photo : VNA.

Dotée d’un écosystème forestier de zones humides représentatif, elle constitue non seulement un « poumon vert » essentiel de la région occidentale du fleuve Hau, mais aussi une destination d’écotourisme de premier plan dans le delta du Mékong.

Afin de préserver durablement cette couverture végétale, les agents spécialisés chargés de la protection de la forêt de Tra Su, relevant de la Station de gestion forestière n°3 du Service de gestion forestière de An Giang – Zone II, effectuent jour et nuit des patrouilles discrètes, affrontant de nombreuses difficultés et dangers.

Les gardiens silencieux de la forêt

Selon Nguyen Thai Trong, agent spécialisé en protection forestière, la superficie totale de l’aire de protection du paysage de la forêt de Tra Su, approuvée par le Premier ministre, est de 1 050 hectares. Celle-ci comprend plus de 707 hectares de plantations forestières sur sols acides inondés, près de 122 hectares de terrains nus et de plans d’eau, ainsi que plus de 200 hectares de rizières.

L’ensemble est réparti en trois zones fonctionnelles : une zone de protection stricte de 365 hectares, une zone de restauration écologique de 523 hectares et une zone de services administratifs de 162 hectares, actuellement louée pour le développement de l’écotourisme.

Nguyen Thai Trong précise que le braconnage d’oiseaux et l’exploitation illégale des ressources halieutiques demeurent complexes, avec des méthodes de plus en plus sophistiquées. La forêt jouxte directement les rizières des habitants, sans zone tampon clairement délimitée, tandis que les effectifs de protection restent limités face à un territoire étendu.

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Nguyen Thai Trong, agent chargé de la protection de la forêt de cajeputiers de Tra Su, sensibilise les touristes aux actions de prévention et de lutte contre les incendies de forêt ainsi qu’à la protection du paysage de la forêt de cajeputiers de Tra Su. Photo : VNA.

« Lors de nombreuses patrouilles nocturnes, nous n’utilisons ni lampes ni signaux sonores afin d’éviter d’être repérés. Il nous arrive de faire face à des individus armés de couteaux, de lance-pierres, voire d’armes à feu, alors que nous disposons de très peu de moyens de soutien et devons nous appuyer principalement sur l’expérience et la coordination avec les forces concernées », confie-t-il.

Par ailleurs, la forêt de Tra Su est exposée à un risque élevé d’incendies durant la saison sèche. L’épaisse couche de végétation, combinée aux pratiques de brûlis agricoles à l’extérieur de la forêt, rend la situation particulièrement sensible : une simple étincelle peut entraîner de graves conséquences. C’est pourquoi la prévention des incendies demeure une priorité absolue, avec le principe que la prévention prime sur l’intervention.

Lam Van Xuong, agent expérimenté de la protection forestière à Tra Su, indique que depuis le début de l’année 2025, son unité a détecté 17 intrusions illégales, intercepté à temps plusieurs individus aux abords de la forêt et constitué des dossiers transmis aux autorités compétentes.

Selon lui, au-delà des menaces d’origine humaine, le changement climatique exerce également un impact de plus en plus marqué, avec des saisons sèches prolongées et des conditions météorologiques irrégulières qui modifient l’habitat de nombreuses espèces aquatiques et aviaires.

Préserver l’écosystème des zones humides de Tra Su

Située à environ 10 kilomètres de la frontière entre le Vietnam et le Cambodge, la forêt de Tra Su subit directement l’influence des crues annuelles du Mékong.

Cette particularité favorise une biodiversité remarquable, comprenant 70 espèces d’oiseaux, dont la cigogne à cou nu et l’anhinga inscrits au Livre rouge du Vietnam, 11 espèces de mammifères, parmi lesquelles plusieurs espèces rares de chauves-souris, 25 espèces de reptiles et d’amphibiens, ainsi que 140 espèces de poissons. Certaines, telles que l’anchois et le silure blanc, présentent une valeur élevée en matière de conservation.

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Des agents chargés de la protection de la forêt de cajeputiers de Tra Su effectuent une patrouille à moto pour protéger la forêt dans un tronçon de la zone tampon. Photo : VNA.

En 2020, la forêt de Tra Su a été reconnue comme la plus belle forêt de cajeputiers du Vietnam, s’imposant comme une destination écotouristique emblématique de la province de An Giang et attirant chaque année des centaines de milliers de visiteurs.

Selon Tran Nguyen Khang, directeur adjoint du Service de gestion forestière de An Giang – Zone II, les efforts à venir viseront à renforcer la coopération avec les services compétents et les autorités locales afin d’intensifier la sensibilisation du public et des touristes à la protection des forêts, à la lutte contre le braconnage d’oiseaux et l’exploitation illégale des ressources aquatiques, ainsi qu’au respect de l’environnement.

Parallèlement, les actions de prévention et de lutte contre les incendies de forêt, en particulier durant la saison sèche, seront renforcées, de même que le contrôle strict des zones de rizière limitrophes, des sentiers et des accès secondaires, afin de préserver durablement les écosystèmes et les paysages caractéristiques des zones humides de l’ouest du fleuve Hau.

En outre, le Service de gestion forestière de An Giang – Zone II poursuivra une démarche proactive en proposant des solutions de développement économique associées à l’exploitation raisonnée des services environnementaux forestiers et de l’écotourisme, afin de générer des ressources réinvesties dans la protection de la forêt.

Des mécanismes seront également mis en place pour permettre aux habitants des zones tampons de participer aux activités de protection forestière, de prévention des incendies et de développement de l’écotourisme, contribuant ainsi à la stabilisation des moyens de subsistance et à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales.

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