Niché dans une région semi-montagneuse, il déploie un relief alternant collines, vallées, ruisseaux et rizières, composant un tableau architectural et paysager d’une harmonie rare. Ici, les vieilles maisons, adossées à la montagne depuis des générations, semblent garder vivante la mémoire du temps.
Selon les anciens, Lôc Yên a vu le jour au cours des campagnes de défrichement de nouvelles terres aux 15e et 16e siècles. Au fil du temps, le village a façonné une identité culturelle unique. Reconnu site national en septembre 2019, il figure aujourd’hui parmi les quatre villages les plus anciens du Vietnam.
Lôc Yên porte les traits typiques des campagnes de la région, avec des maisons anciennes dissimulées sous un manteau d’arbres, blotties au milieu de collines, de rivières et de jardins luxuriants. Mais ce qui fait sa singularité, c’est avant tout sa culture de la pierre, omniprésente dans le paysage.
En raison du relief accidenté et pierreux, les habitants ont su tirer parti de leur environnement et de leurs savoirs locaux pour ériger des ouvrages d’une grande ingéniosité. Ici, la pierre n’est pas qu’un matériau: elle est devenue l’âme du village.
Des ruelles aux murets, des puits aux escaliers menant aux vergers, tout — ou presque — est façonné de pierre. Les villageois ont appris à empiler les blocs, à retenir la terre, à prévenir l’érosion tout en embellissant leur cadre de vie.
«À Lôc Yên, les habitants se sont adaptés à la nature environnante. Dans ce paysage de montagnes et de pierres, ils ont rassemblé les roches pour libérer les sols, tracer des ruelles, renforcer les terres cultivables et bâtir un espace de vie en harmonie avec l’environnement», explique le peintre Nguyên Thuong Hy.
Avec le temps, les allées de pierre couvertes de mousse sont devenues l’empreinte du village, un symbole de savoir-faire et de fierté.
«Nous préservons les anciennes ruelles de pierre tout en en construisant de nouvelles pour développer le tourisme écologique. Chaque foyer en possède une», confie Dao Minh Chinh, habitant de Lôc Yên.
Outre sa culture de la pierre, Lôc Yên séduit par son ensemble architectural cohérent: les maisons, les ruelles et les jardins forment un tout harmonieux et paisible.
Le village conserve encore huit maisons à charpente en bois, âgées de cent à près de deux cents ans, construites selon le style traditionnel de Quang Nam. La plus ancienne, bâtie en 1850 par Nguyên Dinh Hoàng, appartient aujourd’hui à la quatrième génération de la famille, représentée par Nguyên Dinh Hoan.
D’une superficie de plus de 100 m², cette demeure de douze ans de construction compte 36 piliers en bois de jaquier et présente des sculptures d’une grande finesse.
Nguyên Dinh Manh, chargé de son entretien, raconte: «J’ai grandi dans cette maison, elle est restée telle qu’elle était. Tout le bois vient du jaquier. D’après les anciens, elle a été bâtie par des artisans de Kim Bông. C’est une maison à trois travées et deux annexes, avec l’autel des ancêtres au centre. Depuis mon enfance, rien n’a changé.»
Autour de ces maisons anciennes serpentent des ruelles de pierre bordées de haies de thé vert soigneusement taillées, entourant des vergers foisonnants. L’ensemble compose un décor rustique et poétique, comme une peinture vivante.
Pour les visiteurs, Lôc Yên est une halte apaisante, une immersion dans la vie rurale d’autrefois.
«C’est la première fois que je viens ici. C’est magnifique. L’air de la montagne est pur, le paysage très paisible. Ce qui me touche le plus, c’est que les maisons anciennes ont traversé les guerres sans être détruites. Elles gardent toute leur beauté d’antan», témoigne Phan Thi Tài, venue de Lâm Dông.
Par sa simplicité, son authenticité et son calme, Lôc Yên s’impose comme un lieu idéal pour ceux qui recherchent la sérénité et un retour à soi. Alliant architecture, paysage et culture de la pierre, le “pays des fées” du Centre vietnamien est un trésor patrimonial que nul visiteur ne devrait manquer lors d’un passage à Dà Nang.