Le secteur logistique vietnamien n’est pas à la hauteur de son potentiel de développement, ce qui affecte directement la capacité de transport et la compétitivité des marchandises nationales sur la scène internationale.
C’est le constat dressé par la communauté des affaires et relayé par le Comité de recherche sur le développement de l'économie privée dans un rapport récemment soumis au Premier ministre, lequel pointe plusieurs obstacles majeurs entravant les activités logistiques et d'import-export.
Répondant à la presse le 10 décembre, le Comité de recherche sur le développement de l'économie privée souligne que le Vietnam demeure dans une situation de « déficit logistique », avec un système portuaire essentiellement limité aux opérations de chargement et de déchargement, ne représentant qu’environ 20 % des fonctions d’un centre maritime international conforme aux standards mondiaux. La quasi-totalité des services à haute valeur ajoutée, tels que la construction et la réparation navales, les services financiers, l’assurance maritime ou les solutions numériques associées, reste située hors des zones portuaires et dépend largement d’entreprises étrangères.
Cette réalité contraste fortement avec les atouts géostratégiques indéniables du pays : positionné sur une route maritime regroupant 65 % du commerce mondial, signataire de 17 accords de libre-échange couvrant plus de 60 marchés et 90 % du PIB mondial, et doté d’infrastructures avancées telles que le complexe portuaire de Cai Mep - Thi Vai, capable d’accueillir les plus grands porte-conteneurs du monde.
Le rapport met également en évidence le sous-développement du transport fluvial, qui n’optimise ni les coûts ni les délais d’acheminement malgré un réseau naturel exceptionnel. Avec plus de 42 000 km de cours d’eau, dont 17 000 km (41 %) exploitables pour le transport, le système fluvial vietnamien dessert les principales régions économiques mais souffre d’un manque chronique d’investissements publics, ceux-ci ne représentant qu’environ 2 % du budget total du secteur des transports sur la période 2001-2020. Bien que le transport fluvial assure déjà 20 % du volume national de marchandises, un niveau supérieur à la moyenne régionale, près de 82 % des investissements proviennent de capitaux privés, révélant un potentiel important de mobilisation des ressources non étatiques si des politiques adaptées sont mises en place.
Pour aider les entreprises à surmonter ces difficultés, le Comité recommande au gouvernement de poursuivre la réforme des procédures administratives, notamment en matière d’attraction des investissements et de remboursement fiscal. Il préconise également une approche de coopération public-privé pour élaborer des stratégies précises, telles que le développement d’un Centre maritime international à Hô Chi Minh-Ville.
En réponse, le Bureau du gouvernement a transmis le 9 décembre les directives du vice-Premier ministre Nguyên Chi Dung, assignant des missions spécifiques aux ministères concernés afin d’assurer une mise en œuvre rapide. Le ministère des Finances devra engager un mouvement de réforme administrative pour faciliter les remboursements fiscaux, tandis que le ministère de la
Construction, en coordination avec les autorités locales, est chargé d’élaborer des stratégies de développement portuaire et fluvial, avec un rapport attendu au premier trimestre 2026. Parallèlement, le ministère de la Sécurité publique devra traiter les problèmes liés à la réglementation des entreprises logistiques et du transport de conteneurs d’ici la fin 2025, et le ministère de l’Industrie et du Commerce est invité à soutenir activement les exportateurs face aux mesures de défense commerciale étrangères. Enfin, les autorités de Hô Chi Minh-Ville organiseront en 2025 un dialogue approfondi avec les entreprises touchées par les frais d’infrastructures portuaires afin d’ajuster les politiques si nécessaire.