L’histoire entrepreneuriale de Mme Huong est bien plus qu’un parcours de sortie de la pauvreté et d’enrichissement à partir de rien. C’est une illustration vivante de la puissance du changement de mentalité, de l’intégration des sciences et technologies dans l’agriculture, et de l’ouverture d’une nouvelle voie pour les habitants locaux.
Semer dans l’adversité
Née en 1986 dans la province de Ninh Binh, diplômée de la faculté d’Agronomie de l’Université d’agriculture et de sylviculture de Thai Nguyen en 2009, Mme Huog ne choisit pas la voie toute tracée des grandes entreprises urbaines. Elle décide au contraire de s’installer à Hong Minh, le village de son époux, pour y bâtir sa vie.
Entre 2010 et 2019, elle accumule de l’expérience dans le secteur de l’alimentation animale et des produits vétérinaires, tout en nourrissant secrètement le rêve de créer son propre modèle agricole, fondé sur des valeurs durables, afin de créer de l’emploi et contribuer au développement économique local et à la réduction de la pauvreté.
La crise du Covid-19 en 2019 fut un déclic, modifiant en profondeur sa manière de penser et d’agir. Consciente de l’intérêt croissant des consommateurs pour les aliments sains et la santé, elle décide avec son mari, Hoang Quoc Toan, de se tourner vers une agriculture sûre et respectueuse de l’environnement.
Ils commencent par élever des poulets dans une ferme utilisant une litière biologique pour traiter les déchets. Puis, avec ingéniosité, Mme Huong réutilise les déchets d’élevage mélangés à des substrats usagés de culture de champignons pour faire pousser ses plantes. Un modèle agricole circulaire se met ainsi en place, où tous les résidus sont efficacement recyclés, réduisant considérablement l’impact environnemental.
Fin 2021, Mme Huong fonde la coopérative agricole biologique Thai Binh, marquant une nouvelle étape, plus professionnelle et durable, de son projet.
Sur une surface d’environ 2 hectares, la coopérative est structurée en trois zones principales : une zone de culture de champignons, une zone d’élevage de volailles, et une serre agricole high-tech où poussent raisins, asperges, tomates cerises, épinards, melons, etc.
Réussir grâce à une production verte
L’usage de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte automatisés, le suivi des cultures via des journaux de bord électroniques, ainsi que les méthodes de lutte biologique contre les parasites permettent à la coopérative de produire des denrées fraîches, saines et sûres, tout en réduisant les coûts de production et de main-d’œuvre.
« La clé du succès, c’est une nouvelle manière de penser : la science et la technologie comme fondement, la santé des consommateurs comme boussole », affirme fièrement la fondatrice de la coopérative.
L’un des points forts de la coopérative est la culture réussie du raisin laitier coréen dans une serre de plus de 4 000 m². Ce cépage exigeant requiert un soin technique rigoureux, mais produit un fruit sucré, à haute valeur nutritive, très prisé sur le marché.
Chaque grappe est choyée avec précision : choix des plants, traitement du sol, irrigation, taille, contrôle de la température et de l’humidité… Grâce aux équipements modernes de la serre, la coopérative maîtrise entièrement la culture selon les standards les plus exigeants.
Résultat : la vigne produit désormais plus de 6 tonnes par récolte, avec un prix de vente à la ferme atteignant 250 000 dôngs/kg. Rien que la vigne rapporte à la coopérative plusieurs milliards de dôngs par an.
Allier production agricole et tourisme expérientiel
Au-delà de la production, Mme Huong et sa coopérative se lancent avec audace dans un projet novateur : « Agriculture verte circulaire et tourisme expérientiel ». Ce modèle hybride entre production et services attire de plus en plus d’attention.
Les vignobles chargés de fruits, les serres luxuriantes, les élevages propres deviennent des lieux de découverte pour les élèves, étudiants et visiteurs désireux d’en apprendre davantage sur l’agriculture propre. En 2024, le projet atteint la finale du concours national « Femmes entrepreneures innovantes pour la transition verte », organisé par l’Union des femmes vietnamiennes.
En 2024, le chiffre d’affaires estimé de la coopérative s’élève à 10 milliards de dôngs, permettant de créer des emplois stables pour près de 20 personnes locales avec un revenu mensuel allant de 6 à 8 millions de dôngs. La coopérative soutient également la commercialisation des produits agricoles de ses membres et des agriculteurs partenaires, stimulant ainsi la production verte et contribuant à l’éradication de la pauvreté dans la région.
S’enrichir grâce à l’agriculture verte
L’histoire de la coopérative agricole biologique Thai Binh est une illustration remarquable de l’esprit d’entrepreneuriat agricole : s’émanciper de la pauvreté, s’enrichir grâce au savoir et à la technologie. À partir de rien, Pham Thi Huong s’est imposée comme une figure de l’agriculture moderne, incarnant une nouvelle génération d’entrepreneuses rurales.
Le modèle de la coopérative Thai Binh constitue également une leçon inspirante pour de nombreuses autres localités : sortir durablement de la pauvreté nécessite le courage de changer, d’oser penser grand et d’adopter les avancées scientifiques.
C’est également l’orientation que promeut activement l’Alliance des coopératives du Vietnam à travers des programmes de soutien au financement, à la formation technique, à la promotion commerciale et à la transformation numérique des coopératives et agriculteurs à travers le pays.
Concrètement, ces derniers temps, l’Alliance des coopératives a collaboré avec plusieurs provinces, notamment Hung Yen, Thai Binh, Bac Giang, Lam Dong, etc pour développer des coopératives agricoles à haute technologie.
Les formations en gestion coopérative, techniques agricoles modernes, e-commerce… dispensées par l’Alliance nationale et ses antennes locales, y compris celle de Hung Yen, ont permis aux coopératives de renforcer leurs compétences, de conquérir de nouveaux marchés et de créer de la valeur ajoutée.
On peut donc affirmer que la coopérative agricole biologique Thai Binh n’est pas seulement un lieu de production, mais aussi un centre d’inspiration, de diffusion du savoir agricole moderne. Ses rangées de légumes, ses treilles de vignes ou ses élevages biologiques démontrent une vérité simple : faire de l’agriculture ne signifie pas être pauvre, à condition de savoir s’enrichir par la connaissance et l’innovation.
En conclusion, l’expérience de Hong Minh montre que l’agriculture n’est plus une affaire silencieuse entre les champs. Chaque agriculteur, s’il sait apprendre, évoluer et maîtriser les technologies, peut sortir de la pauvreté et bâtir la prospérité sur sa propre terre natale.