Toutefois, comme l’a souligné le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam (PCV), Tô Lâm, dans son article intitulé « Développer l’économie privée – Un levier pour un Vietnam prospère », de nombreux ménages économiques individuels suivent encore les anciens modèles commerciaux, manquent de motivation pour évoluer vers une entreprise formelle, et parfois même, « ne veulent pas grandir ».
L’économie privée a été officiellement reconnue dans les documents du VIe Congrès du PCV en 1986.
Depuis lors, la perception de son rôle a progressivement évolué, parallèlement à la formation et au développement d’une économie de marché à orientation socialiste.
Entre 1986 et 1999, l’économie privée était considérée comme une composante de l’économie à multiples secteurs.
De 2000 à 2015, elle a été affirmée comme un secteur important et durable, devenant un moteur de développement économique.
Depuis 2016, elle est identifiée comme un levier clé du développement de l’économie de marché à orientation socialiste.
Avec ces bases particulièrement importantes, l’économie privée s’est développée tant en quantité qu’en qualité, devenant l’un des principaux piliers de l’économie.
Concrètement, le secteur privé compte aujourd’hui plus de 940 000 entreprises et plus de 5 millions de ménages exerçant une activité économique.
Il constitue une force essentielle dans la création de richesse, contribue significativement à la croissance économique, à la création d’emplois, à l’amélioration de la productivité, à la promotion de l’innovation et à l’accroissement de la compétitivité nationale, participant ainsi à la réduction de la pauvreté et à la stabilité sociale.
Cependant, cette force motrice reste en grande majorité composée de très petites, petites et moyennes entreprises.
Leur capacité financière et leur niveau de gestion restent limités, tout comme leur aptitude à l’innovation technologique.
La productivité, l’efficacité opérationnelle et la compétitivité restent faibles.
La vision stratégique est souvent absente, les liens entre entreprises nationales et avec les entreprises à capitaux étrangers sont faibles.
En outre, la reconnaissance du rôle et de la position de l’économie privée dans l’économie nationale reste incomplète.
Le cadre institutionnel et juridique présente encore des lacunes ; les droits à la liberté d’entreprendre et à la propriété ne sont pas pleinement garantis.
L’accès aux ressources reste difficile, notamment en ce qui concerne le capital, le foncier, les ressources naturelles et les ressources humaines qualifiées.
Une autre raison du « retard de croissance » de l’économie privée, selon certains experts, est la lourdeur des procédures d’enregistrement officiel d’une entreprise, tant en termes de temps que d’efforts.
De nombreux ménages commerciaux hésitent à se transformer en entreprise en raison de la nécessité de se conformer à des réglementations strictes, telles que les procédures de vente, de location d’actifs ou de faillite.
Par ailleurs, la législation fiscale actuelle autorise une imposition forfaitaire, relativement adaptée aux activités individuelles.
Les exigences comptables et fiscales sont également plus souples, ce qui facilite leur respect.
Toutefois, en devenant une entreprise formelle, ces avantages disparaissent, ce qui entraîne une augmentation des coûts de conformité, souvent au-delà de leurs capacités.
Ces obstacles qui freinent la croissance ou la volonté de croissance, voire la capacité de croissance, des acteurs privés, y compris des ménages commerciaux, ont été clairement identifiés.
C’est pourquoi, comme l’a déclaré le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh lors de la 2e réunion du Comité directeur chargé de l’élaboration du projet de développement de l’économie privée, il est nécessaire de procéder à une percée audacieuse, avec un esprit de dépassement de soi, des choix stratégiques bien ciblés, en identifiant les leviers et les points d’appui pertinents et réalisables, afin de marquer un tournant décisif dans le développement de l’économie privée.
En outre, il faut garantir les droits à la liberté d’entreprendre, à la propriété et à la protection des droits et intérêts légitimes des citoyens et des entreprises.
Il ne faut pas criminaliser les relations économiques ou civiles, et les problèmes économiques doivent être résolus par des moyens économiques.
Il est particulièrement important de créer un élan, de transmettre de l’inspiration, de faire confiance et de placer de grands espoirs dans l’économie privée.
C’est à cette condition que celle-ci pourra accomplir sa mission : devenir la force pionnière dans une nouvelle ère et le moteur qui guidera l’économie nationale.