Michael Kokalari, économiste en chef de VinaCapital. Photo : TNCK. |
Perspectives favorables de l’attraction des IDE
Par rapport à 2022, les IDE effectivement décaissés au Vietnam en 2023 ont progressé de 3,5 % pour établir un record, à 23,2 milliards de dollars. Cette somme peut paraître modeste, mais elle représente plus de 5 % du PIB du Vietnam, équivalent au ratio IDE/PIB de la Chine au moment où ce marché était très attrayant pour les grandes entreprises internationales.
Le responsable de VinaCapital a estimé, lors de sa récente interview à la presse, que le Vietnam était l’un des pays les plus attractifs dans le monde pour les investisseurs étrangers. La raison en est que les flux d’IDE vers le Vietnam sont revenus au niveau d’avant le Covid-19 tandis que les flux mondiaux d’IDE, qui avait diminué d’environ 40 % pendant la période de Covid-19, n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant la pandémie.
L’année dernière, le montant d’IDE approuvé au Vietnam a augmenté de plus de 30 %, pour atteindre 36,6 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars investis par LG Innotek dans la construction d’une usine à Hai Phong, 1,5 milliard de dollars par Jinko Solar dans le projet d’usine de panneaux solaires et 500 millions de dollars par ECOVANCE dans le projet d’usine de matériaux organiques de haute technologie. Le décaissement des projets enregistrés en 2023 pourrait être effectué en 2024. Par conséquent, « nous pensons que les perspectives de l’attraction des IDE au Vietnam en 2024 resteront très favorables », a déclaré Michael Kokalari.
Le secteur manufacturier sera le plus attractif des IDE
D’après l’économiste en chef de VinaCapital, le secteur manufacturier sera le plus attractif, car de nombreuses multinationales souhaitent déplacer leur production hors de Chine. Il est très probable que 80 % des IDE au Vietnam en 2024 se dirigeront vers le secteur manufacturier, par exemple dans des usines ou des projets de soutien tels que des centrales électriques, ou des infrastructures de stockage.
Le secteur manufacturier sera le plus attractif, car de nombreuses multinationales souhaitent déplacer leur production hors de Chine. - L’économiste en chef de VinaCapital, Michael Kokalari
Une autre raison pour laquelle les experts pensent que le secteur manufacturier attirera la majeure partie des IDE au Vietnam, c’est le grand potentiel de développement de ce secteur dans l’avenir.
Le Vietnam poursuit le « Modèle de développement de l’Asie de l’Est », qui est une approche que des économies considérées comme « Tigre d’Asie » ont appliquée pour se développer. Cette stratégie de croissance économique se concentre sur la fabrication de produits à exporter tels que des téléphones, des appareils électroniques, des vêtements. La contribution du secteur manufacturier au PIB des économies développées d’Asie est souvent supérieure à 30 % lorsqu’elle atteint son niveau le plus élevé. Pendant ce temps, la contribution du secteur manufacturier au PIB du Vietnam demeure actuellement inférieure à 25 %. Cela montre le potentiel de développement futur de ce secteur.
Le Vietnam devient de plus en plus attractif pour les grandes entreprises étrangères, notamment celles de haute technologie, comme en témoigne l’annonce d’Apple de déplacer les activités de conception et de production d’iPad au Vietnam.
De plus, l’émergence d’une classe moyenne fortement consommatrice crée des opportunités pour le développement de productions locales, bénéficiant ainsi aux entreprises d’IDE. De nombreuses entreprises japonaises montrent leur intérêt pour les investissements dans le secteur manufacturier et immobilier au Vietnam.
Opportunités et défis
Michael Kokalori a indiqué que le Vietnam avait de deux avantages majeurs pour attirer les IDE dans le secteur manufacturier à l’avenir.
Production dans une usine de fabrication Samsung au Vietnam. Photo : KTDT. |
Premièrement, c’est une main-d’œuvre qualifiée à coût compétitif. En effet, les salaires des ouvriers dans les usines au Vietnam ne représentent que la moitié de ceux de la Chine, alors que la qualification des ressources humaines dans ces deux pays est à peu près la même, selon des enquêtes de l’Organisation japonaise de promotion du commerce (JETRO) et d’autres. Par ailleurs, 40 % de la population active au Vietnam travaille actuellement dans le secteur agricole qui contribue à environ 12 % du PIB, et plus de la moitié de la population vietnamienne a moins de 35 ans. Cette main-d’œuvre jeune et abondante pourrait migrer de l’agriculture vers la production industrielle dans les années à venir.
Deuxièmement, les États-Unis, principal marché d’exportation du Vietnam, ouvrent leurs portes aux entreprises exportatrices vietnamiennes. Cela signifie que les sociétés multinationales qui y investissent pourront tirer parti de l’accès préférentiel au marché américain.
Ensuite, une grande opportunité pour le Vietnam est le développement potentiel de l’industrie des semi-conducteurs. Cependant, un obstacle majeur qui se pose, c’est le nombre insuffisant d’ingénieurs disponibles pour servir l’industrie de la production de semi-conducteurs à grande échelle.
Un autre obstacle est la capacité du Vietnam à fournir une source d’électricité stable, dans un contexte où le Nord connaît toujours des pénuries d’électricité.
En outre, l’application d’un impôt minimum mondial sur les sociétés (GMT) au Vietnam en 2024 pourrait affecter l’attrait des IDE, car cela pourrait entraver la fourniture des incitations fiscales aux investisseurs étrangers.
Pour augmenter sa capacité à attirer des IDE, le Vietnam devrait continuer à investir dans le développement de l’infrastructure, créer un environnement d’affaires plus ouvert et améliorer la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle.
Toutefois, Michael Kokalori a exprimé sa conviction que le Vietnam mettrait en œuvre des solutions pour soulager le fardeau des impôts pour les investisseurs étrangers.
Plus important, un faible taux d’imposition n’est pas la priorité dans la décision d’une entreprise d’investir dans une nouvelle usine, selon une enquête de la Banque mondiale et d’autres organisations. Les autres facteurs tels que les coûts et la qualité de la main-d’œuvre, les infrastructures, ou encore l’environnement d’affaires sont pris en compte.
Pour augmenter sa capacité à attirer des IDE, l’économiste en chef de VinaCapital a recommandé au Vietnam de continuer à investir dans le développement de l’infrastructure, en particulier les infrastructures d’électricité, de transport, et de stockage.
Par la suite, il sera nécessaire de créer un environnement d’affaires plus ouvert, facilitant les échanges entre les investisseurs étrangers et les organes compétents lors du processus de demande d’autorisation d’investissement.
Et enfin, le Vietnam doit améliorer la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle afin de garantir la qualité de la main-d’œuvre fournie sur le marché dans le futur.