Selon la docteure Le Thi Mai Anh, cheffe du service Asie du Sud-Est, Asie du Sud et coopération régionale du Département de développement des marchés extérieurs relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce), l’Asie du Sud regroupe huit pays : l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Népal, le Bhoutan, les Maldives, le Sri Lanka et l’Afghanistan, avec une population totale de plus de 1,8 milliard d’habitants, soit près d’un quart de la population mondiale.
Quatre marchés sont identifiés comme stratégiques : l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka.
L’Inde, pays le plus peuplé (environ 1,45 milliard d’habitants) et quatrième économie mondiale, joue un rôle de porte d’entrée commerciale pour la région.
Accéder au marché indien pourrait ouvrir la voie à d'autres marchés sud-asiatiques.
La proximité géographique entre le Sud-Est du Vietnam et l’Asie du Sud facilite le transport maritime.
Les marchandises vietnamiennes peuvent être expédiées par voie maritime vers des ports majeurs tels que Mumbai (Inde), Karachi (Pakistan) ou encore Chittagong (Bangladesh).
Les pays sud-asiatiques importent une grande variété de produits : biens de consommation, aliments transformés, produits de santé et de beauté, composants électroniques, matériaux de construction, intrants pour l’industrie textile, habillement et chaussure…
Il est à noter que ces pays cherchent de plus en plus à diversifier leurs sources d’approvisionnement et à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, ce qui constitue une opportunité pour les exportateurs d’Asie du Sud-Est.
Néanmoins, ce marché présente encore de nombreux défis pour les entreprises novices.
Le revenu moyen relativement bas rend les consommateurs très sensibles aux prix : ils préfèrent les produits bon marché, proposés en petits formats, et attirés par les promotions.
Ils attachent également une grande importance à l’emballage, notamment à la certification de qualité, et manifestent une préoccupation croissante pour la santé et la sécurité alimentaire.
Les entreprises vietnamiennes doivent aussi tenir compte des spécificités religieuses : l’hindouisme prédomine en Inde, le bouddhisme au Sri Lanka, l’islam au Pakistan et au Bangladesh.
De plus, les politiques commerciales des pays d’Asie du Sud changent souvent de manière imprévisible, et les gouvernements renforcent régulièrement la protection du marché intérieur à travers des barrières techniques ou des règlements assimilables à des licences conditionnelles.
Pour réussir sur ces marchés, Le Thi Mai Anh recommande aux entreprises de bien étudier les habitudes de consommation de chaque pays et de comprendre les attentes de leurs partenaires.
Avec une classe moyenne en forte expansion, estimée à environ 700 millions de personnes d’ici 2030, les exportateurs doivent cibler cette catégorie ainsi que les jeunes consommateurs.
Ils sont également invités à participer activement à des foires commerciales pour établir des contacts avec des partenaires et clients potentiels.
Dans le contexte de croissance du commerce en ligne, les entreprises doivent exploiter les plateformes de e-commerce populaires en Inde telles que Amazon India, Flipkart ou Daraz, et investir dans le marketing numérique, notamment la publicité sur les réseaux sociaux comme YouTube ou Instagram.
Selon la professeure associée Trinh Thi Thu Hương, vice-directrice de l’Institut d’économie et de commerce international de l’Université du commerce extérieur, l’un des principaux obstacles en Asie du Sud réside dans la faiblesse des services logistiques : les infrastructures de transport sont vétustes, la connectivité multimodale est insuffisante, les coûts de transport élevés...
Les ports maritimes sont souvent saturés, les conteneurs manquent et les procédures douanières peuvent prendre de 20 à 45 jours.
Les entreprises vietnamiennes doivent donc prendre l’initiative de se connecter directement à leurs partenaires, se rendre sur place et élaborer des plans logistiques détaillés pour chaque envoi.
Concernant le Bangladesh, Do Van Trong, chef de la communauté vietnamienne sur place, recommande aux entreprises vietnamiennes d’y être physiquement présentes et de développer des stratégies marketing adaptées aux goûts et à la culture locale.
Les consommateurs bangladais sont attentifs aux prix, mais aussi aux services après-vente et aux avantages promotionnels.
Enfin, la professeure associée Trinh Thi Thu Huong conseille aux entreprises de préparer soigneusement leurs documents, certificats et formalités douanières, et de privilégier les sociétés de logistique locales expérimentées dans les pays importateurs.