C’est ce qu’a déclaré le docteur Le Quoc Phuong, ancien directeur adjoint du Centre d’informations sur l’industrie et le commerce du ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, en soulignant les perspectives pour le commerce extérieur du Vietnam en 2025.
Des ambitions de forte croissance pour 2025
L’année 2024 s’achève à grand pas. Il s’agit d’une année fructueuse pour les activités d’importation et d’exportation du Vietnam, alors que la demande mondiale s’est progressivement redressée après deux années pleines de difficultés dues à la pandémie de Covid-19. D’autre part, la hausse des prix des produits agricoles sur le marché mondial a contribué à augmenter le chiffre d’affaires des importations et des exportations nationales, a indiqué le docteur Le Quoc Phuong.
![]() |
Le Quoc Phuong, ancien directeur adjoint du Centre d’informations sur l’industrie et le commerce du ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce. Photo : congthuong.vn. |
Selon les récentes données du ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, en 2024, la valeur totale de l’import-export du Vietnam a atteint près de 800 milliards de dollars, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente et près de trois fois l’objectif fixé. C’est un niveau record jamais atteint en près de 40 ans de mise en œuvre du Renouveau (Doi moi).
Pour la neuvième année consécutive, le pays enregistre un excédent commercial, un élément clé pour la stabilité économique et la croissance future. Cela témoigne également de la capacité du Vietnam à s’adapter et à tirer parti des opportunités globales.
Le volume des exportations a connu une forte croissance grâce à la reprise des principaux groupes de produits. À lui seul, le chiffre d’affaires à l’exportation de produits agricoles, sylvicoles et aquatiques est estimé à 62,5 milliards de dollars, soit une hausse de 18,7 % en glissement annuel.
Avec 7,2 milliards de dollars, les fruits et légumes sont pour la première fois en tête du secteur agricole, dépassant des produits clés, riz compris. Pour 2025, le Vietnam s’est fixé l’objectif de figurer parmi les cinq premiers pays au monde en termes d’exportation de fruits et légumes.
En deuxième position se trouve le riz. En 2024, le Vietnam a exporté environ 9 millions de tonnes de riz, pour une valeur totale de près de 5,8 milliards de dollars, soit un nouveau record tant en termes de volume que de valeur.
Le café arrive au troisième rang avec une valeur totale des exportations estimée à 5,5 milliards de dollars. C’est la première fois que la valeur des exportations de ce produit dépasse les 5 milliards de dollars. Le prix du café a également connu la plus forte augmentation parmi les principales exportations du Vietnam.
L’industrie de la noix de cajou a elle aussi atteint un jalon historique, avec des exportations s’élevant à 4,3 milliards de dollars, soit une hausse de 19 % par rapport à l’année précédente. Cela a permis au Vietnam de maintenir sa position de leader mondial en matière d’exportation de noix de cajou décortiquées depuis près de deux décennies.
Outre l’agriculture, les exportations de textile et de l’habillement a également dépassé les 44 milliards de dollars cette année, soit une augmentation de près de 11 % par rapport à 2023. Grâce à cette performance, l’industrie du textile et de l’habillement du Vietnam a dépassé le Bangladesh, retrouvant ainsi la deuxième place mondiale en termes de surplus commercial, juste derrière l’Inde.
Selon les prévisions, en 2025, avec la reprise des principaux marchés d’exportation, comme les États-Unis et l’Union européenne, ainsi qu’une amélioration du pouvoir d’achat des consommateurs, le secteur du textile vietnamien pourrait connaître de nouvelles perspectives de croissance.
Ces bons résultats sont dus aux efforts des ministères et branches concernés dans l’élaboration de politiques visant à lever les difficultés des entreprises, a fait savoir le docteur Le Quoc Phuong.
De plus, les entreprises vietnamiennes ont joué un rôle majeur dans ce succès. Elles comprennent mieux les marchés et s’adaptent rapidement aux fluctuations et aux exigences des marchés les plus exigeants, tout en surmontant habilement les obstacles commerciaux, a-t-il ajouté.
Les résultats de 2024 serviront de tremplin pour 2025 et les années suivantes. Dans un contexte de reprise économique mondiale marqué par des risques et des ruptures des chaînes d’approvisionnement, le Vietnam s’efforcera de poursuivre ses réformes administratives, d’améliorer l’environnement des affaires et de renforcer l’ouverture et la diversification des marchés d’exportation.
Pour 2025, le Vietnam vise une croissance du commerce extérieur supérieure à celle de 2024. Avec sa position croissante dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, sa production en expansion et son intégration approfondie dans l’économie mondiale, cet objectif semble à portée de main.
![]() |
Selon les prévisions, en 2025, avec la reprise des principaux marchés d’exportation, comme les États-Unis et l’Union européenne, ainsi qu’une amélioration du pouvoir d’achat des consommateurs, le secteur du textile vietnamien pourrait connaître de nouvelles perspectives de croissance. Photo : congthuong.vn. |
Des défis à relever
Pourtant, 2025 sera une année pleine de défis et difficultés. Bien que la situation économique mondiale évolue dans une direction plus positive, le taux d’inflation sera encore élevé dans certains marchés. Par ailleurs, les conflits et tensions seront de plus en plus compliqués, affectant les échanges commerciaux mondiaux.
Le nouveau mandat du président américain Donald Trump pourrait également entraîner des politiques qui affecteront les activités d’import-export du Vietnam.
La politique américaine a un impact significatif sur le Vietnam, car c’est un grand marché d’exportation avec un excédent commercial élevé. Par conséquent, l’imposition de taxes sur les produits exportés vers les États-Unis pourrait poser des difficultés pour les entreprises vietnamiennes.
Quant aux marchés de l’Union européenne (UE), les exportateurs vietnamiens doivent tenir en compte de la nouvelle législation européenne, appelée le Règlement EUDR (European Union Deforestation Regulation), qui interdit la vente de marchandises issues de la déforestation ou de la dégradation des forêts. Cette mesure vise à limiter l’impact environnemental des produits importés dans l’UE.
Pour répondre aux exigences de plus en plus strictes des marchés européens, il est important d’accorder une grande priorité à la transformation verte et à la fabrication des produits à base des matériaux recyclables et respectueux de l’environnement.
Les instruments de défense commerciale, dont les plus courants sont les mesures antidumping, les mesures antisubvention ou les mesures de sauvegarde, sont des barrières commerciales pour les produits d’exportation vietnamiens. La tendance croissante à utiliser des instruments de défense commerciale pose de nombreux défis aux entreprises exportatrices vietnamiennes.
Ces dernières années, le Vietnam a connu la plus forte progression dans le classement mondial du commerce des biens et marchandises. Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Vietnam figure dans le groupe des 30 pays et territoires ayant le commerce extérieur le plus élevé au monde. La valeur des exportations vietnamiennes est au 23e rang mondial, et celle des importations, au 22e (avec un montant total de 326 milliards de dollars, représentant 1,3 % des importations mondiales).
Le risque que les marchandises exportées vietnamiennes fassent l’objet de poursuites en matière de défense commerciale est inévitable, les entreprises doivent bien se préparer à y faire face.
Un système d'alerte précoce pour les mesures de défense commerciale est nécessaire pour contribuer à garantir un développement commercial durable en aidant les entreprises à mieux répondre à d'éventuelles enquêtes commerciales.