La Mission du développement des marchés internationaux du ministère du Commerce et de l’Industrie, en coopération avec le Centre de la promotion commerciale et de l’investissement de Ho Chi Minh-Ville (ITPC) a organisé le colloque intitulé “La logistique verte - tendance de développement durable pour les exportateurs vietnamiens”, qui s’est inscrit dans le cadre du Salon international des matières premières du Vietnam 2025 (du 4 au 6 septembre) tenu dans la mégapole du Sud.
L'objectif de ce colloque était de souligner l'importance du secteur logistique dans le commerce international et la création d'une chaîne d'approvisionnement durable. L'événement a aussi offert aux entreprises de logistique et à leurs partenaires l'opportunité d'échanger leurs expériences et de formuler des recommandations concrètes pour développer l'industrie logistique vietnamienne. Ces recommandations visent à la rendre plus diversifiée et adaptable face aux fluctuations de l'économie mondiale actuelle.
Les services de logistique en croissance
Dans le contexte actuel d'intégration mondiale du Vietnam, le secteur logistique doit se développer en phase avec la stratégie du marché.
Cela passe par le transport multimodal, la modernisation des infrastructures portuaires et le soutien aux entreprises pour la mise en place de chaînes d'approvisionnement efficaces et durables.
Selon les experts, le Vietnam a le potentiel de devenir un nouveau pôle logistique mondial.
Cette opportunité s'explique par sa position géographique stratégique dans une région en plein essor.
Le Vietnam est idéalement situé pour le transport international, bénéficiant d'un littoral de 3 260 km, de nombreux ports en eau profonde, d'aéroports internationaux, d'un réseau ferroviaire transnational et d'un réseau de transport performant.
Le Vietnam bénéficie d'une économie en pleine croissance, ce qui en fait un nouveau pôle de production en Asie-Pacifique.
Son e-commerce en plein essor le positionne comme le huitième marché émergent à forte consommation de la région.
Parallèlement, le secteur logistique vietnamien a connu des progrès significatifs ces dernières années, avec un taux de croissance annuel moyen de 14 à 16 % et une augmentation du nombre d'entreprises et de la qualité des services.
L'indice d'efficacité logistique du Vietnam s'est hissé au 43e rang mondial sur 139 et au 5e rang dans l'ASEAN.
Le marché de la logistique représente actuellement environ 45 à 50 milliards de dollars.
Parallèlement, le développement de centres logistiques, de ports secs, d'entrepôts sous douane et de transport multimodal joue un rôle de soutien efficace pour les secteurs d'exportation clés tels que l'électronique, le textile, l'agriculture et la pêche.
Dans son discours d'ouverture, Tran Phu Lu, directeur de l'ITPC, a affirmé que le développement d'une logistique verte était aujourd'hui "une tendance incontournable et un critère important pour évaluer le développement durable de l'ensemble du secteur logistique".
En intégrant la logistique verte à leurs stratégies, les entreprises augmenteront à long terme leur clientèle, augmenteront leurs revenus, réduiront leurs coûts et amélioreront leur compétitivité.
La logistique verte bénéficie d'une attention et d'investissements croissants de la part du gouvernement et des entreprises.
L'investissement dans les infrastructures, notamment un réseau routier de qualité, crée des conditions favorables pour les transporteurs vietnamiens, leur permettant de gagner du temps et de réduire leurs coûts.
Parallèlement, le réseau portuaire s'améliore constamment.
Les investissements se concentrent sur la modernisation et l'accès à des services de transport plus avancés et plus écologiques.
Dans le même temps, les entreprises de logistique vietnamiennes innovent activement, renforcent leur coopération internationale et intègrent de nouvelles technologies pour améliorer leur compétitivité.
Des obstacles à lever
Cela reflète l'évolution positive du secteur logistique, qui s'adapte au contexte mondial et à la demande croissante des marchés d'exportation.
Les entreprises souhaitant investir dans le développement de la logistique verte et l'ayant intégrée à leur stratégie commerciale se doivent de mettre à jour régulièrement le contenu de leur stratégie et l'état d'avancement de sa mise en œuvre afin de l'adapter à la réalité.

Elles doivent améliorer la qualité du transport en remplaçant les anciens véhicules par de nouveaux, plus respectueux de l'environnement, optimiser les entrepôts grâce au GPS pour une meilleure gestion et un meilleur positionnement, et développer les technologies du froid pour résoudre les problèmes de conservation et réaliser des économies d'énergie.
“Afin de faciliter la mise en place d'activités logistiques vertes, le gouvernement doit élaborer des politiques visant à soutenir le développement de services logistiques locaux performants, adaptés aux caractéristiques socio-économiques de chaque localité, en créant les conditions propices aux petites entreprises et en facilitant l'accès aux capitaux nationaux et étrangers, le développement des marchés, la formation et l'accès à l'information.
De plus, pour maintenir la compétitivité, il est nécessaire d'allouer un budget à la recherche, à l'application, au transfert de technologie et aux avancées techniques afin de développer des services logistiques verts, de compléter les infrastructures logistiques vertes, d'investir dans des stratégies de systèmes d'entreposage adaptés, de les moderniser et de les développer”, a poursuivi M. Phu Lu.
Cependant, le secteur logistique vietnamien présente encore de nombreuses limites, telles que des coûts logistiques élevés, absence de connexion entre les entreprises de services logistiques et les entreprises de fabrication, de commerce et d'import-export, une taille et un potentiel financier encore faibles.
Les entreprises logistiques vietnamiennes fonctionnent actuellement de manière fragmentée et manquent de connectivité entre les régions.
De plus, les activités logistiques ont de nombreux impacts sur l'environnement, tels que la pollution de l'air, des eaux, les déchets solides, le bruit, etc. Face à cette situation, il est crucial de rechercher et de promouvoir des activités logistiques vertes au Vietnam.
Selon Truong Tan Loc, vice-président de l'Association de logistique de Ho Chi Minh-Ville (HLA), le Vietnam, bien que classé 43e sur 139 dans l'Indice de performance logistique (IPL), souffre encore de faiblesses inhérentes à la qualité de ses infrastructures et de ses services, ce qui entraîne des gaspillages et des émissions de carbone inutiles.
Analysant en profondeur les barrières internationales, M. Tân Lôc a souligné que la pression exercée par l'Union européenne (UE) établit de nouvelles normes. Plus précisément, le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), qui entrera en vigueur à partir de 2026, agira comme une taxe carbone sur les marchandises importées dans l'UE.
Données sur la logistique verte, un indicateur de performance
Les entreprises exportatrices devront acheter et soumettre des « certificats MACF » correspondant aux émissions de carbone du produit. Parallèlement, la Directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (DDDDE) obligera les entreprises à assumer la responsabilité de leurs impacts environnementaux négatifs tout au long de leur chaîne d'approvisionnement et à appliquer des normes ESG (Environnement, Social et Gouvernance) rigoureuses.
Selon M. Tan Loc, des réglementations comme le MACF et le DDDDE revalorisent le carbone à l'échelle mondiale.
La logistique verte n'est donc plus seulement une question de responsabilité sociale, mais un véritable "passeport" commercial.
La conformité est désormais une condition nécessaire pour éviter les amendes ou les interdictions d'exportation. Plus largement, pour attirer les acheteurs internationaux, les entreprises vietnamiennes doivent mettre en place une chaîne d'approvisionnement transparente, durable et à faibles émissions.
Les données sur la logistique verte deviendront un indicateur de performance, renforçant directement la valeur de la marque et le pouvoir de négociation des entreprises vietnamiennes.
Cependant, le principal défi actuel réside dans la dépendance excessive aux routes et le manque de connectivité entre les infrastructures logistiques.
Pour y remédier, l'Association de logistique de Ho Chi Minh-Ville a formulé une série de recommandations et de propositions stratégiques.
Tout d'abord, il est nécessaire d'élaborer un ensemble commun de critères pour évaluer la logistique verte à l'échelle nationale.
Concernant le financement, M. Loc a proposé des politiques financières vertes innovantes afin de supprimer les obstacles aux coûts d'investissement initiaux des entreprises, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME).
Parmi les solutions concrètes figurent le développement de crédits verts à taux d'intérêt préférentiels, la réduction des taxes à l'importation pour les camions électriques et les équipements logistiques économes en énergie, ainsi que la réduction de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises certifiées en logistique verte.
De plus, la finalisation rapide du cadre légal pour le marché des crédits carbone pourrait générer de nouvelles sources de revenus pour le réinvestissement dans les technologies propres.
En matière d'infrastructures, l'Association de logistique de Ho Chi Minh-Ville recommande au gouvernement d'accélérer les projets logistiques majeurs, en ciblant les zones de transport multimodal pour désengorger les routes.
Une autre proposition clé est la création d'un "écosystème de données logistiques" (système communautaire portuaire) pour optimiser les opérations dans l'ensemble de la zone économique du Sud.
Enfin, pour les ressources humaines, M. Loc insiste sur la nécessité de réformer les programmes de formation. Il propose un modèle de coopération tripartite impliquant l'État, les établissements d'enseignement et les entreprises.
Il suggère également d'organiser régulièrement des séminaires et forums pour sensibiliser les dirigeants aux tendances et réglementations environnementales mondiales.