Une croissance soutenue
Cinq ans après son entrée en vigueur, l’EVFTA confirme son rôle de catalyseur du commerce vietnamien. Si le textile, la chaussure et le bois ont été les premiers secteurs bénéficiaires, l’agroalimentaire — et en particulier les fruits — s’impose aujourd’hui comme un relais de croissance majeur.
En moyenne, les exportations se maintiennent autour de 50 millions de dollars par mois, signe d’une dynamique durable. En juin, malgré un repli mensuel de 12,7 %, elles progressaient encore de 56,3 % par rapport à juin 2024.
Parmi les produits phares, le fruit de la passion domine : 58,6 millions de dollars exportés au premier semestre (+112,9 %), soit plus d’un quart des ventes totales vers l’UE. D’autres produits affichent des hausses spectaculaires : l’ananas (+207,9 %), l’amande (+140,7 %), la pistache (+102,1 %). La mangue, la noix de coco et le citron confirment également leur montée en puissance.
Ces résultats sont liés aux investissements des entreprises dans des zones de culture certifiées GlobalGAP, la traçabilité numérique et le respect strict des normes sanitaires européennes.
Pourquoi l’Europe apprécie-t-elle les fruits vietnamiens ?
Selon Dang Phuc Nguyen, secrétaire général de l’Association vietnamienne des fruits et légumes, le succès des exportations vers l’UE repose sur trois facteurs essentiels : les avantages tarifaires de l’EVFTA, qui ramènent la plupart des droits de douane à 0 %, l’amélioration de la qualité et de la sécurité alimentaire, ainsi que la hausse de la demande européenne, stimulée par les préoccupations de santé et les conditions climatiques défavorables ayant réduit la production locale. Dans ce contexte, les consommateurs européens se tournent de plus en plus vers les fruits tropicaux — mangue, ananas ou fruit de la passion — pour lesquels le Vietnam bénéficie d’un avantage comparatif naturel.
Défis et perspectives
Malgré cette percée, l’accès au marché européen reste exigeant : normes SPS et TBT strictes, traçabilité obligatoire, résidus phytosanitaires à seuil minimal, coûts logistiques élevés.
Pour consolider et élargir sa présence, le secteur vietnamien doit investir davantage dans la transformation et la création de valeur ajoutée, diversifier ses produits et ses circuits de distribution, renforcer la promotion commerciale et la construction d’une marque nationale, tout en s’appuyant plus étroitement sur les représentations commerciales du pays en Europe.
Avec l’EVFTA, le Vietnam dispose d’une opportunité unique pour porter ses exportations de fruits et légumes vers l’UE à plus de 500 millions de dollars par an. Mais ce potentiel ne pourra se concrétiser qu’au prix d’un effort conjoint de l’État et des entreprises : soutien institutionnel et diplomatique d’un côté, montée en gamme et construction de marques de l’autre.
L’Europe, l’un des marchés les plus exigeants au monde, pourrait ainsi devenir un levier de reconnaissance internationale pour l’agriculture vietnamienne.