L’Opéra de Hanoï
Le 17 août 1945, l’Opéra de Hanoï devient un témoin privilégié de l’histoire révolutionnaire : le drapeau rouge à l’étoile jaune y est hissé et la chanson « Tien quan ca » retentit, joué à l'harmonium par Nguyen Huu Hieu lors du rassemblement marquant la présentation officielle du Front Viet Minh.
Deux jours plus tard, c’est depuis ce lieu que débute l’insurrection générale. Par la suite, le Théâtre accueille les réunions du gouvernement, des militaires et des artistes, notamment à l’automne 1945, après neuf années de résistance.
Édifié il y a plus d’un siècle, il est considéré comme l’un des joyaux architecturaux les plus emblématiques et prestigieux de la capitale millénaire. Son esthétique est, selon les mots du livre « L’Opéra de Hanoï — la beauté d’un siècle », « structurellement harmonieuse, unique en son genre, incomparable avec les constructions de Hanoi, Saïgon, de l’Indochine, ou même de l’Europe ».
Le palais du Tonkin (Bac Bo phu)
Édifié en 1918 à l’emplacement de l’ancienne pagode Bao An (dont subsiste la tour Hoa Phong près du lac Hoan Kiem), ce bâtiment fut la résidence et le lieu de travail du président Ho Chi Minh après la lecture de la Déclaration d’indépendance.
Il fut aussi le théâtre de la prise de pouvoir réussie par le peuple de Hanoï, le 19 août 1945. Symbole du pouvoir colonial en Tonkin, l’édifice traverse les secousses de l’histoire : lors du coup de force japonais contre les Français, en mars 1945, il devient le siège du Gouvernement général du Tonkin sous l’administration de Tran Trong Kim.
Le 19 août 1945, à l’issue d’un grand rassemblement à l’Opéra de Hanoï, les habitants de la capitale et les forces du Viet Minh prennent possession du bâtiment, incarnation de l’autorité coloniale et féodale. Celui-ci entre dès lors dans le giron du pouvoir révolutionnaire et prend le nom de Bac Bo phu. Après 1954, il est rénové pour devenir la Maison d’hôtes du gouvernement. Avec ses quatre changements de nom et de fonction, il incarne les tournants majeurs de l’histoire moderne du pays.
La maison 48, rue Hang Ngang
Dans le cœur historique de Hanoï, cette demeure est devenue le berceau symbolique de la nation vietnamienne : c’est ici qu’en 1945 Ho Chi Minh rédigea la Déclaration d’indépendance. Aujourd’hui ouverte aux visiteurs, la maison reste préservée dans son architecture originelle : ensemble de bâtiments rectangulaires accolés, avec devant et derrière ouverts, porte donnant sur Hang Ngang, arrière sur Hang Can, et en leur centre une cour carrée dotée d’un puits et de végétation. À chaque étage, de larges balcons fleuris dialoguent avec la nature. Le rez-de-chaussée accueille un parcours thématique dédié aux grands événements du Vietnam, tandis qu’au premier étage trône la table historique où Ho ChiMinh écrivit la Déclaration, avec la machine à écrire préservée dans la pièce de réception d’antan.
La maison 101, rue Tran Hung Dao
Durant la Révolution d’août 1945, cette adresse (ancien quartier de Hoan Kiem) abrita le premier comité militaire révolutionnaire de Hanoï, réuni le matin du 18 août. Le comité y décida d’accélérer l’insurrection face à la présence japonaise.
Selon le comité de gestion des sites historiques de Hanoï, le comité militaire révolutionnaire aurait établi son quartier général dans le sous-sol de la maison, une cave construite de manière robuste, haute de 1,2 mètre, et aisément accessible. Le 101, rue Tran Hung Dao, est ainsi entré dans l’histoire glorieuse de la capitale comme un jalon marquant la victoire de la Révolution d’août à Hanoï. Le lieu est désormais signalé par une plaque commémorative : « Le 18 août 1945, ici siégeait le comité militaire révolutionnaire (comité d’insurrection) ».
Pour en valoriser la mémoire, il est aujourd’hui crucial de restaurer la plaque commémorative devenue illisible et d’accroître sa visibilité auprès du public.
Le camp de Bao an binh
Ce site fut le théâtre d’un affrontement psychologique entre révolutionnaires et troupes japonaises lourdement armées. Grâce à la démonstration de force populaire et au dialogue des dirigeants révolutionnaires, les Japonais finissent par se retirer, permettant le contrôle du camp par les insurgés, un acquis décisif pour la victoire à Hanoï.
La porte du camp, reconstituée selon les archives coloniales françaises (tuiles vernissées, dragons en relief en porcelaine, inscription « Garde Indigène »), a fait l’objet d’une restauration minutieuse : les spécialistes en sinologie ont préservé ou reconstitué des couplets classiques chinois originels, louant la paix retrouvée et le rôle des forces de l’ordre.
Autres lieux mémoriels
Citons également : la tour du drapeau de Hanoï ; l’ancien siège de la police centrale au bord du lac Hoan Kiem (au 2, rue Trang Thi), devenu le siège de la police du district Hoan Kiem ; ou encore la maison de Nguyen Thi An (quartier de Phu Thuong), lieu de résidence du Président Ho Chi Minh.
Ce parcours à travers les lieux révolutionnaires de Hanoï fait ressurgir une mémoire vive, jalonnée de « souvenirs impérissables ». Ces « adresses rouges » incarnent l’éducation de plusieurs générations à l’amour de la patrie et à la détermination révolutionnaire, jusqu’au Jour de l’indépendance, le 2 septembre.