(80e Fête nationale) 15 août 1945 : la Conférence nationale du Parti s’achève, le Comité régional du Parti pour le Tonkin donne l’ordre d’insurrection

La Conférence nationale du Parti s’étant achevée, les délégués regagnèrent rapidement leurs localités, porteurs des orientations du Parti, afin de déclencher et de diriger à temps l’insurrection populaire pour la prise du pouvoir.

Les journées bouillonnantes d’août à Hanoï. La Révolution d’Août ouvre une ère nouvelle au Vietnam, celle où le peuple prend en main son pays et son destin. Photo d’archives : VNA.
Les journées bouillonnantes d’août à Hanoï. La Révolution d’Août ouvre une ère nouvelle au Vietnam, celle où le peuple prend en main son pays et son destin. Photo d’archives : VNA.

À l’issue de cette Conférence nationale, le Parti lança un appel à l’ensemble du peuple, aux organisations révolutionnaires et aux membres du Parti communiste.

L’appel disait :

Compatriotes ! Organisations révolutionnaires ! Camarades communistes !

Le fascisme japonais s’est effondré comme l’ont fait le fascisme allemand et italien. L’armée japonaise est en pleine déroute et se voit désarmée sur tous les fronts. Les troupes alliées sont sur le point d’entrer en Indochine. L’heure de l’action décisive est arrivée.

Compatriotes et organisations de salut national, sous la direction du Comité national de libération et du Comité d’insurrection, unissez-vous aux troupes de libération et aux unités d’autodéfense pour vous soulever et occuper les postes militaires, chefs-lieux de districts, de cantons et de provinces, et pour désarmer les Japonais.

Camarades, soyez lucides dans la direction et prêts à sacrifier vos vies dans cette lutte pour conquérir l’indépendance de la Patrie, afin d’être dignes de votre rôle d’avant-garde de la nation.

L’heure de l’insurrection a sonné, le jour de gloire de la Patrie a éclaté.

Combat à outrance ! Combat à outrance ! Combat à outrance !

La victoire sera assurément nôtre. (1)

image.jpg
Des soldats de l’armée du Kwantung du Japon fasciste remettent leurs armes et se rendent à l’Armée rouge soviétique (août 1945). Photo d’archives internationales : VNA.

Au Tonkin, dès que fut connue la nouvelle de la reddition sans condition du Japon aux Alliés, le Comité régional du Parti pour le Tonkin convoqua une réunion à Ha Dong. Animés d’un esprit d’urgence, d’audace et de détermination, bien que n’ayant pas encore reçu l’ordre d’insurrection du Comité central et sans connaître précisément l’attitude des Japonais, mais s’appuyant sur la directive historique du 12 mars 1945 du Bureau politique intitulée « Les Japonais et les Français se battent – Notre action », et sur la situation concrète dans leur zone de responsabilité, le Comité régional décida : « Le moment est venu, il n’est plus possible d’attendre », et donna l’ordre de hâter l’insurrection dans les provinces placées sous sa responsabilité, selon le mot d’ordre : « Étendre l’insurrection pour prendre le pouvoir, des communes et districts vers les chefs-lieux et les villes ».

L’ordre d’insurrection du Comité régional fut transmis en toute hâte aux localités.

À Hanoï, le soir même, un membre du Comité régional, chargé de diriger l’insurrection dans la capitale, porta immédiatement l’ordre d’insurrection en ville. Parallèlement, le Comité régional mit en place le Comité militaire révolutionnaire de Hanoï afin de préparer activement le soulèvement.

Suivant la directive du Comité régional, le Comité municipal de Hanoï convoqua une réunion extraordinaire à la pagode Ha (Dich Vong, Tu Liem, Hanoï) pour recenser les forces et examiner les mesures urgentes à prendre pour lancer l’insurrection.

Dans plusieurs provinces, bien que n’ayant pas reçu d’ordre des échelons supérieurs, mais profitant de l’apparition d’une conjoncture favorable, les Comités provinciaux du Parti et du Viet Minh de Bac Giang, Hai Duong, Ha Tinh, Quang Nam et My Tho déclenchèrent et dirigèrent avec succès le soulèvement populaire pour prendre le pouvoir au chef-lieu de province.

À Bac Giang, Hai Dương et Ha Tinh, l’insurrection partit des communes et districts pour atteindre le chef-lieu de province, puis se conclut dans les localités restantes.

À Quang Nam et My Tho, l’insurrection débuta au chef-lieu de province avant de s’étendre aux districts et communes. La méthode adoptée dans ces provinces consistait en une étroite combinaison entre forces politiques et forces armées, les premières jouant un rôle décisif, les secondes celui d’avant-garde et de soutien.

À Bac Giang, Quang Nam et My Tho, le soulèvement mobilisa les forces des districts et communes pour converger vers les chefs-lieux et coordonner l’action avec les forces locales afin de s’emparer du pouvoir.

À Hai Duong et Ha Tinh, grâce à des conditions favorables, les dirigeants surent saisir l’occasion et déclencher l’insurrection directement dans les villes et chefs-lieux, sans attendre le renfort des campagnes.

À Hue, conscients de l’importance stratégique de cette ville, bastion du régime féodal fantoch, le Comité central et le Comité provincial de Thua Thien s’employèrent activement à préparer les conditions assurant le succès du soulèvement. Le Comité provincial convoqua immédiatement une conférence des cadres de tout le territoire, décidant de mobiliser la population pour prendre le pouvoir, en organisant d’abord des insurrections dans les districts afin de soutenir le soulèvement victorieux à Hue.

kn1.jpg
Le détachement de guérilleros de Ba To, créé le 14 mars 1945 après le soulèvement victorieux de Ba To (Quang Ngai) le 11 mars 1945, instaura le pouvoir révolutionnaire populaire et constitua la force principale participant directement au soulèvement général au Centre, contribuant à la victoire de la Révolution d’Août 1945. Photo d’archives : VNA.

À Quang Ngai, la quasi-totalité des villages et cantons situés le long de la route nationale no 1, du col Binh De (Duc Pho) à la côte de Soi (Binh Son), ainsi que l’île de Ly Son et le district de Ba To, remportèrent la victoire. Dans la nuit, les unités d’autodéfense de salut national, en coordination avec l’Association des malades pour le salut national, s’emparèrent des postes militaires dits khố xanh et khố đỏ, récupérant armes, munitions, uniformes et matériel, capturant le chef militaire pour obtenir les clés, armes, documents et sceaux de l’état-major ennemi. Dans la même nuit, les insurgés occupèrent et confisquèrent tous les dossiers et registres du Service de la sûreté.

En Cochinchine, à l’annonce de la reddition japonaise, bien que n’ayant pas reçu l’ordre du Comité central, le Comité régional de Cochinchine (Tien phong) forma immédiatement un Comité d’insurrection composé notamment de Tran Van Giau (président), Huynh Van Tieng, Nguyen Van Tran, etc.

(1) Parti communiste vietnamien : Documents complets du Parti, Éditions Politiques nationales, Hanoï, 2000, vol. 7, p. 416.

Back to top