Faire face aux fluctuations du marché du riz

Depuis le début de l’année 2025, le prix d’exportation du riz vietnamien ne cesse de baisser, atteignant actuellement un niveau inférieur à 390 USD la tonne. L’exportation de riz est confrontée à un double défi : une demande en recul alors que l’offre mondiale reste abondante et diversifiée, avec des prix très concurrentiels.

Conditionnement du riz destiné à l’exportation à la SARL Chơn Chính, province de Đồng Tháp. Photo : Duc Anh.
Conditionnement du riz destiné à l’exportation à la SARL Chơn Chính, province de Đồng Tháp. Photo : Duc Anh.

Selon le vice-ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, Phung Duc Tien, au cours des cinq premiers mois de 2025, le Vietnam a exporté 4,5 millions de tonnes de riz, générant un chiffre d’affaires de 2,34 milliards d’USD, soit une hausse de 12,2 % en volume mais une baisse de 8,9 % en valeur par rapport à la même période de 2024.

Cette diminution est principalement due à la chute du prix à l’export, avec une moyenne estimée à 516,4 USD/tonne, en recul de 18,7 %. Les Philippines demeurent le plus grand marché du riz vietnamien avec 41,4 % de part de marché, suivies par la Côte d’Ivoire (11,9 %).

Sur les seuls quatre premiers mois de 2025, la valeur des exportations vers les Philippines a chuté de 21,8 %, tandis que celle vers l’Indonésie s’est effondrée de 97,9 %. Toutefois, les exportations vers la Chine ont retrouvé une dynamique positive, ce pays devenant le troisième marché du Vietnam avec 10,3 % de part de marché sur les cinq premiers mois ; la valeur des exportations y a augmenté de 83,7 % sur les quatre premiers mois.

Quant au Bangladesh, le Vietnam y a enregistré une progression exceptionnelle, avec une valeur multipliée par 515,6 sur la même période.

« Face à la baisse de valeur sur les marchés traditionnels et aux évolutions imprévisibles de la demande dans plusieurs pays, le secteur rizicole doit impérativement diversifier ses débouchés, explorer de nouveaux marchés prometteurs et se concentrer sur les segments du riz de qualité supérieure, riz parfumé et riz spécialité, dont les prix restent stables en raison d’une demande croissante », a souligné le vice-ministre Phung Duc Tien.

En effet, les principaux pays importateurs de riz vietnamien, tels que les Philippines et l’Indonésie, s’efforcent désormais de renforcer leur autosuffisance en riz, ce qui limite leur recours à l’importation.

Selon l’Association vietnamienne de l’alimentation (VFA), la production de paddy de l’Indonésie durant les six premiers mois de 2025 est estimée à 32,57 millions de tonnes (soit environ 18,8 millions de tonnes de riz blanchi), en hausse de 11,2 % par rapport à la même période en 2024.

Le pays a relevé ses prévisions de production annuelle à plus de 34 millions de tonnes, contre 32 millions précédemment. Une fois les besoins nationaux (estimés à 31 millions de tonnes) couverts, une ouverture à l’exportation n’est pas à exclure. Aux Philippines, les stocks de riz en hausse réduisent également la nécessité d’importations.

Concernant le marché chinois, malgré la croissance constatée en ce début d’année, le riz vietnamien y fait face à une rude concurrence, notamment avec les produits en provenance de Thaïlande et du Cambodge dans la même gamme de qualité et de présentation. Par ailleurs, l’Inde, premier exportateur mondial, continue d’augmenter ses volumes. De avril 2024 à fin mars 2025, l’Inde a exporté 19,865 millions de tonnes de riz, soit une hausse de 21,4 % par rapport à l’année précédente.

Dans ce contexte, les entreprises vietnamiennes multiplient les stratégies pour s’adapter aux fluctuations du marché du riz, tant au niveau national qu’international.

M. Nguyen Tuan Khoa, directeur adjoint de la SARL Phuoc Thanh II (Long An), a indiqué que malgré les difficultés, son entreprise a exporté depuis début 2025 plus de 10 000 tonnes de riz, principalement vers Singapour, les Philippines et la Malaisie. « Aujourd’hui, la production rizicole progresse fortement dans de nombreux pays, ce qui accentue la concurrence pour le riz vietnamien », a-t-il précisé.

Pour maintenir les commandes à l’exportation et améliorer les prix, l’entreprise cherche à étendre sa présence vers de nouveaux marchés tels que l’Afrique, le Moyen-Orient ou encore certains marchés à forte exigence qualitative. Elle met également l’accent sur la production de variétés de riz haut de gamme, en partenariat avec les agriculteurs, en promouvant des modèles agricoles durables, respectueux de l’environnement.

Prochainement, l’entreprise prévoit de participer au programme intitulé « Développement durable d’un million d’hectares de rizières spécialisées en riz de qualité et à faibles émissions, associé à une croissance verte dans le delta du Mékong à l’horizon 2030 », afin de produire du riz à faible empreinte carbone, un produit de plus en plus recherché à l’échelle internationale.

Parmi les bénéficiaires du Projet de transformation de la chaîne de valeur rizicole pour l’adaptation au changement climatique dans le delta du Mékong (TRVC), la société Chon Chinh (Dong Thap) se distingue par sa stratégie d’exportation de riz haut de gamme et à faible émission, en ciblant les marchés européens et du Moyen-Orient.

L’entreprise modernise en continu ses lignes de production afin d’accroître la productivité tout en réduisant les émissions et les impacts négatifs sur l’environnement. Pour l’année 2025, elle prévoit de produire 200 000 tonnes de riz, dont 180 000 destinées à l’exportation.

M. Le Thanh Tung, vice-président et secrétaire général de l’Association vietnamienne de la filière rizicole (Vietrisa), souligne que face aux défis actuels, le Vietnam doit poursuivre son orientation vers des produits de qualité et à faibles émissions.

Dernièrement, le Vietnam a exporté vers le Japon son premier lot de riz labellisé “Riz vietnamien vert à faibles émissions”, marquant une avancée significative dans l’accès aux consommateurs étrangers.

À ce jour, sept entreprises ont obtenu la certification de production selon les standards du programme national pour un million d’hectares de rizières durables et à faibles émissions dans le delta du Mékong d’ici 2030.

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