La grande victoire du printemps 1975, couronnée par l’historique campagne de Hô Chi Minh, restera à jamais un moteur spirituel immense, renforçant la détermination du Vietnam à avancer fermement sur la voie que le Parti communiste du Vietnam et le peuple vietnamien ont choisie : celle de l’indépendance nationale et du socialisme. Elle constitue également une source d'élan pour poursuivre le Renouveau, mener à bien les deux missions stratégiques de construction et de défense ferme de la Patrie socialiste du Vietnam à l’ère nouvelle de la révolution.
À l'occasion du 50ᵉ anniversaire de la Libération du Sud et de la Réunification nationale (30 avril 1975 – 30 avril 2025), le colonel général, académicien, Héros des Forces armées populaires Nguyên Huy Hiêu, ancien membre du Comité central du Parti et ancien vice-ministre de la Défense, a accordé une interview au journal Nhân Dân. Il est revenu sur les batailles retentissantes livrées par notre armée et notre peuple, ayant conduit à la grande victoire du printemps 1975, à la libération du Sud, à la réunification du pays et à l’ouverture d’une nouvelle ère pour le Vietnam: l’ère de l’indépendance, de l’unification et du cheminement vers le socialisme.
Au cours de sa carrière militaire, Nguyên Huy Hiêu a participé à des campagnes majeures, telles que l'offensive du Têt 1968, la campagne de la route 9 au sud du Laos en 1971, la campagne de l’Été rouge de 1972, et surtout la campagne de Hô Chi Minh en 1975. Parmi ses souvenirs les plus marquants figure l’épisode de la marche fulgurante de son régiment, le 27e régiment de la division 320B, Corps d’armée 1, au printemps 1975. Cette opération, guidée par un précieux document, a joué un rôle important dans la libération de Saigon.
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Le colonel général Nguyên Huy Hiêu (deuxième à partir de la gauche), et le commissaire politique Trinh Van Thu, reçoivent de Mẹ Sáu Ngẫu la carte dans la nuit du 29 avril 1975 à Lai Thiêu. (Photo fournie par le colonel général Nguyên Huy Hiêu) |
L’histoire de la carte manuscrite de « Má Sáu Ngẫu »
Le 29 avril 1975, à la veille de l’assaut final sur Saigon, le 27e régiment, commandé par Nguyên Huy Hiêu, s’est arrêté à Bung, à une dizaine de kilomètres de Lai Thiêu, dans la province de Binh Duong. Dans l’obscurité de la nuit, une maison modeste éclairée par une faible lampe à huile a attiré l’attention du jeune commandant. Après un échange codé avec une femme, Huynh Thi Sau, surnommée « Má Sáu Ngẫu » (maman Sau Ngâu), celle-ci s’est révélée être une alliée de la révolution.
Má Sáu (maman Sau), ancienne enseignante de français à Saigon, a offert au régiment une carte manuscrite détaillant les positions ennemies à Lai Thiêu et les voies d’accès à Saigon. Ce document, rédigé avec une précision remarquable, indiquait notamment la présence d’un camp militaire ennemi à cinq kilomètres, dirigé par un colonel et abritant environ 2.000 sous-officiers. Má Sáu a conseillé au régiment de ne pas engager le combat contre ce camp, affirmant que les troupes ennemies se rendraient sans résistance, mais elle a insisté sur l’urgence de capturer Lai Thiêu et le pont Vinh Binh pour permettre l’avancée des blindés vers Saigon.
Elle a même proposé de monter avec ses deux jeunes enfants sur les chars du 27e régime pour le guider. Mais pour leur sécurité, il a refusé, en promettant de revenir après la victoire.
Grâce à cette carte et aux conseils de má Sáu, le 27e régiment a élaboré un plan d’attaque rapide. Le 30 avril 1975, à 4 h 30 du matin, l’unité a lancé une offensive motorisée, capturant Thai Thiêu et le pont Vinh Binh en seulement quelques heures. À 9 heures, le pont était contrôlé, ouvrant la voie à l’avancée vers Saigon.
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La population de Lái Thiêu accueille avec joie les soldats revenant libérer leur terre natale. (Photo fournie par le colonel général Nguyên Huy Hiêu) |
Le régiment a ensuite occupé le quartier général des blindés de l’armée sud-vietnamienne à Go Vâp, saisissant 13 bases militaires et prenant le contrôle de l’hôpital général de la République (aujourd’hui hôpital militaire 175). Cette opération, marquée par des combats intenses, mais rapides, a été un tournant décisif dans la chute de l'administration fantoche de Saigon.
Plus tard, inspiré par l’histoire de la carte de má Sáu, le compositeur Van Thành Nho a écrit la chanson « La carte donnée par maman », qui est devenue un chant traditionnel du 27e régiment. Parallèlement, l’écrivain militaire Pham Xuân Truong a immortalisé cette histoire dans son œuvre « La lampe dans la tempête de feu ».
Chaque année, en avril, Nguyên Huy Hiêu et ses anciens camarades reviennent à Lai Thiêu pour rendre hommage à má Sáu, une figure emblématique des sacrifices des mères du Sud pour la réunification nationale.
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Chaque mois d’avril, la famille du le colonel colonel général Nguyên Huy Hiêu rend hommage et dépose des offrandes à la tombe de Mẹ Sáu Ngẫu à Lai Thiêu. (Photo fournie par le colonel général Nguyên Huy Hiêu) |
Un héritage pour les générations futures
Selon le colonel général Nguyên Huy Hiêu, la grande victoire du printemps 1975 n'a pas seulement marqué un jalon éclatant dans l'histoire de notre nation au XXe siècle, mais elle demeure aussi une leçon précieuse sur l'importance de renforcer la grande union nationale. Pour atteindre cette victoire décisive, il faut avant tout souligner le rôle de direction du Parti et du Président Hô Chi Minh, qui ont su promouvoir l'esprit de solidarité nationale.
La victoire de la campagne historique de Hô Chi Minh restera à jamais une source d’inspiration spirituelle puissante pour que nous restions déterminés et résolus à suivre la voie que le Parti et notre peuple ont choisie: celle de l’indépendance nationale et du socialisme. Nous devons poursuivre le processus de Renouveau (Doi moi) et mener à bien les deux missions stratégiques de construction et de défense ferme de la Patrie socialiste du Vietnam dans la nouvelle ère révolutionnaire.
Dans ce contexte mondial complexe, le Vietnam doit anticiper tôt et loin, en maintenant l’initiative stratégique dans la construction et la défense de la Patrie. C’est là l’art de la guerre populaire, fondé sur la mobilisation du peuple, et utilisant la stratégie de la guerre de l’intellect et de la puissance combinée dans une période d’intégration mondiale.
C’est pourquoi la jeunesse vietnamienne doit non seulement hériter et valoriser les traditions historiques et culturelles, mais aussi l’esprit de la grande union nationale. La défense de la Patrie ne se limite pas à la guerre, mais doit aussi se préparer en temps de paix, en maîtrisant les sciences et technologies, contribuant ainsi au développement du pays et à son ambition de se hisser parmi les grandes puissances mondiales, comme l’a toujours souhaité le Président Hô Chi Minh.
Surtout, la jeunesse doit imprégner profondément l'éthique du «boire de l'eau, se souvenir de la source», en honorant les sacrifices de nos ancêtres dans les luttes contre la France et les États-Unis, et en poursuivant la tradition de résilience dans la construction et la défense de la nation.