Cependant, pour atteindre l'objectif de zéro émission nette avant 2050, la ville doit rapidement mettre en place des mécanismes et des politiques novateurs et intensifier les investissements dans les infrastructures vertes.
Après sa fusion avec les anciennes provinces de Binh Duong et de Ba Ria-Vung Tau, Hô Chi Minh-Ville est devenue une nouvelle mégalopole, de grande envergure tant sur le plan économique que démographique. Dans ce contexte, la transition verte est une direction inévitable pour assurer un développement harmonieux entre la croissance et la protection de l'environnement.
Un des secteurs prioritaires identifiés est celui des transports, qui est la plus grande source d'émissions de gaz à effet de serre de la ville, représentant environ 45 % du total. La ville met en œuvre une feuille de route pour remplacer les transports publics utilisant des combustibles fossiles par des véhicules à énergie propre.
L'objectif d'Hô Chi Minh-Ville est que d'ici 2030, 100 % des bus de la ville utilisent de l'électricité ou d'autres carburants respectueux de l'environnement. À partir de 2025, toutes les nouvelles lignes de bus devront obligatoirement utiliser des véhicules répondant aux normes d'énergie verte.
Nguyen Vinh Toan, directeur adjoint du Service de la construction d'Hô Chi Minh-Ville, a déclaré que la ville compte actuellement 164 lignes de bus, soit environ 2 342 véhicules. Parmi eux, 613 bus électriques sont en service, soit 26,2 % du total. Si l'on y ajoute les quelque 500 bus au gaz naturel comprimé (GNC), le pourcentage de véhicules propres et respectueux de l'environnement atteint près de 48 %. « Ce résultat est un progrès notable, qui nous rapproche de l'objectif de 100 % de bus à énergie verte d'ici 2030, conformément à la Décision 876/QD-TTg du gouvernement », a souligné M. Toan.
Au-delà des bus, la ville met également en œuvre un projet de conversion d'environ 400 000 motos utilisées par les livreurs et les chauffeurs de VTC en véhicules électriques. Ce projet est mené par l'Institut de recherche et de développement d'Hô Chi Minh-Ville et devrait être mis en œuvre de 2026 à la fin de 2029. Après cette période, la ville cessera de délivrer de nouvelles licences pour les motos à essence et se concentrera sur le soutien à la conversion des véhicules existants.
Parallèlement au secteur des transports, l'industrie de la ville restructure également ses zones franches et ses zones industrielles. La ville vise à convertir 5 zones franches et zones industrielles en modèles de zones écologiques et de haute technologie, qui consomment moins de ressources, sont plus économes en énergie et réduisent les émissions. Le modèle « L'État crée - les entreprises agissent - la communauté répond » est considéré comme un facteur décisif pour la vitesse et l'efficacité de la transition.
Selon Pham Binh An, directeur adjoint de l'Institut de recherche et de développement d'Hô Chi Minh-Ville, la transition verte n'est pas seulement une responsabilité sociale, mais aussi une condition essentielle à la survie des entreprises dans le contexte de l'intégration. Par conséquent, l'État doit offrir un soutien maximal aux entreprises pour qu'elles aient accès aux projets verts, bénéficient de prêts préférentiels, de l'aide à l'émission d'obligations vertes et de la mise en œuvre rapide des politiques conformes à l'esprit des résolutions du Bureau politique, notamment la Résolution n° 68-NQ/TW du 4 mai 2025 sur le développement de l'économie privée et la Résolution n° 57-NQ/TW du 22 décembre 2024 sur la percée dans le développement de la science, de la technologie, de l'innovation et de la transformation numérique nationale.
Cependant, selon le professeur agrégé et docteur Vu Anh Tuan, venu de l'université Vietnam -Allemagne, l'infrastructure reste le principal « goulot d'étranglement » dans le processus de transition, en particulier dans le secteur des transports. Par exemple, Hô Chi Minh-Ville a un projet de conversion de 400 000 motos à essence en véhicules électriques, mais manque encore de conditions de soutien essentielles telles que des bornes de recharge, des normes d'investissement, des politiques de financement et des incitations fiscales pour les équipements importés. Pour résoudre ce problème, la ville doit édicter des normes obligatoires, comme l'installation de bornes de recharge dans les nouveaux immeubles d'habitation, les centres commerciaux et les parkings publics. Elle doit également créer des mécanismes pour encourager les investissements par le biais de partenariats public-privé (PPP). En outre, l'exonération des droits de douane sur les équipements importés, la réduction des loyers fonciers, ou l'autorisation d'utiliser des terrains publics pour construire des stations de recharge sont également des mesures réalisables qui doivent être mises en œuvre rapidement.
Après la fusion, la physionomie d'Hô Chi Minh-Ville a considérablement changé : son produit intérieur brut régional (PIBR) représente 24 % du PIB national, sa population 13,43 %, avec une densité de population 2,5 fois supérieure à celle de la région du Sud-Est. Dans ce contexte, la restructuration du modèle de gouvernance et la redéfinition des piliers prioritaires de la transition verte sont impératives.
Pham Binh An estime que l'énergie est un secteur à privilégier en raison de sa forte contribution aux émissions de gaz à effet de serre. Viennent ensuite les transports et la logistique, qui émettent 3 à 4 millions de tonnes de CO2, soit environ 20 à 25 % des émissions totales de la ville. L'infrastructure urbaine est également un secteur qui nécessite un contrôle strict, avec environ 3 millions de tonnes de déchets de construction par an, ce qui représente 7 à 10 % des émissions.
Hô Chi Minh-Ville est confrontée à une pression croissante due au changement climatique et à la pollution de l'environnement. Par conséquent, en plus des plans et des feuilles de route concrètes, l'adoption de politiques appropriées et rapides est le « levier » qui permettra d'accélérer et d'approfondir le processus de transition verte.
La mise en place de mécanismes financiers préférentiels, l'encouragement des investissements privés, l'amélioration des infrastructures vertes et la sensibilisation du public sont des étapes nécessaires. Plus important encore, la transition verte doit être considérée comme une stratégie fondamentale qui façonnera l'avenir du développement d'Hô Chi Minh-Ville.