Le secteur devrait atteindre 46 milliards de dollars d’exportations, en hausse de 5,6 % sur un an. Bien qu’inférieur à l’objectif initial, ce résultat permet au Vietnam de conserver sa place parmi les trois premiers exportateurs mondiaux et constitue un point d’appui stratégique pour s’adapter aux exigences accrues des principaux marchés.
Vu Duc Giang, président de l’Association du textile et de l’habillement du Vietnam (VITAS), reconnaît un manque à gagner inévitable de près de 2 milliards de dollars, conséquence directe des tensions commerciales sino-américaines et de l’instabilité géopolitique mondiale.
Dans un contexte de consommation atone, les entreprises doivent composer avec des commandes fragmentées et des délais raccourcis, ce qui réduit les marges et fragilise la trésorerie, tout en les contraignant à investir massivement dans la production verte, la traçabilité et la conformité environnementale afin de fidéliser leurs clients.
De son côté, Cao Huu Hieu, directeur général du Groupe national du textile-habillement du Vietnam (Vinatex), souligne la forte dépendance aux importations — 100 % pour le coton et plus de 90 % pour les fibres et les produits chimiques —, qu’il identifie comme un risque structurel majeur face à d’éventuelles barrières douanières américaines visant les matières premières d’origine tierce.
Pour atténuer ces vulnérabilités, le Vietnam accélère la diversification de ses débouchés, notamment vers le Moyen-Orient et l’Afrique. Ces marchés, en particulier ceux des pays musulmans, ont généré un milliard de dollars en 2024 et 700 millions de dollars au cours des sept premiers mois de 2025, traduisant une évolution vers des produits à plus forte valeur technologique.
Parallèlement, près de 30 entreprises, dont les pionniers Song Hong Garment et le groupe Phong Phu, intensifient leurs investissements directs à l’étranger en Indonésie, au Myanmar, au Bangladesh, en Égypte ou en Amérique latine. Ce modèle de « production multi-sites » permet d’optimiser les coûts de main-d’œuvre, de répartir les risques géopolitiques et de bénéficier d’avantages tarifaires.
Tran Nhu Tung, président du conseil d'administration de la compagnie par actions d'investissement dans le textile et le commerce Thanh Cong (TMC) préconise de réduire la dépendance aux États-Unis au profit de l'UE et des marchés des zones de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) et du Partenariat économique régional global (RCEP).
Selon lui, sur le long terme, le secteur de textile-habilement du Vietnam doit mener une restructuration profonde tout en renforçant l'autonomie en matières premières, investissant dans la science et la technologie et le développement de marques propres pour être présentes sur les principaux marchés.