L’année 2023 marque le 20e de signature de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Pourriez-vous parler des réalisations dans le monde après 20 ans de mise en œuvre de cet engagement ?
La Convention existe depuis 20 ans et nous avons maintenant 181 pays de l’UNESCO qui ont ratifié cette convention. C’est un taux remarquable d’adhésion. Ce qui démontre bien que cette convention a un sens pour tout le monde. Je peux dire que les impacts sont énormes.
Il y a 20 ans, il y avait très peu de pays qui avaient des politiques ou programmes pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Mais aujourd’hui, on voit à travers le monde, pratiquement tous les 181 pays ont au moins un programme de reconnaissance du patrimoine culturel immatériel.
Au début de la mise en œuvre de cette Convention 2003, un de ses objectifs est de faire connaitre, de faire savoir ce que c’est l’importance du patrimoine culturel immatériel.
Aujourd’hui, je peux dire que cet objectif a été atteint, parce que les gens maintenant, quand on parle de patrimoine culturel, on ne peut plus parler uniquement des monuments ou des sites, mais on parle aussi forcement du patrimoine culturel immatériel. Donc cela veut dire que de cet aspect, la convention a bien atteint ses objectifs.
On a quand même une convention presque universelle. Presque tous les pays membres de l’UNESCO sont membres de cette convention. Donc c’est un grand succès. Je pense, après 20 ans, il y a beaucoup de changements. Et cela a changé la notion de ce que c’est le patrimoine culturel.
Un spectacle de musique de la cour de Huê, un patrimoine culturel immatériel mondial reconnu par l'UNESCO. Photo : thethaovanhoa.vn
Le Vietnam est un des premiers signataires de cette Convention. Pourriez-vous évaluer les efforts et réalisations de ce pays dans la mise en œuvre de cet engagement de l’UNESCO ?
Le Vietnam joue un rôle très actif dans cette convention. Il a été deux fois membre du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Le Vietnam a une quinzaine d’éléments inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel et il a été le premier pays à faire un transfert de la liste des éléments du sauvegarde urgente vers la liste des représentatifs. Donc le Vietnam joue un rôle très actif au niveau international, dans le cadre de la convention, mais aussi je crois au niveau du pays.
Le Vietnam a intégré plusieurs politiques culturelles nouvelles qui ont reconnu le patrimoine culturel immatériel et je pense aussi à la politique de 2009 (Loi sur le patrimoine culturel complétée et amendée en 2009 - ndlr), ou maintenant au Vietnam, il y a une reconnaissance dans la politique du pays sur le patrimoine culturel immatériel et notamment l’activité dans toutes les régions, avec tous les groupes majoritaires ou minoritaires, etc.
Donc, on voit que le Vietnam est un pays qui s’est engagé très fortement dans ce domaine, avec une richesse qu’on connait tous. Je pense que le Vietnam reconnait fondamentalement le rôle de la culture dans son développement durable, donc il met la culture à un rang très élevé dans sa politique nationale. Ce qui est pour nous un message très important.
D’après vous, qu’est-ce que le Vietnam doit faire pour mener à bien son travail de préservation de ses patrimoines culturels immatériels dans le temps à venir ?
On est toujours en train à apprendre ce que c’est la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, puisqu’une sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, elle se passe par la transmission intergénérationnelle, donc de la transmission d’une génération à l’autre et dans ce sens-là, ce travail n’est jamais fini, il est continu.
Il faut toujours continuer à faire des efforts, il faut toujours continuer à s’adapter. Il faut penser à de nouvel mécanisme, travailler avec les communautés, travailler avec l’éducation, intégrer le savoir dans l’éducation et continuer à travailler avec les jeunes pour que ce soit, parce que ce sont les jeunes qui vont continuer à transférer le savoir dans la future génération.
Il s’agit non seulement de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel, mais de l’utiliser pour atteindre le développement des objectifs du développement durable que ce soit dans l’agriculture, que ce soit dans l’éducation, que ce soit dans réduction de la pauvreté…
Le rôle du patrimoine culturel immatériel est très important. Il faut d’abord le sauvegarder, mais aussi l’intégrer dans les politiques du développement. Ce que je vois, le Vietnam est en train de faire, donc il vous faut continuer dans ce sens-là.
Nous vous remercions !