L'espace culturel des gongs du Tây Nguyên inclut plusieurs éléments: les gongs eux-mêmes, les récitals, les joueurs, les festivals et les lieux où ils sont organisés, etc. L'espace culturel des gongs du Tây Nguyên est présent dans les cinq provinces qui le composent: Kon Tum, Gia Lai, Dak Lak, Dak Nông et Lâm Dông et concerne plusieurs ethnies: Êdé, Bahnar, G'Rai, Ma...
Le village de Mo H’Ra, commune To Tung, district de K’Bang est l’une des localités de la province de Gia Lai qui est parvenue à préserver et à valoriser la culture traditionnelle de l’ethnie Bahnar, et notamment ses gongs. La province de Gia Lai conserve aujourd’hui près de 6.000 de ces instruments, dont un millier l’est par la seule ethnie Bahnar, avec une cinquantaine de pièces d’antiquité.
Selon Pham Thê Dung, président du Comité populaire provincial: "Gia Lai continuera de faire tout son possible pour que la culture des gongs se perpétue auprès de la jeune génération. La province encourage et favorise l'enseignement de cet instrument au sein de la communauté".
Le district de K’Bang promeut constamment les campagnes de communication sur l’importance de la préservation des caractères culturels traditionnels des Bahnar, campagnes qui sont, de fait, de plus en plus suivies par ces derniers. De plus, le district organise chaque année des festivals de gongs dans tous les villages auxquels les habitants participent avec enthousiasme.
K’Bang insiste également sur la transmission de ces traditions aux jeunes générations en créant des groupes de jeunes joueurs de gong. Dinh Trân est l’un de ces artistes capable d’accorder les gongs. Chef de l’orchestre du village, cela fait maintenant cinq ans qu’il se consacre à l’éducation des jeunes. "Je suis vieux et les gens capables d’accorder un gong sont de plus en plus rares. Je souhaite vivement léguer ce métier et cet art aux jeunes. Si l’orchestre a le malheur de sonner faux, c’est toute sa valeur qui s’envole. C’est d’ailleurs l’un des facteurs conduisant à la disparition de la culture des gongs…", explique Dinh Trân. La relève semble pourtant émerger, comme le montre Dinh Lo, 7 ans, adepte de cet instrument depuis deux ans déjà.
La vitalité des gongs de Tây Nguyên
Le 25 novembre 2005, l'espace culturel des gongs du Tây Nguyên a été officiellement reconnu par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en tant que patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Le 2e du genre du Vietnam à avoir été reconnu par cette organisation onusienne, après le nha nhac (musique de cour du Vietnam).
Le son des gongs rythme les danses et fêtes populaires. Photo: Lê Lâm/VNA/CVN
Dans la langue Kinh, le mot công signifie instrument à poignées et le mot chiêng instrument plat. Le diamètre des gongs varie de 20 à 120cm. On peut en jouer séparément, ou en orchestre de 2 à 20 unités.
Les gongs servent à imprimer le rythme mais aussi à jouer de la musique polyphonique. Les ensembles de gongs comprennent habituellement plusieurs séries dont le nombre varie et qui remplissent différentes fonctions lors d'une performance. Les musiciens peuvent utiliser des baguettes, des maillets ou leurs mains. Certaines techniques permettent d'étouffer les sons et de produire des mélodies.
En fonction des groupes ethniques, seuls les hommes, les femmes ou les deux sont habilités à jouer. Par exemple, chez les Mongs, il n’y a que les femmes qui sont autorisées à jouer des gongs sac bua. Tout dépend des tabous qui se rapportent aux coutumes du cong - chieng, lesquels diffèrent d'un groupe à l'autre.
Plusieurs minorités ethniques de Tây Nguyên accordent une grande valeur et signification aux gongs. Un grand nombre de familles possèdent un ensemble ou plus de gongs. Cet instrument fait partie intégrante de leur vie - de la naissance à la mort - et occupe une place importante lors d'événements spéciaux, tristes comme heureux. De façon générale, les gongs sont des instruments sacrés. Ils sont surtout utilisés lors des offrandes, des rituels, des funérailles ou des noces, des célébrations de la nouvelle année, des rituels agricoles et des célébrations de victoires.
Dans la région Truong Son - Tây Nguyên, le son des gongs rythme les danses et fêtes populaires. Ces instruments font partie de la vie spirituelle de plusieurs minorités ethniques du Vietnam, et ce depuis très longtemps.