La croissance reposant en grande partie sur les exportations, le Vietnam a adhéré à 20 accords de libre-échange (ALE), dont 16 sont entrés en vigueur. Ces accords ont d’ores et déjà apporté de nombreuses opportunités et des résultats positifs à l’économie vietnamienne dans son ensemble, ainsi qu’aux entreprises vietnamiennes en particulier. Toutefois, selon plusieurs organisations et experts, les entreprises ne tirent pas encore pleinement parti du potentiel offert par ces accords.
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Au port de Cat Lai, à Ho Chi Minh-Ville. Photo : Baodautu. |
Les défis majeurs à surmonter
Lors des conférences organisées pour évaluer la mise en œuvre des ALE ces derniers temps, les entreprises et les associations sectorielles s’accordent globalement sur cinq facteurs principaux expliquant pourquoi les entreprises n’ont pas encore pleinement exploité le potentiel de ces accords.
Le premier obstacle concerne l’approvisionnement en matières premières. Il s’agit là de la principale difficulté rencontrée par de nombreuses entreprises exportatrices vers les marchés relevant des ALE, qu’il s’agisse d’entreprises agricoles ou industrielles. Les problèmes liés aux matières premières sont variés, allant de la qualité et du coût à la traçabilité de l’origine, autant de facteurs qui compliquent la conformité aux exigences des accords.
La deuxième raison tient au manque d’informations sur les marchés, les clients et à l’instabilité des commandes. Selon un représentant de la KTPC (société de conseil en investissement et en optimisation des ALE), la majorité des entreprises, en particulier les PME, rencontrent encore des difficultés à accéder aux marchés, à rechercher des partenaires et à développer une clientèle à l’international. « Même les grandes entreprises, lorsque le marché devient difficile, comme ce fut le cas en 2023, doivent lutter pour obtenir des commandes afin de maintenir leurs activités », a-t-il indiqué.
Une autre cause fondamentale, et déterminante, réside dans la difficulté pour les entreprises d’accéder au crédit et aux prêts. L'accès aux financements pour l'expansion de la production et les investissements reste un défi majeur, en particulier pour les PME. Selon un sondage mené par la Chambre de commerce et d'industrie du Vietnam (VCCI), 55,6 % des entreprises rencontrent des difficultés pour accéder au crédit. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) estime également qu'environ 70 % des PME au Vietnam ne parviennent pas, ou ont de grandes difficultés, à obtenir des financements nécessaires.
La quatrième raison réside dans les difficultés à répondre aux normes des marchés d’exportation, ce qui empêche les entreprises de pleinement exploiter le potentiel des ALE. La conformité aux normes techniques et aux réglementations des marchés d’importation représente un défi croissant pour les entreprises vietnamiennes. Les grands marchés, tels que l’Union européenne (UE), les États-Unis et le Japon ne se contentent pas d’exiger que les produits respectent des normes de sécurité alimentaire et de quarantaine rigoureuses, mais ils imposent également des critères en matière de développement durable, de réduction des émissions de carbone et d’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement.
Le dernier facteur déterminant est le processus de construction de marque. Actuellement, les entreprises vietnamiennes se concentrent principalement sur la production et ne portent pas suffisamment attention à l’investissement dans une stratégie de développement de marque. Cela diminue la compétitivité des produits vietnamiens sur les marchés internationaux, bien que la qualité des produits ne soit pas inférieure à celle de leurs concurrents.
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Les grands marchés comme l’UE, les États-Unis ou le Japon exigent des normes strictes en sécurité alimentaire, durabilité et environnement. Photo : Tepbac. |
L'orientation stratégique, clé de la réussite
Pour faire face à ces difficulté, selon les experts, les entreprises peuvent adopter une combinaison de solutions diverses. Un représentant de la société KTPC estime que, fondamentalement, la priorité pour les entreprises est de définir une orientation claire ainsi que les marchés et les ALE qu'elles souhaitent exploiter. Une fois cette orientation définie, elles pourront envisager des solutions concrètes pour résoudre chaque obstacle.
« À titre d’exemple, si une entreprise détermine que l'UE est un marché clé, elle doit d'abord comprendre les exigences relatives aux matières premières, car pour l'UE, il ne suffit pas que la qualité et le prix soient compétitifs, il faut aussi pouvoir retracer l'origine des produits, le processus de production, etc. L'entreprise doit également étudier comment trouver des clients dans l'UE, où se situent les sources de financement pour soutenir les exportations vers ce marché, quelles sont les réglementations et les normes des produits exportés, et si elle souhaite développer une marque durable, avec quels partenaires elle doit se connecter », a-t-il expliqué.
Selon les dirigeants d’entreprises, le processus d'exploitation des opportunités offertes par les ALE nécessite beaucoup de dévouement et de ressources de la part des entreprises, et toutes ne disposent pas de la capacité de mettre en place un système de gestion capable de traiter simultanément plusieurs problématiques.
Ainsi, les entreprises demandent davantage de séminaires, de tables rondes ainsi que des programmes de formation et de conseil plus approfondis et pratiques sur la promotion du commerce et les informations sur les marchés. Cela permettrait aux entreprises d’accéder plus facilement aux connaissances nécessaires et d'apprendre rapidement à exploiter les ALE tout en économisant des ressources, du temps et des coûts.