Ainsi, le tourisme devient un véritable levier de croissance économique et de promotion de l’identité des communautés minoritaires.
Enthousiaste et satisfaite, c’est ce que ressent Catherine Salois, une visiteuse canadienne, en sortant d’une séance de fabrication de poterie chez les Mnông Rlam, dans la commune d’Yang Tao, rattachée à la province de Dak Lak. C’est la première fois qu’elle met ses mains à la pâte... d’argile pour mouler un objet, le faire passer dans le four, avant de l’emporter chez elle.
«Je n’ai jamais vu comment les ethnies fabriquent de la poterie, et bien sûr, je n’en ai jamais fait de mes propres mains. C’est une belle expérience. J’ai découvert beaucoup de choses intéressantes. Les femmes ethniques sont très assidues. Pour moi, leur méthode de travail est quelque chose de nouveau et d’original. Elles se déplacent autour du disque rotatif pour concevoir les objets. S’il y a un peu de musique, ça ressemble à une danse», constate-t-elle.
Pratiquée depuis des générations par les M'Nông et les Êdê de Dak Lak, la fabrication de poterie ne subsiste désormais que dans le hameau de Dong Bak, situé dans la commune d’Yang Tao, où une dizaine d’artisans perpétuent cette tradition. Ce métier a été ravivé grâce au tourisme expérientiel, comme l’explique l’artisane H’Phiêt Uông. L’année dernière, son hameau a accueilli plusieurs délégations de touristes désireux d’apprendre l’art de la poterie. Depuis lors, le nombre de jeunes intéressés par ce métier a rapidement augmenté.
«C’est un patrimoine de nos ancêtres. Jadis, on ne faisait que de la vaisselle, des marmites, des paniers vapeur ou encore des jarres à riz. Aujourd’hui, il y a aussi des statuettes animalières, telles que l’éléphant, le buffle, le bœuf, le cochon et bien d’autres. Nous nous adaptons aux goûts des touristes», indique H’Phiêt Uông.
Aujourd’hui, le développement du tourisme va de pair avec la valorisation de la culture. Les autorités ont lancé un programme de préservation des gongs et d’autres traditions culturelles. La vice-présidente du comité populaire de la province de Gia Lai, Nguyên Thi Thanh Lich, précise: «Notre province met en place des mesures spécifiques pour préserver les patrimoines culturels des communautés ethniques. Les ethnies sont les principaux acteurs qui créent des produits touristiques en s’inspirant des patrimoines légués par leurs ancêtres. Cette action permet à la fois de générer du chiffre d’affaires et de préserver leur identité culturelle».
Rassurés, nombreux sont les habitants qui investissent dans la création de produits touristiques culturels. Parmi eux, l’artisan émérite A Biu, du hameau Klêch, dans la province de Kon Tum.
«Pour promouvoir la culture auprès des touristes, j’ai transformé mon petit chez moi en une destination touristique. Lorsque les touristes arrivent, toute ma famille les accueille avec une danse et des chansons aux rythmes des gongs. J’essaie de restituer des collections de gongs. La préservation culturelle n’est pas seulement la mission des autorités. Les habitants et les touristes sont aussi des acteurs importants», partage-t-il.
En dehors des activités expérientielles, les visiteurs peuvent participer à de nombreux événements intéressants, tels que la Journée culturelle, sportive et touristique des ethnies de Kon Tum, la Semaine de la culture et du tourisme de Gia Lai, la Journée culturelle des ethnies de Dak Lak, ou encore le Festival de café de Buôn Ma Thuôt. En 2023, ces manifestations ont permis à chacune de ces trois provinces d’attirer quelque 1,2 million de visiteurs, soit une hausse comprise d’entre 16 et 22% par rapport à 2022.
En effet, réveiller l’identité ethnique permet non seulement de la préserver, mais aussi de créer des produits culturels intéressants et de générer des revenus supplémentaires, suscitant l’attachement durable des habitants à ces activités.