Face à cette situation, les experts et représentants d’organisations internationales appellent à une meilleure coordination intersectorielle, à des investissements majeurs en faveur de la jeunesse et à des politiques centrées sur les victimes.
Le 28 juillet, près de 250 délégués venus de différents organes et organisations opérant dans la prévention et la lutte contre la traite des êtres humains au Vietnam ont participé à un colloque à Hanoï sur le thème : « Unis pour le changement : ne laisser personne de côté dans la lutte contre la traite des êtres humains ».
Coorganisé par le ministère vietnamien de la Police et le bureau de l’organisation internationale pour les migrations (OIM) au Vietnam, l’événement a réuni des représentants d’agences gouvernementales, d’organisations internationales et d’agence des Nations unies, ainsi que des experts en cybercriminalité et de jeunes leaders. Il s’inscrivait dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains (30 juillet).
Des efforts remarquables du Vietnam dans la lutte contre la traite des êtres humains
Lors de sa prise de parole, Mitsue Pembroke, cheffe de mission par intérim de l'OIM au Vietnam, a salué les efforts des autorités vietnamiennes pour promouvoir la migration sûre et la lutte contre la traite des êtres humains.
Le gouvernement vietnamien vient de réviser la Loi de 2024 sur la prévention et la lutte contre la traite des êtres humains. « Il s'agit d'une étape marquante, démontrant l'engagement fort du Vietnam dans la lutte contre ce crime complexe et en constante évolution. La révision de la loi créera une base plus solide pour le règlement des questions de plus en plus complexes liées à la traite des êtres humains, notamment en ce qui concerne les défis socioéconomiques », a déclaré Mitsue Pembroke.
Pour rappel, le 28 novembre 2024, l'Assemblée nationale du Vietnam (XVe législature) a adopté la Loi relative à la prévention et à la lutte contre la traite d’être humains (version amendée).
La loi, composée de 8 chapitres et 63 articles, est entrée en vigueur le 1er juillet 2025. Elle établit un cadre juridique complet concernant la prévention, la détection et le traitement des violations dans ce secteur.
Le texte définit également les procédures de réception, d'identification, de soutien et de protection des victimes avérées ou présumées. En outre, il précise la gestion étatique, les responsabilités des organes, organisations, familles et individus dans la lutte contre ce fléau, ainsi que la coopération internationale en la matière.
Actuellement, la population mondiale compte près de 2,4 milliards de jeunes, soit la génération la plus nombreuse de l'histoire. Parmi les 281 millions de migrants internationaux, environ 11,3 % ont moins de 24 ans. Au Vietnam, plus de 22 millions de jeunes sont âgés de 16 à 30 ans, et beaucoup envisagent de quitter leur village natal pour chercher de meilleures opportunités d’emploi ou d’études.
Mitsue Pembroke a souligné que les jeunes, en particulier ceux qui migrent pour travailler ou étudier, sont de plus en plus vulnérables, mais aussi des acteurs clés du changement.
« La créativité, l’énergie et la maîtrise technologique permettent aux jeunes de développer des solutions innovantes pour lutter contre la traite à l’ère numérique. Investir dans la jeunesse, c’est les encourager à agir pour protéger leurs pairs et exploiter tout leur potentiel afin de construire des communautés plus résilientes », a-t-elle affirmé.
Promouvoir la coopération internationale
Pour sa part, la coordinatrice résidente des Nations unies au Vietnam, Pauline Tamesis, a déclaré : « Le Vietnam se prépare actuellement à accueillir la cérémonie de signature de la Convention de Hanoï, premier traité mondial de lutte contre la cybercriminalité. Cela marquera une étape importante dans la coopération internationale pour lutter contre la criminalité liée aux technologies, notamment la traite des êtres humains ».
« Plus que jamais, nous devons réaffirmer ensemble notre engagement à protéger les victimes, notamment les communautés vulnérables et les enfants, tout en démantelant les réseaux criminels organisés à l’ère numérique », a-t-elle ajouté.
Le Vietnam se prépare actuellement à accueillir la cérémonie de signature de la Convention de Hanoï, premier traité mondial de lutte contre la cybercriminalité. Cela marquera une étape importante dans la coopération internationale pour lutter contre la criminalité liée aux technologies, notamment la traite des êtres humains.
Pauline Tamesis, coordinatrice résidente des Nations unies au Vietnam.
* En marge du colloque, une exposition photographique et interactive intitulée « Repérer les signes — Combattre le crime » a lieu du 28 juillet au 4 août, au Musée des femmes du Vietnam à Hanoï.
Les visiteurs peuvent explorer des témoignages, des images et des données réelles pour mieux comprendre la traite des êtres humains en tant que crime organisé, ou encore acquérir des outils pratiques pour l’identifier, le prévenir et y répondre.
Cet espace d’exposition a pour objectif de sensibiliser le public à la lutte contre la criminalité organisée, ainsi que de fournir aux gens les compétences nécessaires pour se protéger et protéger les autres face aux crimes.
Ces dernières années, les affaires de traite des êtres humains en Asie-Pacifique sont devenues de plus en plus complexes. Depuis la pandémie de Covid-19, l’Asie du Sud-Est a vu proliférer des complexes de fraude organisés, dans lesquels des réseaux criminels transnationaux mènent des activités d’escroquerie en ligne à grande échelle.
D’après le rapport de l’OIM sur la situation de la traite vers ces complexes frauduleux en Asie du Sud-Est, le nombre de cas de victimes de traite ayant reçu une assistance a triplé dans la région, passant de 296 en 2022 à 978 en 2023.
* Le 30 juillet a été désigné par les Nations Unies comme la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains. Il s’agit d’une occasion pour la communauté internationale de faire le point, de renforcer la sensibilisation en son sein et de réaffirmer son engagement à combattre un crime dont les conséquences sont profondes, non seulement pour les victimes, mais aussi pour l’ensemble de la société.
Le thème de cette année est de « La traite des êtres humains est une activité criminelle organisée — Agissons ensemble pour mettre fin à toutes les formes d’exploitation ! ».
Ce message met en lumière le rôle crucial des forces de l’ordre dans le démantèlement des réseaux criminels, tout en insistant sur la nécessité de placer les victimes au centre du dispositif juridique et social : accès à la justice, protection et accompagnement.
