Repositionner l'industrie navale vietnamienne

Pour permettre à l'industrie de construction navale du Vietnam de connaitre un fort essor et de satisfaire 100 % des besoins domestiques et accroître sa part de marché à l'export — il est indispensable de réaliser une percée dans l'adoption des mécanismes et des politiques
Repositionner l'industrie navale vietnamienne

Actuellement, le ministère de la Construction finalise le Projet "Renforcement des capacités des entreprises de construction navale nationales à l’horizon 2030, avec vision 2050", conformément aux directives du gouvernement.

À la demande du vice-Premier ministre Trần Hồng Hà, le ministère doit préciser les fondements politiques, juridiques et les résultats concrets attendus du projet, tout en garantissant que les mesures proposées soient réalisables et disposent de la base légale nécessaire. Ce projet s’inscrit dans la continuité des plans de développement antérieurs et s’aligne sur les stratégies nationales pour l’économie maritime durable et l'industrie.

L'un des objectifs phares est de finaliser, d'ici 2030, le traitement de SBIC, de stabiliser les activités des entreprises navales, d'améliorer leur gouvernance, de renforcer les marques, et d'atteindre la rentabilité et la capacité d'investissement. Le Vietnam ambitionne de capter 0,8 à 0,9 % de la production navale mondiale, en se concentrant sur les vraquiers jusqu’à 70.000 tonnes, les porte-conteneurs, les méthaniers (LPG) et divers navires de service.

Au niveau domestique, l’industrie prévoit de construire une nouvelle flotte de navires avec une capacité d’environ 4 à 5 millions de tonnes. Elle s’efforce d’exporter 30 % des nouveaux navires construits, soit environ 1 million de tonnes. Entre 2030 et 2040, le taux de localisation des produits navals devrait passer de 30 % à 40 %, puis dépasser 50 % entre 2040 et 2050, la production navale domestique représentant 2 % de la production navale mondiale.

Actuellement, le Vietnam est le septième constructeur naval mondial, représentant 0,61 % de la production globale, principalement axé sur les vraquiers et les navires de service. Toutefois, augmenter cette part de 0,2 à 0,3 % constitue un défi immense, le secteur étant confronté à de nombreuses difficultés : lourdes dettes, technologies obsolètes, absence d'industries auxiliaires, faible automatisation et compétitivité limitée.

Nombre d’usines, notamment celles de SBIC, peinent à accéder aux financements bancaires en raison de lourdes dettes. La dépendance à l'importation pour les matériaux et équipements fait grimper les coûts et réduit la compétitivité sur le marché mondial.

Dans un contexte où la demande mondiale pour la construction de nouveaux navires est en forte croissance et où les grands chantiers asiatiques (Chine, République de Corée, Japon) sont saturés, le Vietnam dispose d'une fenêtre d'opportunité, à condition d’améliorer ses technologies, délais, qualité et coûts, notamment sur le segment des navires de taille moyenne (35 000 à 50 000 DWT).

Pour atteindre ces objectifs, le ministère de la Construction propose six groupes de mesures spécifiques, parmi lesquelles la priorité de financement pour permettre aux industries de défense nationale de reprendre les chantiers stratégiques de SBIC (Cam Ranh, Hạ Long, Sông Hồng), garantissant ainsi le maintien des infrastructures clés.

Le projet recommande aussi de ne pas vendre les entreprises navales stratégiques de SBIC à des investisseurs étrangers, afin de préserver les intérêts de sécurité et de défense nationale.

Selon les dirigeants de SBIC, avec des politiques de soutien appropriées, l’industrie navale vietnamienne pourra optimiser l'utilisation des infrastructures, des actifs et des ressources humaines existantes, éviter le gaspillage et renforcer ses capacités pour conquérir de nouveaux marchés dans les 5 à 10 prochaines années.

NDEL