Valoriser le métier de fabrication du chapeau conique de Phu Gia

Au rythme effréné de la vie urbaine, le village artisanal de Phu Gia, spécialisé dans la confection du chapeau conique de Phu Gia, apparaît comme une note paisible préservant les beautés traditionnelles de l’ancien Binh Dinh.

L’Artisan Émérite Do Van Lan brode des motifs décoratifs sur un chapeau conique de Phu Gia. Photo : My Ha.
L’Artisan Émérite Do Van Lan brode des motifs décoratifs sur un chapeau conique de Phu Gia. Photo : My Ha.

Pour les artisans du village de Phu Gia, commune de Xuan An, province de Gia Lai (anciennement commune de Cat Tuong, district de Phu Cat, province de Binh Dinh, au Centre du Vietnam), le fait de pouvoir travailler chaque jour pour préserver, développer et créer ces chapeaux coniques de Phu Gia uniques, un patrimoine culturel immatériel national, est une véritable source de joie.

Située à une trentaine de minutes du centre de Quy Nhon, la commune rurale nouvelle de Xuan An a été créée à partir de la fusion des anciennes communes de Cat Nhon et Cat Tuong et compte environ 33 000 habitants.

Depuis la route nationale 19B, en tournant vers la route provinciale DT 365 entièrement bétonnée, on rejoint les hameaux de la commune de Xuan An dans une atmosphère sereine et pure, typique de ce village artisanal.

Selon Ho Van Tuan, vice-président du Comité populaire de la commune de Xuan An, le chapeau conique de Phu Gia est un produit artisanal traditionnel, unique et ancien de l’ancien Bình Định.

Le 9 avril 2024, le métier de fabrication du chapeau conique de Phu Gia a été reconnu par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme comme le cinquième patrimoine culturel immatériel national de la province, renforçant ainsi les efforts locaux de préservation des valeurs culturelles traditionnelles et des spécificités artisanales du village.

Nous avons rendu visite à la famille de l’Artisan Émérite Do Van Lan, âgé aujourd’hui de 78 ans, représentant de la quatrième génération d’une lignée de cinq générations de fabricants de chapeaux coniques de Phu Gia.

Selon lui, le métier du village remonte à environ 260 ans.

Entre 1955 et 1960, l’artisanat a connu son âge d’or, comptant jusqu’à 300 foyers pratiquant le métier ; aujourd’hui, une centaine d’entre eux perpétuent encore ce métier.

« Le chapeau conique de Phu Gia diffère de celui que portent les gens au marché ou aux champs : il comporte cinq couches superposées, contre une seule pour le chapeau ordinaire, ce qui le rend plus épais, plus lourd et plus solide. Même sans utiliser de produits chimiques, un chapeau fabriqué selon les procédés traditionnels peut durer de 50 à 70 ans », explique-t-il.

À travers les générations, chaque famille conserve une paire de chapeaux coniques de Phu Gia considérés comme les plus beaux, transmis comme objets de famille.

Ainsi, la maison de l’Artisan Émérite Do Van Lan expose encore quatre paires de chapeaux âgés de 120 ans, tandis que le plus « jeune » a déjà 75 ans, légué par sa mère avant son décès.

Ces chapeaux n’ont perdu que leur éclat d’origine, mais restent parfaitement utilisables.

Le chapeau conique de Phu Gia est confectionné à partir de feuilles de palmier « ke mo », de tiges de rotin, de racines d’ananas, de fil de pêche et de fil à broder.

Il faut entre trois et cinq jours pour en fabriquer un, voire près d’un mois pour les modèles les plus complexes.

Le processus de fabrication comprend treize étapes : tressage de l’armature, insertion des montants verticaux, ligature, fabrication de l’anneau, fixation du sommet, broderie des motifs, découpe des feuilles, fixation en spirale, pose des feuilles, couture, lissage, ajustement de la bordure et finitions avec décorations de coquillages.

Parmi ces étapes, les principales, fabrication de l’armature, tressage et couture du chapeau, sont confiées à certains hameaux.

Le hameau de Phu Gia est responsable de la couture finale.

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Des femmes du village artisanal de chapeaux coniques de Phu Gia sont en train de broder les chapeaux. Photo : TNO.

Tout commence par la découpe et le polissage des baguettes de rotin pour former l’armature, puis leur tressage. Vient ensuite la pose des feuilles de palmier sur la structure avant la couture finale.

Le village produit deux types de chapeaux : le modèle simple, dont le sommet est nu avec un pompon multicolore, se vend entre 40 000 et 50 000 dongs ; et le modèle traditionnel, plus élaboré, coûte de 300 000 à 500 000 dongs, voire davantage selon la taille et les motifs.

Les modèles les plus raffinés sont ornés d’un cache-sommet en argent ou en écaille de tortue finement ciselé.

Les cordons du chapeau sont faits de rubans de soie rouge ou bleue, avec un petit pompon sous le menton. Ces chapeaux coniques de Phu Gia séduisent particulièrement les touristes par leur beauté et leur durabilité.

Selon les anciens récits, autrefois, les hauts dignitaires, les mandarins et les membres de la cour, y compris les princesses, portaient des chapeaux coniques de Phu Gia coiffés de caches en argent.

Les motifs variaient selon le rang : dragons, qilins, tortues ou phénix pour les hauts fonctionnaires, accompagnés d’inscriptions de bon augure telles que « bonheur comme la mer de l’Est » ou « longévité comme la montagne du Sud ».

Les princesses arboraient des motifs plus délicats, pruniers, orchidées, chrysanthèmes ou bambous, sans les figures animales réservées aux hommes.

La famille de M. Lan possède aujourd’hui une collection de 18 caches de sommet, dont huit anciens et dix modèles contemporains conçus récemment.

Chaque cache est fixé au chapeau par une petite vis et pèse moins de 100 grammes.

Ces pièces, aujourd’hui en bronze, se vendent environ 2,5 millions de dôngs chacune.

« Chaque jour, je cherche à créer un modèle différent, unique, qui ne ressemble pas à ceux de mes ancêtres. Mes produits sont des pièces uniques, fruits d’une réflexion constante », confie-t-il.

L’année 2025 s’annonce particulièrement heureuse pour Do Van Lan : en mai dernier, il a reçu du Président de la République le titre d’Artisan Émérite, et il venait tout juste de participer au Congrès provincial d’émulation patriotique de Gia Lai pour la période 2020-2025.

Ces distinctions témoignent de la reconnaissance du Parti, de l’État et de la province pour ses contributions à la préservation et à la valorisation du métier traditionnel de fabrication du chapeau conique de Phu Gia.

Selon Nguyen Thi Kim Chung, directrice adjointe du Service provincial de la Culture, des Sports et du Tourisme de Gia Lai :

« Ces dernières années, dans le cadre du projet pilote de développement du tourisme dans les villages artisanaux traditionnels de l’ancien Binh Dinh jusqu’en 2025, l’ancien Service du Tourisme a organisé des formations pratiques destinées aux familles et habitants souhaitant développer le tourisme autour du métier de fabrication du chapeau conique de Phu Gia.

Des panneaux d’orientation touristique et des brochures ont également été réalisés pour promouvoir le village.

Dans le contexte de la transition numérique, notre service s’efforce de relier les activités artisanales aux circuits touristiques afin de valoriser le patrimoine culturel et d’accroître les revenus des habitants.

Nous mettons actuellement en place des QR codes pour présenter et vendre en ligne les produits artisanaux, contribuant ainsi à élargir les débouchés et à promouvoir un tourisme durable », a-t-elle précisé.

Chaque jour, M. Lan, son épouse Nguyen Thi Tam et leurs collaborateurs continuent de travailler avec passion pour entretenir la « flamme » du métier. Cependant, avec le développement moderne de la société, les traditions risquent de tomber dans l’oubli. Cette perspective préoccupe profondément le couple, qui craint que le village artisanal de Phu Gia ne disparaisse un jour.

« À 78 ans, je suis heureux que notre métier ait été reconnu comme patrimoine culturel immatériel national. J’espère que la province de Gia Lai nous aidera financièrement à former dix jeunes déjà initiés à l’art de la fabrication.

Je les formerai personnellement pour qu’ils puissent un jour reprendre le flambeau, perfectionner cet artisanat et en faire une source de revenus pour la région, au service des touristes vietnamiens et étrangers. Parmi eux, quatre ou cinq pourront devenir des artisans hautement qualifiés, car cet art exige une extrême minutie : sans précision, il est impossible de réussir », confie l’Artisan Émérite Do Van Lan.

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