La cybercriminalité ne provoque pas seulement des pertes économiques, mais elle menace également la sécurité et la défense nationales ainsi que la stabilité politico-sociale.
C’est pourquoi une convention mondiale revêt la signification d’un mécanisme de protection collective, établissant des principes permettant aux nations de coexister pacifiquement et de se développer ensemble dans l’espace numérique.
Le Vietnam est prêt à accueillir la cérémonie d’ouverture de la signature de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la cybercriminalité, prévue les 25 et 26 octobre prochains à Hanoï.
Auparavant, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté la Convention le 24 décembre 2024. Ce texte est considéré comme une étape marquante visant à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité.
Le président du Vietnam, Luong Cuong, présidera la cérémonie, en présence du secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), António Guterres, ainsi que de nombreux dirigeants de haut niveau des pays, des organisations régionales et internationales.
Dans le cadre de cette cérémonie, plusieurs sessions de discussion et tables rondes sur le thème « Lutter contre la cybercriminalité – Partager la responsabilité – Construire l’avenir » se tiendront.
La « Convention de Hanoï », composée de 9 chapitres et 71 articles, est le fruit de près de cinq années de négociations entre les États membres, visant à bâtir un cadre juridique multilatéral et global pour lutter contre la criminalité dans le cyberespace.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la cybercriminalité, appelée brièvement « Convention de Hanoï », constitue le premier cadre juridique à l’échelle mondiale. Elle répond à l’impératif urgent de coopération internationale afin de promouvoir l’État de droit dans le cyberespace, tout en offrant aux forces compétentes la capacité de réagir plus rapidement face aux menaces visant individus, entreprises et gouvernements. Cela prend un sens particulier alors que la cybercriminalité devient de plus en plus complexe, tant au niveau national qu’international.
L’ONU prévoit que la cybercriminalité pourrait causer à l’économie mondiale environ 10 500 milliards de dollars de pertes en 2025, un chiffre supérieur au PIB de la plupart des principales puissances économiques. Cela illustre l’ampleur, la complexité et l’impact redoutable de ce phénomène criminel.
Sur le plan international, la cybercriminalité revêt souvent un caractère transnational. Les cyberattaques, les escroqueries en ligne, les attaques par rançongiciel (ransomware) et l’espionnage numérique ne connaissent pas de frontières. Des pirates informatiques peuvent agir depuis un pays tout en causant des dommages à de nombreux autres.
Tout récemment, au Vietnam, l’attaque contre le Centre national d’information de crédit (CIC) a révélé l’implication de groupes de pirates opérant au-delà des frontières. Sans un instrument juridique international unifié, le traçage, l’extradition et la coopération en matière d’enquêtes s’avèrent extrêmement difficiles.
S’agissant des lacunes juridiques et des disparités en matière de capacités de cybersécurité, on constate que certains pays, comme ceux de l’UE, les États-Unis ou la Chine disposent de lois nationales strictes, tandis que de nombreux autres accusent un déficit ou une absence de réglementation cohérente.
L’élaboration d’une convention internationale commune permettra de créer un cadre juridique partagé, de réduire ces écarts, de limiter le risque que les pirates exploitent les failles légales et les possibilités d’échapper à l’extradition, et de faciliter l’échange d’informations d’enquête.
Dans le contexte actuel de la cybercriminalité au Vietnam, que permettra concrètement la « Convention de Hanoï » ?
Selon le docteur Le Quang Minh, vice-directeur de l’Institut de technologie de l’information de l’Université nationale de Hanoï, la Convention apportera plusieurs bénéfices :
Premièrement, harmoniser le droit national avec les normes internationales. Le Vietnam dispose déjà de la Loi sur la sécurité de l’information (2015), de la Loi sur la cybersécurité (2018), ainsi que de la Loi sur la protection des données personnelles (2025).
Toutefois, les instruments de coopération internationale demeurent insuffisants. L’adhésion à la Convention permettra d’unifier le cadre juridique et de faciliter la coordination dans les enquêtes et le traitement des affaires transfrontalières.
Deuxièmement, soutenir l’enquête et la répression de la cybercriminalité transfrontalière. Le Vietnam figure parmi les pays fortement touchés par les escroqueries en ligne, les attaques par rançongiciel et l’espionnage cybernétique transnational.
Chaque année, les pertes causées par la cybercriminalité sont estimées à 800 millions de dollars. La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la cybercriminalité offrira des mécanismes pour l’échange de données électroniques et de preuves numériques, l’extradition des criminels, ainsi que l’accès à une assistance technologique et à des ressources d’autres pays avancés dans ce domaine.
La participation à cette Convention renforcera également les capacités de cybersécurité nationale du Vietnam.
Grâce à la coopération internationale, le pays pourra accéder à des technologies d’enquête numérique de pointe, développer des programmes de formation de personnel spécialisé, améliorer la protection des infrastructures critiques dans les secteurs de l’énergie, de la banque et du gouvernement électronique ; participer à des exercices de lutte contre la cybercriminalité et les cyberattaques avec des forces de défense d’autres pays ; partager des renseignements, des techniques d’enquête et des compétences de réponse aux incidents, autant de choses qu’un pays isolé aurait du mal à réaliser efficacement.
Cela contribuera aussi à affirmer la position et la responsabilité internationales du Vietnam, par un engagement fort en faveur de la sécurité du cyberespace, de la protection des intérêts nationaux et de la contribution à la cybersécurité mondiale.
Il s’agit d’une étape conforme à la stratégie nationale de transformation numérique, visant à bâtir un environnement numérique et un cyberespace sûrs, stables et propices au développement.