Plus de 60 délégués venus du Nord, du Centre et du Sud, ainsi que des représentants de l’étranger, des partis politiques et des associations religieuses et ethniques, y ont participé.
La maison communale de Tan Trao, dans l’ancien district de Son Duong, province de Tuyen Quang, où s’est tenu, le 16 août 1945, le Congrès national convoqué par le Viet Minh. Y furent adoptés les « Dix grandes politiques du Viet Minh », « l’Ordre d’insurrection générale », ainsi que le règlement sur le drapeau national et l’hymne national ; y fut également créé le Comité de libération nationale du Vietnam, c’est-à-dire le Gouvernement provisoire présidé par le camarade Ho Chi Minh.
Devant les délégués du peuple, le Parti affirma la ligne directrice consistant à diriger les masses populaires dans l’insurrection pour arracher le pouvoir des mains des fascistes japonais et de leurs collaborateurs, avant l’arrivée des troupes alliées en Indochine.
Le Congrès approuva avec enthousiasme et soutint pleinement la politique de l’Insurrection générale du Parti, et adopta les dix grandes politiques du Front Viet Minh.
1.Conquérir le pouvoir et fonder une République démocratique du Vietnam sur la base d’une indépendance totale.
2.Armer le peuple et développer l’Armée de libération du Vietnam.
3.Confisquer les biens des envahisseurs étrangers et des traîtres nationaux, pour les intégrer au trésor public ou les redistribuer aux pauvres selon les cas.
4.Abolir tous les impôts instaurés par les Français et les Japonais ; établir un système fiscal équitable et léger.
5. Proclamer les droits du peuple :
6.Droits de l’homme.
7.Droits de propriété.
8.Droits civiques : suffrage universel, libertés démocratiques (liberté de croyance, de pensée, d’expression, de réunion, de circulation), égalité entre les peuples et égalité entre hommes et femmes.
9.Répartir équitablement les terres communales, réduire les fermages et les intérêts usuraires, accorder des délais pour les dettes, secourir les sinistrés.
10.Promulguer une loi du travail : journée de huit heures, fixation d’un salaire minimum, mise en place d’une assurance sociale.

Le Congrès décida de créer le Comité de libération nationale du Vietnam, avec le camarade Ho Chi Minh comme président, le camarade Tran Huy Lieu comme vice-président, et les membres suivants : Nguyen Luong Bang, Dang Xuan Khu, Vo Nguyen Giap, Pham Van Dong, Duong Duc Hien, Chu Van Tan, Nguyan Van Xuan, Cu Huy Can, Nguyen Dinh Thi, Le Van Hien, Nguyen Chi Thanh, Pham Ngoc Thach et Nguyen Hu Dang.
Le comité permanent comprenait cinq camarades : Ho Chi Minh, Tran Huy Lieu, Pham Van Dong, Nguyen Luong Bang et Duong Duc Hien.
Le Comité de libération nationale reçut pour mission de représenter la nation dans ses relations avec l’étranger et de diriger toutes les affaires intérieures.
Dans le même temps, le Comité de libération nationale du Vietnam lança un appel à l’ensemble du peuple et aux organisations du Front de salut national.
Cet appel annonçait la naissance du Comité, répondant à l’attente de tout le peuple quant à « un gouvernement national jouissant de la légitimité et de la force nécessaires ».
Il regroupait les représentants les plus dignes des organisations de salut national et devenait l’organe dirigeant suprême de la nation, capable d’agir à la hauteur des rapides bouleversements de la situation.
L’appel affirmait : « Il représentera le peuple vietnamien et, fort du soutien de la nation, obtiendra l’appui des pays alliés démocratiques... ».
Il exhortait le peuple : « Le grand jour décisif de notre nation est arrivé. Levons-nous, tirons nos épées, armons nos fusils pour décider de notre propre destin. Nous sommes résolus à vaincre, et nous vaincrons. »
Dans l’effervescence révolutionnaire qui embrasait tout le pays, parallèlement à la lettre adressée au peuple par le camarade Ho Chi Minh, l’appel du Comité de libération nationale insuffla une force nouvelle et incita les masses du Nord, du Centre et du Sud à se soulever pour l’insurrection générale et la prise du pouvoir.
Peu après, le camarade Vo Nguyen Giap, membre du Comité de libération nationale, à la tête d’une unité de l’Armée de libération, partit de Tan Trao (district de Son Duong, province de Tuyen Quang) et marcha vers la libération de la ville de Thai Nguyen.
À Hanoï, le matin du 16 août, au 101 rue Gambetta (aujourd’hui rue Tran Hung Dao), le camarade Nguyen Khang, membre permanent du Comité régional, convoqua au nom de celui-ci une réunion avec le Comité municipal pour transmettre la résolution concernant la création du Comité militaire révolutionnaire de Hanoï (c’est-à-dire le Comité d’insurrection). La réunion adopta à l’unanimité la nécessité d’accélérer l’insurrection à Hanoï.
Les participants soulignèrent l’importance de mieux cerner l’attitude des Japonais et de leurs collaborateurs.
Dans l’immédiat, il fallait intensifier les activités politiques afin de mobiliser largement les masses et de renforcer la préparation armée.
Le Comité militaire révolutionnaire de Hanoï fut constitué de cinq camarades : Nguyen Khang, membre permanent du Comité régional ; Nguyen Huy Khoi (alias Tran Quang Huy), cadre du Comité régional ; Le Trong Nghia, cadre du Comité régional ; Nguyen Quyet, secrétaire du Comité municipal ; et Nguyen Duy Than, membre du Comité municipal.
Dès la nuit tombée, les théâtres Hiep Thanh, Quang Lac, To Nhu ainsi que les cinémas Eden et Majestic accueillirent des meetings organisés par les brigades de propagande du Viet Minh.
Le drapeau rouge à étoile d’or apparut dans les rues de Hanoï.

À Quang Ngai, au cours de la nuit, les forces insurrectionnelles prirent d’assaut la résidence du gouverneur provincial et les bureaux administratifs, arrêtèrent le gouverneur, saisirent tous les documents et armes.
L’ensemble de l’appareil de l’administration fantoche provinciale fut démantelé. Un bataillon japonais stationné dans la ville resta inactif.
Quang Ngai fut l’une des premières provinces à reprendre le pouvoir lors de la Révolution d’août 1945.
Dans le Sud, le 16 août au soir, le Comité régional convoqua une conférence élargie à Cho Dem (province de Cho Lon) pour débattre de l’insurrection.
La majorité des délégués estima que les conditions étaient mûres et qu’un retard ferait manquer l’occasion historique.
Certains camarades s’y opposèrent, craignant que les Japonais, obéissant aux Alliés, ne répriment violemment le mouvement...
Après un débat franc et dans un esprit de prudence, la conférence décida d’accélérer les préparatifs de l’insurrection, prête à agir dès la réception d’un signal de Hanoï.
Dès que l’insurrection éclaterait dans la capitale, le Comité régional devait se réunir à nouveau pour fixer la date du soulèvement à Saïgon et nommer un Comité administratif provisoire pour le Sud.
À la suite de cette conférence, les préparatifs de l’insurrection furent menés tambour battant à Saïgon.
Les effectifs des équipes de « Syndicats d’avant-garde » et de « Jeunesse de l’Avant-garde » furent renforcés. Les unités d’autodéfense reçurent davantage d’armes.