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Le général Chu Huy Mân, commandant de la région militaire 5 (quatrième à partir de la gauche, portant des lunettes), dirige les offensives en direction de la ville de Dà Nang. Photo : VNA |
Le matin du 27 mars 1975, le général Vo Nguyên Giap a confié à Lê Trong Tân, commandant du front de Quang Dà, la mission de libérer Dà Nang. Il a ensuite contacté Chu Huy Mân, alors à Quang Ngai, ainsi que Vo Chi Công, pour leur annoncer la décision du Bureau politique de créer le front de Quang Dà et d’y établir un commandement militaire. L’ordre est clair : concentrer rapidement les forces principales sur la Route nationale 1 et lancer une offensive fulgurante, audacieuse et décisive en direction de Dà Nang.
Le même jour, le Haut commandement ordonne au corps d’armée 2 et à la région militaire 5 d’agir avec une urgence absolue à Dà Nang. « Il faut prendre des mesures exceptionnelles, avancer rapidement vers la ville, ignorer les objectifs secondaires et lancer une attaque directe, rapide et audacieuse, en mobilisant les forces pouvant être déployées le plus tôt possible ».
Chargé d’ouvrir la voie à une offensive sur Dà Nang, le 27 mars 1975, le régiment 18 de la division 325 a lancé une attaque contre la ligne de défense provisoire de l’armée sud-vietnamienne au col de Phu Gia, tandis que le régiment d’artillerie 84, récemment descendu des montagnes, a immédiatement utilisé les canons capturés à Phu Lôc et Phuoc Tuong pour appuyer l’offensive.
Les forces sud-vietnamiennes ont lancé des contre-attaques acharnées. Depuis l’aéroport de Dà Nang, leur aviation a multiplié les sorties, tandis que l’artillerie stationnée à Lang Cô et Hai Vân bombarde intensément les positions vietnamiennes pour couvrir l’infanterie en position de défense désespérée.
Portées par une détermination sans faille, les troupes révolutionnaires ont franchi rapidement le col de Phu Gia et libéré Son Hai.
À 20h, après de violents combats, le régiment 18 a pris le contrôle de Lang Cô et préparé l’attaque du col de Hai Vân, dernière barrière avant Dà Nang. La nuit du 27 mars, l’artillerie vietnamienne s’est positionnée avec quatre canons de 130 mm pour bombarder les lignes ennemies, tandis que le corps d’armée 2 a installé 14 pièces d’artillerie supplémentaires au col de Mui Trâu et à Lang Cô, dont six canons de 130 mm. Au sud, le commandement de la région militaire 5 a déployé deux compagnies d’artillerie (quatre canons) à Khanh Son, prêtes à appuyer l’offensive.
Le 27 mars 1975, les forces ennemies plongeaient dans le chaos. Plus de 2 000 soldats du centre de formation de Hoa Câm se sont mutinés et ont déserté leurs unités, tandis que les trois brigades de la division des Marines ont abandonné leurs positions. Constatant l’effondrement de ses troupes, le général Ngô Quang Truong, commandant du corps d’armée 1 et de la région militaire 1, s’est enfui vers la péninsule de Son Trà, avant d’être évacué sur un navire américain en haute mer.
Sur le front de Quang Nam, le 27 mars à 10h, le bataillon 72 a coupé la retraite ennemie à Phu Phong, tandis que le bataillon 70 a pris le contrôle de Môc Bài et s’est dirigé vers le pont de Huong An. La route nationale 1 est coupée, forçant les forces ennemies à utiliser leur artillerie et leur aviation pour tenter d’ouvrir une voie d’évasion.
À 17 heures, le 27 mars 1975, les forces sud-vietnamiennes stationnées à Hà Lam et Nui Quê ont abandonné leurs positions et tenté de battre en retraite vers Dà Nang. Mais face à une contre-offensive déterminée des troupes révolutionnaires, elles étaient contraintes de laisser derrière elles véhicules et équipements. En désespoir de cause, elles ont contourné la route nationale 1, traversé rizières et champs avant de franchir la rivière Bà Ren en direction de Duy Xuyên.
Sur le front du Tây Nguyên (Hauts plateaux du Centre), la division 7 a pris le district de Da Huoai, attaqué le poste de Madagui et éliminé les défenses ennemies situées entre Madagui et Da Huoai. Fortes de l’appui des blindés et de l’artillerie, les troupes vietnamiennes ont avancé à grande vitesse, détruisant successivement les positions fortifiées de Kim Hung, Dam M’Rê et du col de Ba Cô. Après avoir franchi le col de Bao Lôc, elles ont rapidement progressé en direction de la ville de Bao Lôc.
Le même jour, en application de la décision n°54/QD-QP du ministère de la Défense, le général Van Tiên Dung a annoncé depuis le quartier général de la campagne du Tây Nguyên à Thuân Mân la création du corps d’armée 3, placé sous la direction directe de la Commission centrale militaire.
À partir du 27 mars 1975, le commandement militaire de la région Sud a élaboré un plan stratégique pour la libération de Sài Gon, qu’il a soumis au Comité central et au Bureau politique.
La première phase consiste à isoler stratégiquement Sài Gon en coupant les principaux axes logistiques, notamment la route nationale 4, la route 15 et la rivière Long Tàu, tout en menant une offensive pour s’emparer de Xuân Lôc et affaiblir Biên Hoa. Ces attaques seront simultanément accompagnées de raids ciblés sur les infrastructures clés, notamment les bases logistiques, les aéroports et les dépôts de munitions, afin de déstabiliser l’arrière-garde du régime fantoche.
Dans un second temps, l’offensive générale sera déclenchée. La principale force d’assaut, composée des unités de la région B2, sera renforcée par deux divisions supplémentaires et un corps d’armée envoyé par le commandement central. Cinq axes d’attaque simultanés convergeront vers Sài Gon, combinant offensives militaires, opérations de commandos et insurrections populaires. L’objectif ultime est de mener une attaque totale, coordonnée entre forces extérieures et soulèvements internes, pour libérer définitivement Sài Gon.