De Dông Hô à l'UNESCO : un voyage pour la sauvegarde d'un trésor culturel

L'art traditionnel des estampes de Dông Hô a entrepris un long voyage, quittant son village natal de la province de Bac Ninh pour atteindre le siège de l'UNESCO à Paris, en France. Cette initiative visait à présenter au public international l'exceptionnel savoir-faire vietnamien en matière de xylographie, mais aussi à promouvoir son inscription sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
"La famille des cochons" est l'une des œuvres les plus connues des estampes populaires de Dông Hô. Photo : VOV.
"La famille des cochons" est l'une des œuvres les plus connues des estampes populaires de Dông Hô. Photo : VOV.

Nous avons rencontré l'artisan Nguyên Dang Tâm lorsqu’il finalisait les derniers préparatifs pour l'exposition du 7 avril au siège de l'UNESCO à Paris. Tout en encadrant minutieusement chaque estampe, il exprimait son enthousiasme à l'idée de présenter cet art unique aux visiteurs.

"Premièrement, nous exposons les estampes de Dông Hô. Ensuite, nous démontrons l'art de l'impression et expliquons les techniques de peinture, y compris les couleurs, les matériaux et bien d'autres aspects", a-t-il précisé.

À Paris, l'exposition aura permis au public de découvrir un riche héritage culturel transmis de génération en génération. Chaque estampe, soigneusement sélectionnée, constituait un témoignage visuel vivant de la diversité et de la profondeur de la vie spirituelle des campagnes vietnamiennes. Après Paris, l'exposition s’est poursuivie en Allemagne le 9 avril.

"Je pense que cela permettra aux membres de l'UNESCO de découvrir la beauté et la valeur des estampes de Dông Hô. Ceux qui préservent cet art n'aspirent qu'à sa reconnaissance en tant que patrimoine mondial", a déclaré Nguyên Dang Tâm.

Les estampes de Dông Hô sont fabriquées sur du papier "do", qui est fait de l’écorce interne d’un arbre local et recouvert d'une couche de coquilles d'huîtres broyées. Les couleurs proviennent exclusivement de pigments naturels: blanc issu des coquilles, bleu extrait de l'indigotier, rouge obtenu à partir de roches de montagne... Chaque teinte requiert une planche de gravure distincte, un travail artisanal complexe et patient, comme l’indique Nguyên Thi Oanh, une artisane chevronnée du village de Dông Hô.

"Les estampes de Dông Hô se distinguent par deux aspects uniques: leur fabrication entièrement artisanale et l'utilisation exclusive de pigments naturels. Chaque image illustre la vie quotidienne avec des thèmes variés: vœux de bonheur, histoire, spiritualité, satire sociale... Autrefois, elles étaient achetées pour décorer les maisons à l'occasion du Nouvel An. Aujourd'hui, elles sont prisées toute l'année par les visiteurs", se réjouit-elle.

Malheureusement, seules trois familles de deux lignées poursuivent encore cet artisanat dans le village de Dông Hô. La transmission aux jeunes générations devient difficile, et les matériaux essentiels, comme le bois de Diospyros decandra pour les planches de gravure ou la coquille d'huître pour les pigments, se raréfient. Nguyên Huu Qua fait partie de ces derniers grands maîtres.

"Face à ces défis, il est impératif de protéger cet héritage. L'inscription des estampes de Dông Hô sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente par l'UNESCO serait une reconnaissance cruciale. Nous, les artisans, avons contribué à l'élaboration du dossier avec des bases scientifiques solides", a-t-il souligné.

En attendant cette reconnaissance officielle, les artisans de Dông Hô, dont Nguyên Huu Hoa, poursuivent sans relâche leurs efforts pour faire vivre et promouvoir cet art.

"Si l'UNESCO inscrivait les estampes de Dông Hô sur la liste du patrimoine immatériel, cela renforcerait leur préservation et leur valorisation. Cela inciterait également les autorités à adopter des politiques de soutien. Depuis des années, nous nous efforçons de sauvegarder et de transmettre cette richesse culturelle de notre région", a-t-il dit.

Dông Hô poursuit donc son chemin vers une reconnaissance mondiale, dans l'espoir de raviver l'effervescence artistique du village, et de faire rayonner à jamais la lumière de ses estampes «aux couleurs du peuple».