Les principaux marchés importateurs demeurent la Chine, les États-Unis, la République de Corée et le Japon, autant de destinations stratégiques offrant encore un large potentiel de croissance pour les mois à venir.
Une dynamique portée par la diversification et la transformation
Selon Nguyen Thanh Binh, président de l’Association vietnamienne des fruits et légumes (VinaFruit), les entreprises du secteur ont intensifié leurs investissements dans les technologies agricoles de pointe, la traçabilité et le respect des normes sanitaires internationales.
Ces efforts ont permis d’élargir la présence des produits vietnamiens sur de nouveaux marchés. Le durian reste le produit phare, avec une valeur d’exportation atteignant 1,94 milliard de dollars au troisième trimestre 2025, en hausse de 30,3 % sur un an.
Sur les neuf premiers mois de l’année, malgré une légère baisse de 1,7 %, les exportations de durians ont encore généré 2,76 milliards de dollars. D’autres fruits, fruit du dragon, banane, mangue, jacquier et noix de coco, ont enregistré une croissance solide. Le litchi, notamment, a connu une envolée spectaculaire de 312 %, atteignant 73 millions de dollars sur la même période.
Le segment des produits transformés s’impose également comme un moteur de croissance : au troisième trimestre, il a représenté 16,6 % de la valeur totale des exportations de fruits et légumes, soit 507 millions de dollars, en hausse de 47,4 % sur un an. Ces produits sont principalement destinés à la Chine, aux États-Unis, à la République de Corée, aux Pays-Bas et au Japon.
De nouvelles ouvertures sur les marchés étrangers
Les derniers mois de l’année devraient être marqués par une forte demande pour le durian, le fruit du dragon et le pamplemousse, stimulée par les fêtes de fin d’année dans de nombreux pays.
D’après le Département de la culture et de la protection des végétaux (ministère de l’Agriculture et de l’Environnement), le Vietnam dispose désormais de 24 laboratoires agréés par les douanes chinoises, capables de traiter environ 3 200 échantillons par jour, garantissant ainsi la fluidité des exportations à travers les principaux postes frontaliers.
Le pamplemousse vietnamien vient par ailleurs de devenir le sixième fruit autorisé à l’exportation vers l’Australie, après le fruit du dragon, le litchi, le longane, la mangue et la grenadille.
Selon Nguyen Phong Phu, directeur technique du groupe Vina T&T, les importateurs australiens manifestent un vif intérêt pour ce produit, d’autant plus qu’il souffre d’une faible concurrence locale. Grâce à des pratiques agricoles respectueuses des normes phytosanitaires et à une traçabilité rigoureuse, le pamplemousse figure aujourd’hui parmi les dix fruits les plus exportés du Vietnam.
Consolider les positions sur les grands marchés
Pour atteindre l’objectif ambitieux de 8 milliards de dollars d’exportations, les entreprises vietnamiennes concentrent leurs efforts sur les marchés clés que sont la Chine, les États-Unis, le Japon et l’Allemagne.
Selon les données des douanes chinoises, la Chine a importé pour 20,3 milliards de dollars de fruits et légumes durant les neuf premiers mois de 2025, soit une hausse de 5,8 %. Les exportations vietnamiennes représentent désormais 20 % de ce volume, contre 17,9 % il y a un an.
D’après Dang Phuc Nguyen, secrétaire général de VinaFruit, la proximité géographique du Vietnam constitue un atout majeur, permettant d’offrir des produits plus frais et plus compétitifs que ceux de nombreux concurrents. Cependant, il souligne que les entreprises vietnamiennes doivent se conformer strictement aux exigences chinoises en matière de quarantaine, de traçabilité et d’emballage, et suivre de près les évolutions réglementaires.
Ngo Xuan Nam, directeur adjoint du Bureau national d’information sur les normes sanitaires et phytosanitaires, rappelle que la Chine mettra en œuvre, à compter du 1er juin 2026, le Décret 280, qui remplacera le Décret 248 sur l’enregistrement des entreprises étrangères exportant des produits alimentaires vers le pays. Les exportateurs vietnamiens sont donc invités à anticiper les ajustements nécessaires pour maintenir leurs activités.
Aux États-Unis, le potentiel de croissance reste considérable, mais les coûts logistiques élevés pénalisent encore la compétitivité des fruits frais vietnamiens face à ceux du Mexique, du Canada, du Chili ou du Pérou. Dans ce contexte, le développement des produits transformés, plus stables, plus faciles à transporter et mieux adaptés aux attentes des consommateurs américains, apparaît comme une voie stratégique pour consolider la présence vietnamienne sur ce marché exigeant.
Un moteur de croissance pour l’agriculture vietnamienne
Porté par une offre diversifiée, une qualité en constante amélioration et une adaptation continue aux exigences internationales, le secteur vietnamien des fruits et légumes s’impose comme l’un des piliers de l’agro-industrie nationale.
Si la dynamique actuelle se maintient, l’année 2025 pourrait bien marquer un record historique pour les exportations agricoles du Vietnam, confirmant la place croissante du pays sur la carte mondiale des produits tropicaux.