Efforts pour rehausser la valeur du sel vietnamien

Le sel est un produit essentiel, une matière première indispensable pour de nombreux secteurs industriels et médicaux. Pourtant, ces dernières années, les superficies et la production de sel sont en net recul, ce qui appelle des politiques d’ajustement adaptées.

anh-man-hinh-2025-12-13-luc-221730-17665494920621285661982.jpg
Un saunier récolte le sel dans un marais salant. Photo : Baoxaydung.

Préserver et développer le métier du sel

Ayant grandi dans le bassin salin de Quynh Phu (commune de Quynh Phu, province de Nghe An), Bui Xuan Dien, directeur de la coopérative Thang Loi, raconte qu’après sa démobilisation en 1987, il est rentré dans sa terre natale pour poursuivre le métier du sel.

Cependant, durant de nombreuses années, la saliculture traditionnelle a été menacée de disparition. Le sel industriel à bas prix a envahi le marché, aggravé par la situation récurrente de « bonne récolte, mais chute des prix », ce qui a fortement déprécié la valeur du sel artisanal.

Préoccupé par l’abandon progressif des marais salants et par le risque de voir disparaître un métier vieux de plus de 400 ans, M. Dien a participé à la création de la coopérative Thang Loi afin de préserver et de développer cette activité. Outre les produits traditionnels, la coopérative a lancé un nouveau produit : le sel hame (sel cuit).

Selon M. Dien, le sel cuit est élaboré à partir de sel marin naturel, chauffé longuement à haute température dans des jarres en terre cuite hermétiquement fermées. Ce procédé rend le sel plus fin, plus doux, moins agressif et moins âpre, avec une saveur légèrement sucrée qui rehausse naturellement le goût des plats.

Bien que récemment mis sur le marché, le sel cuit a rapidement séduit les consommateurs, contribuant ainsi à l’augmentation des revenus des sauniers. Alors que le sel brut ne se vend qu’entre 10 000 et 15 000 dongs le kilogramme, le sel cuit atteint 65 000 dongs le kilogramme.

Risque de disparition du métier traditionnel

Mme Le Thi Chien, 59 ans, habitante du hameau de Tan Thang (commune de Quynh Phu), indique posséder 1 000 m² de marais salants. Cette année, en raison des fortes pluies, sa production de sel par évaporation n’a atteint qu’environ 5 tonnes, contre une moyenne annuelle de 9 tonnes.

Toutefois, grâce à son travail de transformation du sel cuit au sein de la coopérative Thang Loi, elle gagne chaque mois un revenu supplémentaire de 6 à 7 millions de dongs. Par ailleurs, le sel brut qu’elle produit est intégralement racheté par la coopérative à un prix supérieur à celui du marché, ce qui lui évite le stockage prolongé et les pressions des intermédiaires comme auparavant.

À côté de ces initiatives exemplaires, nombreux sont ceux qui abandonnent le métier, plaçant la filière salicole face à de nouveaux défis.

M. Dien souligne que les jeunes quittent progressivement les terres natales pour travailler à l’étranger ou comme ouvriers dans les zones industrielles, laissant les marais salants aux personnes âgées. La crainte de voir disparaître le métier traditionnel demeure omniprésente.

Selon les données du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, les superficies consacrées à la production de sel diminuent progressivement. La filière salicole suscite peu d’intérêt de la part des collectivités locales en raison de sa faible rentabilité économique et de sa contribution limitée à la croissance. Les superficies prévues par la planification foncière pour la saliculture ont ainsi chuté de 14 500 hectares à 8 500 hectares, soit une baisse de 40 %.

Les infrastructures des marais salants sont gravement dégradées et manquent depuis longtemps d’investissements. La production de sel s’est développée de manière spontanée, sans structures d’appui suffisantes telles que des associations ou des coopératives. Les revenus modestes et la pénibilité du travail poussent de nombreux sauniers à se reconvertir.

Par ailleurs, les valeurs nutritionnelles, culturelles et historiques du sel marin et du sel artisanal restent insuffisamment mises en lumière. La gestion du sel importé demeure complexe, tandis que son faible prix, combiné aux effets du changement climatique, pèse lourdement sur la production nationale.

Pour le développement de la filière du sel

Selon le Département de l’économie coopérative et du développement rural, l’État a adopté plusieurs politiques visant à restaurer et développer la filière salicole, avec pour objectif de bâtir une industrie moderne du sel. Ces politiques encouragent la diversification des modes de production afin d’améliorer la productivité et la qualité, de diversifier les produits et de réduire progressivement les importations.

Selon les objectifs fixés, les superficies salicoles devraient atteindre 12 156 hectares en 2025, puis 8 500 hectares en 2030, dont 3 200 hectares à l’échelle industrielle. La production annuelle viserait environ 1,5 million de tonnes, avec une diversification des produits, la mise en place de chaînes de valeur intégrées reliant production et consommation, le renforcement des associations et coopératives, ainsi que le développement de marques associées aux valeurs culturelles et historiques du sel.

Afin d’atteindre ces objectifs, le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement a mis en œuvre le Projet de développement de la filière salicole pour la période 2021-2030, en concentrant les efforts sur les provinces disposant de conditions favorables et en renforçant l’efficacité des coopératives et groupements existants.

Parallèlement, des modèles de production et de transformation du sel sont développés, notamment une unité de transformation pour les coopératives de la province de Ben Tre, d’une capacité de 20 tonnes par heure, la création de zones de production de sel de haute technologie et l’appel à l’investissement pour l’usine de transformation de sel de haute qualité Tuyet Diem, avec une production annuelle de 10 000 tonnes.

Le ministère recommande également la modification et le complément du décret n°09/2016 relatif à l’enrichissement des aliments en micronutriments. L’utilisation du sel iodé dans la transformation peut en effet altérer la qualité des produits, affecter les activités des entreprises agroalimentaires et nuire à la santé des consommateurs.

Back to top