Doté d’un patrimoine historique et culturel remarquable, le district de Gia Vien, dans la province de Ninh Binh, s’impose comme un modèle de développement touristique durable en s’appuyant sur ses ressources locales uniques. Depuis plusieurs années, les autorités locales y mettent en œuvre une stratégie ambitieuse : valoriser les atouts naturels, culturels et médicinaux pour faire du tourisme un levier économique majeur.
Un territoire riche en potentiel touristique
Dans ce coin paisible du delta du Fleuve Rouge, le visiteur découvre un patrimoine insoupçonné. Le site de Co Vien évoque les premières années du roi Dinh Tien Hoang, figure fondatrice de l’histoire vietnamienne. Non loin, le temple du Saint Nguyen, dédié au moine Nguyen Minh Khong (médecin renommé et conseiller royal sous la dynastie des Ly), invite à la méditation. La Réserve de Van Long, enfin, déploie ses étendues d’eau paisibles où les langurs à tête blanche vivent encore en liberté — un trésor biologique rare, reconnu par la Convention Ramsar.
Fidèle à la stratégie touristique de Ninh Binh, Gia Vien s’inscrit dans une dynamique de tourisme vert. Le district mise sur une valorisation douce de ses paysages et de son patrimoine culturel, sans dénaturer l’authenticité du lieu. Routes, hébergements et services s’améliorent, mais toujours à taille humaine. Des clubs de tourisme communautaire naissent dans les villages, où les habitants partagent leurs savoirs et leurs histoires. Cette initiative vise à retenir les visiteurs, enrichir l’identité locale et susciter un écho positif auprès de la population.
Médecine traditionnelle : une ressource touristique nouvelle

En lien avec les traditions ancestrales, Gia Vien développe un projet ambitieux autour des plantes médicinales. Inspiré par les savoirs du Saint Nguyen et les recherches botaniques locales, un réseau de coopératives produit aujourd’hui des centaines d’espèces utilisées dans des produits cosmétiques naturels.
« Ce modèle protège notre héritage tout en dynamisant l’économie locale », explique Vu Van Chu, président de l’Association de médecine traditionnelle de Gia Vien.
Selon lui, grâce à la communication active des autorités, les habitants comprenons mieux les bénéfices « doubles » du modèle combinant tourisme et patrimoine culturel. Forts de leurs savoirs ancestraux, ils contribuent activement à ce projet, qui préserve le métier traditionnel tout en dynamisant le tourisme local.
Le modèle s’est rapidement développé. Des zones de production ont vu le jour sous forme de coopératives. Hua Thi Hang, membre de la coopérative Sinh Duoc (commune de Gia Sinh), partage : « Grâce à l’appui des autorités et au soutien technique des services agricoles, nous cultivons plus de 7 hectares de plantes médicinales (cúc tần, tía tô, kim ngân, ngải cứu, sài đất…). Ces plantes sont utilisées pour fabriquer des savons, sels de bain ou shampoings, qui sont très prisés sur le marché. Nous collaborons également avec d’autres provinces pour promouvoir et élargir notre distribution. »
Séduite par ces produits, Lucie Erbenova, touriste française, confie en avoir acheté pour ses proches, et envisage même leur commercialisation en France, saluant leur caractère entièrement biologique.
Tourisme communautaire à Vân Long
La Réserve naturelle humide de Van Long, classée site Ramsar depuis 2018, détient deux records nationaux : la plus grande population de langurs à tête blanche et la plus vaste fresque naturelle du Vietnam. Tirant parti de ces atouts, la Coopérative de services écotouristiques de Van Long développe un modèle de tourisme durable, qui attire progressivement visiteurs vietnamiens et étrangers. En complément de l’agriculture traditionnelle, les habitants participent à l’accueil des touristes et à la découverte de l’écosystème, améliorant ainsi leurs revenus tout en préservant la culture locale.

Tran Xuan Quang, directeur de la coopérative écotouristique locale, insiste : « Ce que nous construisons, c’est un tourisme respectueux, enraciné dans notre quotidien et tourné vers l’avenir. »
Un modèle qui inspire
Les politiques et la détermination de Gia Vien ont porté leurs fruits. Selon Pham Van Tam, président du Comité populaire, en cinq ans, le district a vu ses recettes touristiques bondir à plus de 5 438 milliards de dôngs, soit plus de 1 000 milliards par an. Mais au-delà des chiffres, c’est l’adhésion collective qui impressionne : autorités, habitants, artisans et agriculteurs unissent leurs efforts pour faire du tourisme un moteur de développement durable, tout en préservant l’histoire, la culture et les patrimoines locaux.