Expansion des parts de marché
Depuis l’entrée en vigueur de l’EVFTA le 1er août 2020, l’industrie de la chaussure est considérée comme l’une des plus grandes bénéficiaires de cet accord, l’UE s’engageant à supprimer 100 % des droits de douane sur les produits de chaussures vietnamiens, avec une période maximale de transition de 7 ans.
Selon l’Association vietnamienne du cuir, de la chaussure et des sacs à main (Lefaso), l’industrie a tiré parti des avantages des différents accords de libre-échange (FTA), y compris l’EVFTA, pour stimuler les exportations.
D’après les statistiques de la Douane vietnamienne, au cours des 7 premiers mois de 2024, les exportations du secteur de la chaussure ont atteint 15,2 milliards de dollars, dont 12,8 milliards pour les chaussures, soit une hausse de 10,1 %, et 2,35 milliards pour les sacs à main, soit une augmentation de 7,9 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Concernant les marchés, les exportations vers les pays de l’EVFTA ont augmenté de 23,8 %, celles vers les pays du CPTPP de 13,9 %, et vers l’ASEAN de 2,4 %.
Mme Phan Thi Thanh Xuan, secrétaire générale de l’Association vietnamienne du cuir et de la chaussure, a précisé que le Vietnam est actuellement le troisième producteur mondial de chaussures (après la Chine et l’Inde) et le deuxième exportateur mondial, avec près de 24 milliards de dollars d’exportations en 2023, visant un objectif de 26 à 27 milliards de dollars en 2024.
Concernant les opportunités offertes par l’EVFTA, Xuân a indiqué que, contrairement au secteur du textile, qui fait face à des difficultés avec les règles d’origine, les exigences de l’UE dans le cadre de l’EVFTA sont plus simples pour l’industrie de la chaussure. L’accord permet en effet aux entreprises vietnamiennes d’utiliser des matières premières importées pour la production, à condition que les étapes de lavage, couture, assemblage et emballage soient effectuées au Vietnam.
De plus, depuis l’entrée en vigueur de l’EVFTA, des investisseurs étrangers ont investi dans la production de matières premières pour bénéficier des avantages tarifaires liés aux règles d’origine, permettant au Vietnam d’améliorer son approvisionnement local et d’augmenter la part de produits fabriqués localement.
Des études montrent que la production locale de matières premières pourrait permettre aux entreprises de réduire leurs coûts de production de 10 à 15 %, tout en répondant aux exigences des règles d’origine, optimisant ainsi les opportunités offertes par l’EVFTA.
Réagir rapidement aux changements du marché
Malgré ces bonnes nouvelles, les entreprises du secteur de la chaussure continuent de faire face à des défis, notamment en raison des évolutions du marché.
Le marché de l’UE, l’un des plus grands avec environ 6 milliards de dollars d’importations de chaussures en provenance du Vietnam, impose de nouvelles réglementations concernant les produits écologiques, la responsabilité élargie des producteurs, la traçabilité des chaînes d’approvisionnement, et la réduction des émissions de carbone. Les pays nordiques préparent également l’introduction de l’écolabel nordique « Cygne nordique » pour les produits textiles et les chaussures.
Mme Nguyen Thi Hoang Thuy, conseillère commerciale de l’ambassade du Vietnam en Suède, a souligné que les produits textiles et les chaussures vietnamiens ont connu une forte croissance des exportations vers l’UE ces derniers temps, grâce aux avantages tarifaires de l’EVFTA.
De plus, depuis l’entrée en vigueur de l’EVFTA, des investisseurs étrangers ont investi dans la production de matières premières pour bénéficier des avantages tarifaires liés aux règles d’origine, permettant au Vietnam d’améliorer son approvisionnement local et d’augmenter la part de produits fabriqués localement.
Cependant, elle a conseillé aux entreprises de se préparer aux évolutions du marché, notamment en se conformant aux exigences des écolabels, appliqués dans des pays comme l’Islande, la Norvège, la Suède, le Danemark et la Finlande.
Selon Mme Thuy, les consommateurs nordiques accordent une grande importance à la protection de l’environnement et à la responsabilité sociale des entreprises lors de l’achat de produits. Par ailleurs, l’UE impose des réglementations strictes sur les produits chimiques et la sécurité des produits, tandis que le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) est en cours de mise en place pour les importations, touchant également l’industrie de la chaussure, réputée pour ses émissions importantes lors de la production.
Mme Phan Thi Thanh Xuan a souligné l’importance du respect des normes environnementales et de durabilité, tout en notant que cela imposerait des coûts supplémentaires pour les entreprises, qui devront améliorer leurs technologies et systèmes de gestion afin de rester compétitives.
Concernant le CBAM, elle a également rappelé que l’UE représentait un marché clé pour le Vietnam, avec des exportations annuelles d’environ 6 milliards d’euros. Il est donc essentiel pour les entreprises de se préparer en comprenant en profondeur les réglementations et en investissant dans les ressources humaines et technologiques nécessaires pour répondre aux nouvelles exigences du marché.