Depuis plusieurs décennies, les dépenses mondiales en R&D progressaient de manière continue. Or, en 2024, leur croissance a été la plus faible depuis 2010, tandis que le capital-risque a reculé pour la troisième année consécutive.
Cette conjoncture traduit un essoufflement des flux financiers, mais non de la créativité scientifique et technologique. Des percées continuent d’émerger qu’il s’agisse de supercalculateurs « verts », d’intelligence artificielle, de batteries plus performantes, d’Internet à très haut débit ou encore de thérapies innovantes contre le cancer.
Dans ce paysage contrasté, la Suisse conserve la première place du classement, suivie de la Suède, des États-Unis, de la République de Corée et de Singapour. La Chine, pour la première fois, s’installe dans le top 10. Derrière, plusieurs économies émergentes, comme l’Inde, la Turquie, le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie ou le Maroc, affichent une progression régulière.
Pour le Vietnam, le maintien de la 44e place n’est pas synonyme d’immobilisme. Le pays a amélioré son rang en matière d’« intrants de l’innovation », c’est-à-dire les ressources investies dans le processus, passant de la 53e place en 2023 à la 50e en 2025. Il demeure la deuxième économie la mieux classée parmi les pays à revenu intermédiaire inférieur, derrière l’Inde (38e), et occupe la troisième position au sein de l’ASEAN, derrière Singapour et la Malaisie, mais devant la Thaïlande.
L’OMPI relève que le Vietnam fait partie des neuf pays à revenu intermédiaire ayant le plus progressé depuis 2013, et qu’il figure, avec l’Inde, parmi les rares nations qui, depuis quinze ans, obtiennent des performances d’innovation supérieures à leur niveau de développement. Pour la première fois, le pays prend même la tête mondiale de l’indicateur « exportations de biens créatifs », confirmant sa place croissante dans la chaîne de valeur technologique.
Mais ces résultats positifs s’accompagnent de fragilités. L’OMPI souligne que les institutions vietnamiennes souffrent encore d’un déficit en qualité réglementaire, classée 95e, et en efficacité de mise en œuvre, 67e.
L’éducation constitue une autre faiblesse : la part des dépenses publiques recule de dix places, au 116e rang, le ratio élèves/professeur au secondaire est désormais 107e et l’attractivité internationale reste limitée, le pays ne figurant qu’au 108e rang pour l’accueil d’étudiants étrangers.
Les infrastructures numériques, bien qu’en légère progression, accusent des reculs dans l’accès et l’utilisation des TIC. De même, les indicateurs environnementaux enregistrent une baisse significative, notamment la part des énergies à faible émission de carbone, qui perd douze places.
Les résultats en matière de recherche et de production scientifique se dégradent également : le Vietnam occupe désormais le 105e rang pour les publications scientifiques et techniques, en recul de huit places. Le pays reste mal positionné pour les services liés aux TIC, se classant presque en queue de peloton pour les importations (133e sur 139).

Du côté des financements, l’investissement en capital-risque ne progresse pas et entraîne une baisse générale de douze places de l’indicateur « investissement », à la 62e place. Enfin, certains secteurs créatifs restent en retrait, notamment les exportations de services culturels, qui reculent de quatorze places, et la production cinématographique nationale, désormais 87e.
L’Indice mondial de l’innovation est devenu un outil de référence pour de nombreux gouvernements, qui l’utilisent pour piloter leurs politiques scientifiques et technologiques. Au Vietnam, les autorités s’en servent depuis plusieurs années comme instrument de gestion publique. Le ministère de la Science et de la Technologie assure la coordination nationale des efforts visant à améliorer la position du pays. Entre 2016 et 2025, le Vietnam est ainsi passé du 59e au 44e rang, traduisant une progression régulière qui confirme la volonté de faire de l’innovation un moteur central de sa croissance et de son développement.