La création artistique, trait d’union culturel entre le Vietnam et la France

L’Institut français de Hanoï, en collaboration avec les Éditions Kim Dong, a organisé le 27 mai la cérémonie de remise des prix du premier Concours de création de bandes dessinées (2024).
Le premier prix est décerné à Tran Khac Khoan pour son œuvre « Bai van ve trung vit lon » (Ma mère vend des baluts). Photo : Baoquocte.
Le premier prix est décerné à Tran Khac Khoan pour son œuvre « Bai van ve trung vit lon » (Ma mère vend des baluts). Photo : Baoquocte.

L’événement s’inscrit dans le cadre du projet « La bande dessinée au Vietnam et au Cambodge : mobiliser l’expertise et l’expérience françaises », d’un budget total de 135 000 euros, coorganisé par l’Institut français du Vietnam et les Éditions Kim Dong.

Dans son discours d’ouverture, Bui Tuan Nghia, directeur des Éditions Kim Dong, a souligné que la cérémonie de remise des prix se tenait dans un contexte particulier, marqué par la visite d’État au Vietnam du président français Emmanuel Macron et de son épouse, sur invitation du président vietnamien Luong Cuong. Il s’agit d’un événement de grande importance dans les relations franco-vietnamiennes, d’autant plus que les deux pays ont officiellement élevé leurs relations au niveau de partenariat stratégique intégral en octobre 2024.

Selon Bui Tuan Nghia, ce projet de coopération a pour ambition de promouvoir une vision dans laquelle la création artistique, en particulier la bande dessinée, devient un pont culturel entre les artistes, les lecteurs, la jeunesse vietnamienne et la communauté créative française.

Le directeur des Éditions Kim Dong, Bui Tuan Nghia s'exprime lors de l'événement. Photo : Baoquocte.
Le directeur des Éditions Kim Dong, Bui Tuan Nghia s'exprime lors de l'événement. Photo : Baoquocte.

Il a également insisté sur la coopération de longue date entre les Éditions Kim Dong et l’Institut français du Vietnam, une relation qui n’a cessé de se consolider au fil des années. L’année 2024 a constitué une étape majeure, marquée par l’organisation conjointe, pour la première fois, d’un concours de création de bandes dessinées. Cette initiative a ouvert un espace d’expression inédit permettant aux jeunes auteurs vietnamiens de révéler leur talent et de cultiver leur ambition artistique.

Le directeur des Éditions Kim Dong a affirmé l’engagement de poursuivre une coopération étroite avec l’Institut français, en vue d’élargir davantage les activités culturelles conjointes. Cet engagement vise à encourager une jeunesse vietnamienne créative et à plus long terme, à faire des industries culturelles et créatives un levier de développement durable au Vietnam.

Soulignant le rôle central de la culture dans le partenariat entre le Vietnam et la France, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, a exprimé son souhait de renforcer davantage les échanges culturels et la promotion de la culture française au Vietnam, tout en favorisant la présence de la culture vietnamienne dans ce magnifique pays d’Europe centrale.

Cette cérémonie de remise des prix constitue également une occasion de célébrer la coopération culturelle entre les deux pays dans le secteur de l’édition, en particulier dans le domaine de la bande dessinée, un genre littéraire particulièrement apprécié du public français.

La ministre française de la Culture, Rachida Dati. Photo : Baoquocte.
La ministre française de la Culture, Rachida Dati. Photo : Baoquocte.

La ministre Rachida Dati a souligné que la force de la bande dessinée réside dans sa capacité à toucher un large public, constituant une forme de culture populaire adaptée à toutes les générations. Elle a ajouté que le neuvième art est souvent la première porte d’entrée qui rapproche le public de la culture et des arts.

Selon Mme Dati, au cours des trois dernières années, l’Institut français a soutenu de nombreux projets visant à promouvoir la diffusion des ouvrages français au Vietnam. Pour les années 2024 et 2025, l’accent est mis sur le secteur de la bande dessinée, avec pour objectif de développer cette industrie au Vietnam en mobilisant l’expertise et le savoir-faire français.

À cette occasion, les Éditions Kim Dong ont également lancé deux volumes intitulés « Bai van ve trung vit lon » (Ma mère vend des baluts) et « But chi đo, Lockdown xu nguoi & Tiem thue truyen » (Crayon rouge, Confinement à l’étranger & Boutique de location de bandes dessinées). Il s’agit d’une anthologie des œuvres primées lors du premier concours de création de bandes dessinées (2024).

L’œuvre lauréate du premier prix, « Bai van ve trung vit lon », raconte l’histoire d’un garçon qui écrit un texte décrivant le travail de sa mère vendant des baluts. Cette histoire simple a touché le cœur d’un illustrateur, faisant renaître en lui des souvenirs de son père.

Le livre est imprimé en bilingue vietnamien français avec une présentation originale en double sens inversé. Selon l’illustrateur Ta Huy Long, membre du jury, l’œuvre se distingue par une « maîtrise professionnelle du récit, un traitement thématique pertinent et un rythme narratif équilibré ».

L’auteur Tran Khac Khoan propose une histoire proche de la vie quotidienne contemporaine, qui connecte les jeunes lecteurs tout en permettant aux adultes de se reconnaître en elle.

Quelques images extraites de l’œuvre « Bai van ve trung vit lon ». Photo : Baoquocte.

Quelques images extraites de l’œuvre « Bai van ve trung vit lon ». Photo : Baoquocte.

Dans un entretien accordé au journal The gioi et Vietnam, l’auteur Tran Khac Khoan a déclaré avoir choisi l’histoire autour du balut dans l’espoir de transmettre un message sur la diversité culturelle.

« Le balut est un plat ordinaire au Vietnam, mais, pour de nombreux étrangers, il peut susciter de la peur ou du dégoût. La véritable question ne réside pourtant pas dans la nature du plat, mais dans ce qu’il révèle : lorsque notre identité culturelle diffère de celle du reste du monde, avons-nous le courage de l’assumer pleinement ? Et ceux issus d’autres horizons culturels sont-ils prêts à apprendre à respecter cette différence avec justesse ? », a souligné Tran Khac Khoan.

Par ailleurs, « But chi đo », « Lockdown xu nguoi » et « Tiem thue truyen » présentent trois récits portés par trois auteurs aux styles bien distincts.

Le premier invite le lecteur à une aventure dans un monde merveilleux rendu possible grâce au pouvoir d’un crayon rouge, empreint d’éléments culturels profondément vietnamiens. Le deuxième offre un témoignage sur la période difficile du Covid-19 vécue à l’étranger, une expérience marquante qui pousse à la maturité. Le troisième évoque avec tendresse le souvenir d’une vieille boutique de location de bandes dessinées nichée dans un marché de quartier - une image familière, chargée de nostalgie, pour toute une génération de lecteurs vietnamiens des années 1980 et 1990.

Ces œuvres, variées tant dans leurs sujets que dans leurs styles, illustrent la créativité foisonnante et l’enthousiasme sincère des auteurs de tous âges. Elles incarnent une nouvelle dynamique prometteuse pour le développement de la bande dessinée au Vietnam.

Dans la continuité du succès rencontré, la deuxième édition du Concours de création de bandes dessinées (2025) est actuellement ouverte aux candidatures jusqu’à la fin du mois de juin.

Cet événement constitue non seulement une occasion pour les auteurs et illustrateurs de faire valoir leur talent, mais aussi une contribution précieuse à la construction d’une communauté créative autour de la bande dessinée et au développement de ce genre artistique au Vietnam.